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Article publié le 9 novembre 2015. oOo La forme de l’huile est le smoking de l’art dit un peintre entendu en rêve. Peut-on peindre un rêve surtout en paroles ? Ce peintre tenait un long pinceau pareil aux pattes d’un héron ou plutôt à celles des flamands d’Alice. Il croquait un singe qui dégoulinait comme un poireau à l’huile. Je transpirais. J’avais le front graisseux et me nageais dans l’écrit du rêve qui peignait. Le singe regardait cette viscosité verbeuse et sans contours tout en se transformant en tergiversations plastiques constellées. Le rêve subdivise les périphériques coraux de la veille qui porte des tresses et des jupes plus courtes que des sauts de carpes. Peintre et singe seront toujours le béaba du rêve que je fus : cette agonie suintante sur toile hôtelière et bientôt empesée de cette pollution noc-diurne d’un portrait.
Roulé dans une serviette comme dans un petit linceul la momie d’un singe, je l’emporte à travers l’ombre visqueuse dont mon passage fait transpirer mes draps.
Alfred Jarry |
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