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Article publié le 20 décembre 2015. oOo On regarde le linge qui bouge à la fenêtre. La bosse du vent habite une chemise qui est un fantôme. On entend les voix qui sont les bicyclettes de la vie passée et les pagures aux yeux d’épingle de nos joies. C’est un bernard-l’hermite qui est le miroir dans lequel on écrit le linge à la fenêtre on est le mouvement. Il y a le dos d’âne d’un éclair soudain d’une vitre qu’on ferme en face on ne voit rien. On amorce la pompe d’un nouveau matin. La machine fleurit comme on envoie des lettres à tire larigot à un poème ancien qu’on finira d’écrire comme un nouveau-bambin aux joues de géranium. Un balcon rêve de tomber sur la façade où le soleil s’affale. Tout est joyeusement dans l’ébrouement d’un chien dont on remarque l’accointance avec le ciel d’un cumulo-nimbus. Les yeux dans le clavier des suites à donner à la réalité qui patine son Scarlatti ébouriffent leur cécité de ciment frais. Quelque chose s’est réfugié dans un corbeau pour élaguer le ciel et balafrer son vide hilare et son col blanc. Et ce fauteuil-pivot dans lequel est assis le voyeur de ces lignes est donc à cet instant le plus spatialement proche et donc le plus important car on voit en premier à travers sa structure son système et sa construction et consistance cette bosse du vent dans ce linge précis et tout d’abord le ciel et son agencement.
moi, directement me nourrissant de leur matérialité muée.
Henri Michaux |
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