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Les hommes préfèrent les garces
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 Article publié le 25 février 2018.

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Joseph Ninni ? Connais pas plus que ça. On a travaillé ensemble, ça oui. Oui, j’appelle ça travailler. On est toujours le larbin de quelqu’un. Vous, c’est l’État, le plus grand criminel de la Nation. Moi, c’est moi. Non, je ne travaillais pas pour Ninni. Je travaillais AVEC Ninni. Dans la bagnole. La pièce détachée. La bricole genre échange standard. Et on faisait des voyages, oui. Parce que de nos jours, il faut aller le chercher le travail. Les vacances, c’est pour les ouvriers et les fonctionnaires. Nous, les pauvres, on se repose à la maison. Et je n’ai pas de jardin pour m’occuper l’esprit. Je préfère la télé. Et j’emmerde le gouvernement.

Bref, voilà que Jo me propose de me reposer un peu. Des années que j’y pense. Tout de suite je lui dis que j’ai pas les moyens. À part un slip de bain et de quoi faire 500 bornes sans m’arrêter (à cause du démarreur), je n’ai pas grand-chose à mettre sous la dent de mes rêves. Je voyagerai la nuit. Ya moins de flics et puis j’aime me sentir seul quand je me déplace. Ça me fera une nuit en moins. Non, je rattrape jamais le sommeil perdu. J’ai autre chose à faire.

Je suis arrivé à M* avant le soleil. Les rues étaient désertes mais les chalutiers rentraient sous la lune. Je pouvais pas m’arrêter à cause, je l’ai dit, de ce maudit démarreur. J’ai sans doute raté un beau spectacle sur le port, mais j’avais quelques jours devant moi pour revenir, à pied ou en vélo. Je savais même pas combien de jours je pourrais rester. J’étais complètement à sec, lessivé, presque fini. Un mec de quarante balais sans personne pour s’en servir.

Après il a fallu monter au-dessus de la côte. Cette fois, le soleil miroitait à l’horizon et j’ai aimé les reflets de sel sur le sable, à 300 mètres plus bas, au moins. Heureusement, le portail de La Plata était ouvert. Jo laisse toujours tout ouvert, mais il vaut mieux s’annoncer. Là, j’ai stoppé, mis le frein et je suis descendu de la bagnole. Aucun chien n’est venu m’inviter à entrer ou à passer mon chemin. J’avais bien placé la bagnole dans le sens de la descente. Avec Jo, on sait jamais. Il est lunatique.

Comme je ne trouvais pas de quoi appeler et qu’il était sans doute trop tôt pour gueuler, j’ai attendu sur un bout de murette à l’abri d’un olivier. Il était six heures et des minutes que j’ai pas comptées. En principe, dans ces endroits-là, les habitants ne sont pas disponibles avant 9 ou 10 heures du mat’. Je me suis dit que j’avais roulé trop vite. Je suis toujours trop pressé. Et ensuite j’attends. J’attends un cul, du fric, de quoi bouffer ou pieuter. J’attends. C’est comme ça qu’on devrait m’appeler. Et je viens.

À 7 heures bien sonnées, j’en ai marre d’attendre. Je m’appelle autrement. Personne n’est passé sur la route pour me renseigner. Ici, les habitants ne bouffent pas de pain. Ou alors ils enfournent eux-mêmes. Avec le paquet de cadavres que Jo a sur la conscience, c’est l’endroit idéal. C’est peut-être le genre de boulot qu’il va me confier : boulanger. D’habitude (et je dis pas que j’en ai une grande), j’enterre. On peut aussi m’appeler jardinier. Je n’ai pas de nom de baptême. Je suis ce qu’on veut que je sois.

Comme je ne vois rien arriver, j’entre. Je marche sur un sentier encore chaud de la veille. Ça promet. C’est sans doute par là qu’on descend pour aller à la plage. J’espère que le démarreur de Jo est au poil, parce que je compte pas remonter tout seul à la force du poignet après la baignade. La mer est à la verticale. J’ai le vertige. Mais on m’a jamais appelé comme ça, vertige.

Au bout de cinq bonnes minutes d’une marche modérée par la prudence, j’aperçois les cyprès et la toiture. On dirait même que ça sent la piscine. Pas un aboiement. Rien. Les oiseaux n’habitent pas ici. Je sais bien que cette terre est remplie d’animaux aussi prudents que moi. Puis la bagnole de Jo m’envoie des signaux. Je suis chez les riches.

