Vous ne devinerez pas
ce qui est arrivé à mon voisin !
Un coup de pioche dans un trésor.
Et j’étais là.
Jamais je n’avais vu tant d’éclat
en un seul instant !
Nous étions sidérés.
Et tandis que je m’approchais,
il reboucha le trou.
Mes mains saisirent le fer
du grillage rouillé.
Je me mordis la langue.
Il me parla des racines
qui envahissaient son jardin.
Elles venaient de chez moi.
Mes sapins l’empêchaient de dormir.
Il y avait encore de l’or
dans le coin de son œil droit.
Je fis venir une pelle mécanique
qui creusa une profonde tranchée
et coupa les racines de mes sapins
qui franchissaient la limite
imposée par le voisinage.
Mon voisin me félicita.
Il avait construit un monument
à l’endroit où j’avais vu l’or
le transformer en gardien des lieux.
La même pelle mécanique
amoncela cent lourdes pierres
que l’ouvrier cimenta
méticuleusement.
Ainsi l’or gisait
sous trois tonnes de pierres.
Je profitais de la tranchée
pour creuser une galerie.
Elle s’effondra sur moi
à la limite du voisinage.
Il avait tout prévu.
Mais qui profitera de cet or ?
Qui ? Quel personnage
venu de cet ailleurs
que j’imaginais fort lointain ?
J’installais une caméra.
Je visionnais sans arrêt.
Je ne travaillais plus.
À quoi bon travailler
si on possède un trésor ?
Mais j’étais loin de le posséder.
Presque aussi loin
que mon voisin
qui n’était pas revenu sur les lieux.
Cela signifiait-il
que le trésor
n’était plus enfoui
et que le monument
de pierres lourdes
était destiné
à me tromper ?
Quelle folie !
J’ai tout fait sauter.
À la dynamite.
Quel souffle !
Le monument a été emporté.
Les pierres ont volé.
Et l’or a fondu…
C’est con.
En devenant liquide,
il s’est introduit
dans un trou.
On ne l’a plus revu.
On a encore dynamité,
mais en vain.
Le trou était énorme.
Le bruit effrayait.
Il y avait de la terre
sur les toits
et des cailloux
sur les parasols.
" Arrêtez de vous disputer ! "
disaient les voisins.
Ils étaient désespérés.
Ils n’avaient jamais vu ça.
Ni surtout entendu.
Ça en faisait du bruit !
Braoum ! Deux fois par jour.
Et on n’avait pas envie
d’arrêter de creuser,
suivant la faille dans la terre,
reniflant la chaleur de l’or
qui fondait, fondait, fondait !