Cet outil oublié me rappelle que j’ai travaillé
travaillé avec les autres à l’œuvre commune
le fer dans une main et dans l’autre une main
et peut-être l’esprit ailleurs car j’étais malheureux
Cette rouille ne porte pas la trace de mon savoir
Elle ne participe pas à la mémoire de l’objet
et de tout ce qui accompagna cet objet
au bout de son chemin de plaisir ou d’utilité
Il ne reste que le fer sans la poignée ni le sang
L’herbe a bon dos quand l’oubli y demeure
Un peu de terre arrachée à la terre
se mélange à la rouille comme le feu jadis
Cet outil ne servira plus à se projeter dans le futur
Un clou dans le mur n’en fera pas une œuvre d’art
mais mon regard vient de créer un nouveau besoin
et je plante le clou pour accrocher ces yeux