Les vrais poètes te parlent et tu n’entends rien.
Des poétaillons de toutes sortes occupent le terrain.
C’est comme si le monde basculait du mauvais côté de l’existence.
Sur cette pente dangereuse, je glisse, je viens vers toi,
Lecteur médiocre, auteur peut-être, que dis-je ? Sans doute !
Nous n’aurons plus le vent pour nous inspirer.
Petits poètes paresseux, vous n’écrivez pas, vous prenez la place.
Le vrai poète ne recherche pas ce genre d’endroit.
Il sait exactement où se retrouver seul pour être lui-même.
Il vous laisse les mairies, les bibliothèques, et même la rue.
Il ne vous rencontrera pas sur le marché, petits poètes de panier.
Hier, il est sorti de vos existences de domestiques en vacances.
Petits poètes sans comète, vous sentez la savonnette et le pet.
Mais vous êtes si nombreux, aimés des dieux élus et des voleurs,
Que la balance penche et que je glisse vers vous, c’est inévitable.
Il faudrait vous haïr, mais voilà : la poésie est sans morale.
Elle vous tuerait plutôt. Oui, Adolf Hitler s’est trompé :
Les Juifs sont utiles comme les Noirs et les Arabes,
Et toutes les races que la Terre porte pour les cultiver
Éternellement. Hitler aurait dû écouter Mohammed :
Il faut couper la langue aux poètes. Mais comme ce grand homme
N’était pas si grand que ça, il n’a pas entendu que Dieu,
Ou le ciel, ou le vent, ou je ne sais quelle puissance surhumaine,
Commandait de limiter cette mutilation aux petits poètes,
Aux merdes qui font pencher la balance du mauvais côté
De la Vie. Je vais me noyer dans un WC ! Ô merde !
Petits poètes ! N’oubliez pas le papier !