De mémoire de flèche,
on n’avait jamais transpercé cela.
Et je dois bien en convenir, c’était heureux.
On ne sait pas ce qui était le plus pénible :
la mollesse de la chair meurtrie
ou l’enfer des organes qui se combinaient
mystérieusement comme des acteurs dans un film
né pour se détruire sans spectateur.
Moi, je sifflais à cette heure.
Je pourrais bien le dire : ma vie
a principalement été une découpe abstraite
dans un air qui a le mérite essentiel
de supporter l’humanité. Je traçais
une ligne invisible, très nue, dont l’indécence
ne blessera personne (contrairement à moi).
Comme un avion au ciel qui vous promet
que là-haut, dans le ciel, des voyages existent
quand ici, c’est la blessure qui dicte la posture
que dessine ton corps arc-bouté.
J’insiste : on n’a jamais vu ça, et toi ?
Tu comprendrais ce corps roulant au sol
qui n’a jamais eu d’yeux de mémoire d’arc ?