J’ai attendu d’arriver sous les arbres pour appeler. Et j’entends la voix de Jo, rocailleuse et claire :

« Je t’ai vu arriver. Je suis là. Amène-toi. Tu as déjeuné ? »

Et comme ça un tas de paroles de bienvenue et de conseils. Je suis assis quand il arrête de me bassiner avec ses coups de soleil et le cancer qui le guette. Il est seul. À part moi et un chat perché sur la branche molle d’un figuier.

« Avec moi, me dit Jo, tu seras jamais dans la merde. Je sais ce que c’est. Et je ne souhaite pas ça à un ami.

— Je suis pas vraiment dans la merde…

— Mais ça sent ! Tu vas pas te remettre à trafiquer dans la rue, mec ! Elle est où, ta bagnole ? »

Et il m’a posé un tas de questions sans vraiment écouter mes réponses. Je m’étonnais de ne pas avoir besoin de mentir. Je ne disais pas tout, mais pour le coup, j’étais moi-même, décidé et malchanceux. Je n’ai jamais su pourquoi il y a un mur entre le bonheur et ma tronche de déjà vu au cinoche les jours de pluie et d’occupation ennemie. J’avais envie de bosser parce que j’en avais besoin, une situation anormale en temps de crise. Mais ai-je jamais bossé pour le plaisir ? Plus je vais et plus je ressemble à mes semblables. Encore un de ces satanés paradoxes qui me foutent la vie en l’air, un peu comme une nuit d’amour qui doit obligatoirement se terminer par le retour à la réalité des autres.

« Je suis pas encore rouillé, Jo, dis-je à propos de je me rappelle plus quoi.

— Je vais changer ta bagnole, dit Jo d’un air savant. Le temps qu’il faut. Me l’abime pas. Je veux que tu aies l’air d’un héritier.

— Tu te sers de moi comme tu l’entends, Jo.

— Tu vas te servir toi aussi, mec. Crois-moi.

— Je te crois, Jo.

— Je t’aime aussi. »

Et à peine m’a-t-il déclaré son amour qu’une gonzesse en peignoir jaune caca ramène ses plumes pour l’engueuler. Je me suis levé pour saluer, mais elle m’a même pas regardé. Elle gueulait et il la laissait gueuler, ce qui m’étonnait de Jo qui laisse jamais gueuler personne si c’est à lui qu’on s’adresse. C’est une blonde bien roulée qui fait à peu près la moitié de son âge à Jo. Il ne s’est pas levé et j’ai l’air d’un con qui s’attendait pas à participer à une dispute ne le concernant pas. Elle ne me prend même pas à témoin. Elle gueule et puis c’est tout. Et Jo se tait, touillant son café froid avec une petite cuillère qui vaut bien un mois de loyer là où je loge quand je suis pas en vacances. Et ce paragraphe se termine comme il a commencé. La fille disparaît. Jo est au même endroit, dans la même position. Il n’y a que moi qui aie apporté un changement notable au décor. J’arrive même plus à m’asseoir.

Puis Jo dit :

« Tu connais pas Gloria. Je l’ai épousée ya plus de dix ans. Elle a pas beaucoup changé depuis. Physiquement je veux dire. Mais maintenant, elle m’emmerde. »

Il fait un geste avec la main comme s’il allait s’essuyer le front, mais son cerveau lui dit qu’il ne sue pas, que ce serait inutile de perdre du temps de cette manière. Il est comme ça, Jo. Il réfléchit. C’est peut-être pour ça qu’il est riche. Mais je savais pas qu’il était marié. C’est peut-être pour ça qu’il est riche.

« Elle prend des médicaments pour se calmer les nerfs, dit-il. J’ai jamais pris ce genre de merde. Je sais bien comment que je me les calme, moi, les nerfs ! »

Comment qu’il avait dit ça ! On se serait cru au théâtre avec Shakespeare aux commandes. Je savais plus qui j’étais. Caliban peut-être.

« J’y dis jamais rien, continue Jo. Sinon il faut doubler la dose et elle dort toute la journée et se réveille quand j’ai envie de dormir moi aussi. Je sais pas comment on a fait pour se compliquer la vie. Il paraît, d’après le docteur, que c’est toujours comme ça que ça arrive. On sait pas pourquoi ce qui était simple est devenu compliqué. Et ni l’un ni l’autre ne veut reconnaître sa part de responsabilité…

— Si je suis en trop, Jo, je reviendrai plus tard… Ou on se voit ailleurs. Je crèche nulle part, mais j’ai ma bagnole dans le bon sens. »

Jo me regarde sans comprendre que j’ai pas cherché à compliquer. Je lui explique pour le démarreur et la position de mes poches. Il devient rouge.

