J’ai grandi dans un feuilleton télévisé sériel à souhait. Paraît même que je pratiquais la masturbation à distance alors que rien de tangible ne me séparait de la réalité retransmise par les réseaux hertziens. Je buvais trop de Loca Loca. Et je voyais le Monde Futur comme si je l’avais poussé moi-même dans les cordes du Ring où je combattais contre le père. J’sais pas pourquoi j’vous parle de ce temps alors que je suis sur le point de rencontrer enfin quelque chose de vraiment définitif, pas soignable par-dessus le marché, un truc comme j’en ai toujours rêvé pour épater les autres et les précéder dans la maîtrise du Saut. J’ai jamais eu l’âge qu’on me donne, un peu comme si ma ruse existentielle consistait à déplacer le temps des conversations dans le champ des possibilités de commentaire. Je commente avant ou après et personne n’est là pour souffrir de ma lucidité. Je suis une espèce de pythie, mais sans le corps reptilien, à l’opposé de toute imagination cinématographique. Je procède par images contondantes, certes, mais je suis toujours innocent. Voilà pourquoi selon mon évangile un parachute est un trou dans un tuyau et non pas un tuyau dans un trou.