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Article publié le 1er octobre 2015. oOo Genèse de l’amour
– Je t’aime – dit la Femme à l’Homme. – Je te veux – répondit l’Homme à la Femme. – Profitez-en donc... – chuchota le Démon. – Multipliez-vous et soyez heureux ! – proféra Dieu en sentence. L’Homme s’appelait Adam, et la Femme s’appelait Ève. Même si leurs noms n’étaient pas ceux-ci, la fin de l’histoire serait identique. Ainsi l’amour surgit-il dans un monde pluriel.
Nevermore
– Ah putain, quand est-ce que ces foutus critiques me donneront un peu de leur attention merdeuse ?! – rugit l’écrivain désespéré. Ayant publié une douzaine de livres, il n’en avait vu aucun éveiller l’intérêt des papes littéraires. – Nevermore – riposta le corbeau, survolant la chambre de l’écrivain et se perchant sur son étagère pleine de chefs-d’œuvre méconnus. Il s’était depuis longtemps accoutumé à ces explosions du courroux artistique. Le corbeau n’avait pas raison. Quelques ans après, l’écrivain passa de vie à trépas et sa gloire tardive inonda, tout d’un coup, les journaux des cinq continents. On ne doit jamais oublier, spécialement lorsqu’il s’agit d’un homme de lettres sous-estimé, que la mort ouvre non seulement le portail des cieux, mais aussi les vannes de l’opinion publique.
Poèmes cybernétiques
Si ma muse était une femme haute et robuste, aux pommettes saillantes et vermeilles, à la voix de clairon, je composerais des poèmes épiques dont la sonorité exprimerait la splendeur de vivre. Si ma muse était une fille maigre et sensitive, s’il y avait de la convoitise dans ses yeux et de l’inquiétude dans ses gestes, j’écrirais des poèmes lyriques dont la suavité traduirait le bonheur de vivre. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas de muses aux traits définis et je fais des poèmes qu’on pourrait qualifier de cybernétiques, tant leur brièveté manifeste le défi de vivre dans une ambiance où tout dure seulement un instant suspendu entre deux tirs de mitraillette, deux signaux horaires d’affilée ou deux frappes sur un clavier d’ordinateur. Érotiques ou énigmatiques, sophistiques ou cyniques, convoqués au for intérieur de la race mortelle ou bien lui servant de papier Q, ils attestent la vitesse du temps et contestent l’insouciance de tous ceux qui ne s’en rendent pas compte. |
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