« Tu déconnes, non ! Tu es mon invité. Que ça lui plaise ou non ! Et d’ailleurs je sais même pas si ça lui déplaît ! »

Je suis presque soulagé de savoir que je ne suis pas forcément le problème. Je ne sais pas pourquoi elle a gueulé. J’ai pas eu le cran d’écouter.

« Et t’iras à la plage avec ma bagnole, mec. Qu’elle le veuille ou non. D’ailleurs t’as rien à voir avec ça. Elle te connaît même pas. Tu la connais, toi ?

— Comment que je la connaîtrais, Jo ? Tu charries !

— Elle traînait pas mal il y a dix ans. Autant que je me souvienne, t’étais en âge de voir traîner, non ? Et même plus ! »

Il riait maintenant. J’ai attendu qu’il se calme. Ça lui faisait trop de bien de rire. On est tous comme ça. Puis il redevenu sérieux. Pas sérieux. Grave. Presque digne.

« Et non seulement j’y dis jamais rien, dit-il comme s’il continuait la conversation en amont, mais je l’ai jamais cognée. Tu me crois, mec ?

— Sûr !

— J’y arrive pas. Et c’est pas faute qu’elle le mérite. Tu es témoin. »

Il hocha la tête comme un âne, mais sans braire.

« Ya rien qu’elle mérite plus ! Et je la gâte pour avoir la paix quand elle se regarde dans un miroir. Ensuite, elle recommence. Et j’appelle le toubib. J’en ai marre ! »

Ce jour-là, j’ai pas su ce qu’il me voulait, Jo. Le fait est que quand je suis retourné à la voiture, elle n’avait plus de roues. J’ai pas pu m’empêcher de lui foutre la raclée qu’elle méritait.

*

Ça faisait une semaine que je profitais des vacances chez Jo. Et j’avançais pas. Il me disait rien. Il savait ce qu’il faisait. Quant à Gloria, elle me traitait en ami. Au début, j’ai eu un peu peur de tomber dans un de ces traquenards que les femmes savent mettre en place si on est d’abord tombé sous leur charme. Et j’étais tombé. Sans aller plus loin. Jo m’aurait arraché tout ce qui dépasse avant de m’envoyer au diable. Après tout, c’était l’été. Et elle était chez elle. À moitié à poil, mais chez elle et par beau temps.

Bon. C’était pas désagréable, quoi. Comme je bandais de plus en plus et de plus en plus souvent, au lieu de me palucher je suis allé voir un peu plus loin si je pouvais pas satisfaire mon envie d’être comme tout le monde. Et ne vous en faites pas, j’ai trouvé exactement ce qu’il me fallait. J’y allais avec la bagnole de Jo, parce que la mienne pourrissait dans un cimetière au frais de Jo qui me promettait une meilleure affaire si je posais pas de questions. Et c’est ce que je n’ai pas posé. Je n’avais plus un rond en poche.

Dès le premier rendez-vous, j’ai dû voler préalablement un vieillard pas beaucoup plus riche que moi, mais il avait pas l’air du genre à brailler pour ameuter les poulets et j’ai comme qui dirait jeté mon dévolu sur cette chance. J’ai tellement peur de la laisser passer, la chance, que je me précipite toujours un peu. C’est comme ça que j’ai tiré le premier coup des vacances. Mais dès le lendemain, alors que j’avais rendez-vous avec ma couillarde, je me retrouvais sans le sou. Et la mine abattue comme si j’avais été un chien et qu’on m’avait battu à la place d’un autre. Pas moyen de trouver le cran de demander l’aumône à Jo qui savait peut-être pas que j’étais vraiment fauché. De temps en temps, sa Gloria lui passait un savon pour des prétextes que je n’avais aucune envie de comprendre. Je me contentais d’écouter ses cris. C’était déjà beaucoup demander à mon sens de la tranquillité.

C’est comme ça que j’ai vendu la roue de secours. Je savais pas combien ça pouvait valoir, une roue de secours de Rolls Royce, mais le type à qui je l’ai proposée a conclu le marché sans discuter, ce qui m’a fait regretter d’être con plus souvent qu’à mon tour. Mais j’ai tiré mon second coup. Et un troisième. Je crois qu’on en était au huitième quand les choses se sont gâtées.

Et bien ça n’avait rien à voir avec ma situation. Ça s’est passé dans l’après-midi. Jo et moi on digérait sous un parasol, complètement étendus sur des serviettes qui sentaient la lavande, à même le gazon. J’étais sur le point de m’endormir, pensant conclure ainsi le passage difficile d’un morceau de barbaque pas assez mâchouillé, quand cette furie de Gloria est revenue à l’attaque. Ah ça m’a mis un coup que j’en ai encore le cœur en valseuse. J’ai pas ouvert un seul œil. J’avais les mains croisées sur le bide, comme un mort. Je crois que j’ai réussi à maîtriser tous mes poils.

