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Quantique des étoiles
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 Article publié le 22 mars 2015.

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A la grisaille du concept un temps célébrée, puis pointée du doigt, tu adjoins, gris sur gris, la fatigue du métier, poussant jusqu’à ses dernières conséquences l’inconséquence qui fut la tienne de t’y choisir une place qui te revenait selon tes mérites, mais jamais ne te convint, convaincu que tu es, maintenant, main tendue vers un ailleurs ici, que les tâches encore à accomplir, inconnues de toi, demeurent à portée de voix, quoi qu’en disent les donneurs de leçons de tous bords.

La langue, ici, qui t’habite, est ta demeure, une parmi tant d’autres qui ne figurent sur aucun cadastre.

Traversée de courants obscurs, instable comme il se doit. Ta demeure néanmoins, quoi qu’il advienne.

Un refuge, presque, qui ne disparaîtra pas avec toi, roulotte de saltimbanques d’un autre temps qui vont de ville en ville porter la belle parole. Au coucher du soleil, vous les apercevez parfois,avant que la nuit ne se rue sur eux.

Les écrits ne demeurent pas dans une civilisation qui tourne le dos aux écrits. Ils dorment dans des bibliothèques, pour combien de temps encore ?

La disparition est un confort, un réconfort aussi, ton seul luxe.

Avant de disparaître, tu te fourvoies à plaisir dans les bleus et les jaunes de tes couleurs aimées.

Les roches grises ont belle apparence. Polies par les eaux millénaires, tu rêves d’y séjourner, cœur à cœur dans l’obscur qui rayonne.

Tu n’auras fait, au bout du compte, que rêver d’une langue intraduisible.

Petits moments de grâce cristalline qui affleure à la surface des roches grises que tu affectionnes.

A l’extrême de la folie, une vigilance prend corps.

Une folie de tous les instants veille sur la vieille lampe. Minuit sonne. Laisse donc aller et venir ta lanterne dans le ciel nocturne.

Au centre de l’étoile poétique, plus grande encore, une étoile gravite, et de centre en centre toujours plus vaste, c’est le centre de l’étoile poétique qui s’effondre sur lui-même à l’infini.

Que toute lumière s’enténèbre, lumière noire.

Raccourci d’univers, le poème, si ample soit-il. Expansion-effondrement simultané des mots-matière.

Comme si le mot-matière devenait instantanément matériau brut aussitôt muté en précieux matériel de construction.

Concaténation du sens, si ténue, infime présence d’un soubresaut d’outre-mémoire.

L’étoile naine, condensant ses états antérieurs, figure le Dire en expansion qui grandit de Dit en Dit jusqu’à rendre introuvable et le centre et la circonférence.

Collusion de deux véhicules qui roulent en sens contraire dans la même direction, et dont les débris rebondissent sur la circonférence qui se nourrit d’eux, s’agrège patiemment des particules de sens jusqu’à former une étoile plus grande encore.

Ni commencement ni fin, dans cette physique de chambre d’échos dans laquelle la moindre vibration s’amplifie, tout en se divisant. Les harmoniques fusent et se chevauchent, et l’intensité sonore atteint des paroxysmes que l’oreille humaine n’entend pas.

Atmosphère douce, feutrée ou terrifiante comme peut l’être un volcan éruptif.

 

Jean-Michel Guyot
15 mars 2015

 

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