La trame de la nuit, ses nombreuses figures
et le rêve presque figé dans le givre du réel
enserraient l’arbre qui ne hurlait pas, dehors.
Les échos de la pluie, indivise malgré tout
le temps qui avait mal passé,
résonnaient à même l’herbe, sans porter de jugement.
Le bassin, l’eau stagnante, refusant toute mémoire,
émettait comme un poste de radio des pleurs verticaux.
L’œil de verre du givre en expansion,
ne cherchait pas à voir non plus
ce que le temps a suspendu
au bénéfice de ta mauvaise mémoire.
Mais quelque chose de toi retournait vaguement
à ces allées percées, aux plaques de métal,
à la végétation bestiale de cet environnement de rêve
rendu au cauchemar. Et tu chantais sans voix
une doctrine sans parole, purement mémorielle,
qui aurait pu te mettre à nu devant tes morts.
Tu étais seul. Le festin saccagé expirait.
Tu éprouvais peut-être une certaine satisfaction à voir s’éteindre
le gaz dessous la marmite grouillante de fantasmes grotesques
et cruels. Il y a des orties là-bas.
Des pissenlits aussi. Demain, demain - tout sera recouvert.
Tu t’es assis à même l’herbe. Le sol n’offrait aucun repos.
Tu ne pouvais rien arrêter, tu le savais. Ta vague chanson
serait de plus en plus muette mais terreuse
aussi et moins encore... Elle serait moins encore.
Le givre n’allait pas te recouvrir pourtant.
Pauvre chaleur morbide. Passé les jugements
de la température. Tu retiendrais les changements
de la lumière. Tu connais l’extinction, la lourde.
Tu la berces. Tu ne veux pas la décevoir.
Allonge-toi sur les ferrailles.