aux arbres la raison d’être
et à nous le bonheur
ô ma petite amie d’un jour
à l’orée de la première heure
passée à compter les jours
sans paraître trop ennuyeux
as-tu pensé aux confitures
non tu ne penses jamais à rien
si je ne pense pas à ta place
mets du bonheur où ça te chante
et laisse aux arbres leur existence
ô ma petite chose des heures passées
comme nous avons changé
et comme les arbres sont inutiles
comme leurs fruits sont privés
du bonheur que nous avons connu
as-tu pensé que j’aimais
mieux les confitures
que ta chair
ô
toi
à nous l’eau qui passe
et à eux les voyages
nous qui ne bougeons pas
nous avons tout le temps
pensé non mais trouvé
dans l’armoire aux confitures
on s’ennuie à mourir
et les araignées ne vivent plus
que pour mourir
ô petite traînée de mon étoile
sois bonne comme ce que je suis
et ne perds pas ton temps
à donner du plaisir
à ce qui n’existe plus
nous avions les arbres et le bonheur
et ils passaient pour voyager
et se nourrir de leurs voyages
nous n’attendions rien
ni de la nuit ni de sa possibilité
au large de nos angoisses
nageait nos voiles toutes dehors