Puis, dans la nuit, un incendie survient.
Tu ne sais pas où sont les flammes
ni ce qui a pris feu, pourquoi
aucune fumée ne se dégage.
Tu ne sais pas si ton esprit est à l’abri
des flammes, de leurs cerceaux
et de leurs flèches crépitantes.
Mais tu sais qu’il y a une nuit
incendiaire dehors. Et tu estimes peut-être
que l’air l’a aidé à détruire
ce que le jour ne pouvait supporter : comme une conscience
se frotte aux murs électrifiés de ses propres limites.
Heureusement qu’il y a le café
qui tourne maladivement dans une casserole
quand on y pense.
Nuit incendie. Tu vois ce qui échappe aux contingents de flammes
qui sont de jeunes soldats inexpérimentés
dans l’environnement hostile de ton sommeil.
Mais la ville ignore tout de l’offensive terrestre. Qui
pourrait croire cette nuit incendie qui occulte le ciel
et consume toute conscience sans fumée
ni cendre ? Peu importe. Tu te tiens mal debout.
Tu inspectes ton corps carbonisé.
Le réfrigérateur a un hoquet. Il tremble.
Le chemin n’est pas le sol, crois-moi. Les pleurs, hier,
ont pu te laisser croire à un passage (le couloir).
Mais l’asphyxie précède la combustion. C’est scientifique.
Comme un poème déchiqueté mais expérimental, réel
comme une croix noire dessinée sur un sol noir, signifiant mal
nuit incendie - quand le ciel est sans voix.
Va au charbon.