Elle était là, en slip façon fil tendu entre deux trous, beuglant comme la sirène d’un poids-lourds en perdition, agitant tout ce qui pouvait être agité, et son parfum me pénétrait par tous les pores. Je me doutais que Jo s’appliquait à ne pas bouger un cil. Je l’entendais plus respirer. Il se grattait pas non plus. Il était encore plus mort que moi. Et elle gueulait tellement que j’ai pas pu m’empêcher de comprendre ce qu’elle reprochait à mon ami. Des conneries qu’on peut pas faire tout seul. Je dis pas que c’était nouveau pour moi. Le fait de n’avoir jamais été marié à une femme m’interdit pas d’être renseignés sur les avantages et les inconvénients de ce type de contrat. C’est alors que j’ai entendu un bruit sec.

Arrivé à cet endroit de mon récit, vous vous imaginez que Jo vient de la flinguer. Certes, j’entends le corps tomber sur le gazon. Et même un petit cri que si j’avais pas su que c’était un cri je l’aurais pris pour autre chose. Mais c’était un cri, un cri interrompu. Et vous savez par quoi ? Par la surprise. Et par l’étonnement, que c’est pas la même chose en français moyen. Et bien vous vous trompez. Il l’avait pas flingué, le Jo. Que ça m’aurait placé dans une situation difficile à négocier avec la Justice. Tant qu’il n’y a pas mort d’homme, on s’arrange. Mais sitôt qu’on peut plus revenir sur les faits sans passer pour un idiot, ça se complique et c’est le moins riche qui en prend plein les miches en attendant une fracture de l’anus qui est au fond de tous les problèmes qu’on n’a pas fait exprès d’avoir.

Quand je rouvre les yeux, elle est plus là. Par contre, Jo est debout. Je l’ai pas entendu se lever. Et c’était pourtant ce qu’il avait fait. Je me redresse mollement et me pose sur un coude, prêt à tout entendre pourvu qu’on me le dise clairement. Jo a l’air satisfait. Il ne l’a pas tuée. Jamais il n’aurait fait ça à sa propre femme. Ce n’est pas ce genre d’homme. Il me dit :

« Tu peux pas savoir le bien que ça fait ! »

Mon regard égaré lui demande de quoi il parle et s’il pense que je suis vraiment en mesure de comprendre.

« Je lui en ai balancé une ! » dit-il.

Et en même temps, il en balance une dans le vide. On voit qu’il s’applique à la balancer exactement de la même façon. Il pivote sur un talon et se reçoit sur l’autre. Un vrai sportif de la claque dans la gueule. J’en reviens pas. Et elle est plus là pour le constater. Je me remets debout, titubant pendant quelques secondes comme si cette démonstration m’avait appris quelque chose sur la relation conjugale.

« Jamais je l’ai touchée ! clame Jo en me flattant le dos. Sauf pour la caresser. Et jamais un mot plus haut que l’autre. Tu peux me croire ! »

Il a toujours envie qu’on le croie, Jo.

« Ya un début à tout ! continue-t-il. Dix ans ! J’ai attendu dix ans, merde ! Et je vais peut-être attendre dix ans de plus avant de lui dire ce que je pense d’elle. »

En effet, il ne lui avait rien dit. Il lui avait foutu sa grosse main sur la gueule et il s’était tu. En réponse, elle s’était étalée sur le gazon en poussant un cri. On voyait la trace là où ses mains avaient arraché des touffes. Jo aussi les regardait.

« Je sais pas si tu comprends, mec, dit-il en m’entraînant sous les arbres. Tu devrais te marier. Rien que pour comprendre. Tu arriveras peut-être à savoir pourquoi elle t’a épousé. »

C’était le truc qui lui échappait depuis dix ans. Bien sûr, je savais pas tout. Et j’étais loin de comprendre. Et puis je m’en foutais de savoir, de comprendre et de finir par crever sans héritier. J’avais un rencard ce soir-là. Et pas un rond pour me faire lever la queue dans de bonnes conditions. Je me demandais si le moment était bien choisi pour en taper un peu à Jo qui parlait à un arbre maintenant. C’était ce que j’étais pour lui, au fond. Un arbre. Ou n’importe quoi d’autre qui bouge pas de l’endroit où on l’a planté pour qu’il fasse le beau et serve à quelque chose. Il ne manquait plus qu’il me pisse dessus !

 

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