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 Article publié le 25 septembre 2016.

oOo

Parvenu au bout de l’écrit, il s’immobilisa, en proie à une inconsciente stupeur. Raymond Roussel


Ce noir sert de volant autour de vous, et vous entoile

D’un drapé plus interne, qu’un écueil rencontré

Dans un récit chargé par une actualité,

Cultivant comme un fourrage l’insatisfaction,

Laquelle abritait de petits récipients

Motivés par le remplissage de la mort,

Mais qui n’était d’ailleurs que son faux chargement,

Sa fausse ébriété, sa trop mûre avancée.

Cependant que le cerf dont vous êtes les bois,

Vous charge de sa course pour vous accourir

À vous-même, envoyant cette image-planée

En incipit au ciel Intérieur d’un enfant,

Qui tient le fil en main.


Lenteur foudroyante.

Et la sensation abusive d’avoir trouvé l’éternité,

Et votre absence sur la page, où tant d’aridité

Éblouit comme une eau ensoleillée.

 

Cherchant à devenir intérieur aux matières du monde

Et à y pénétrer, tout entier, s’abolir.

La mer et son labeur de langue sur le livre

Que lisent les vents, le creusage du sang.

 

Et les trous noirs du temps,

Qui s’effectuent pupilles d’un voir dispersé

En rouilles et écumes, poussé hors de soi,

Pourtant s’y installant, peuplé de ce logis.

 

Lenteur comme de voir la route ensoleillée

De vitesse et le mur où l’absence d’histoire

Fonde ses végétaux, où le futur avait déjà

Posé ses graffitis et ses jonctions interminables.

 

L’accident vital à la totalité,

Dont l’approche se fait.


Cette disparité bienfaisante est comme l’eau du fleuve,

Et sur la carte du tendre, ce pôle ou le dôme

Où se débat l’esprit. Ses jambes de paroles

Formant comme un trait et fuyantes. Les mots :

Et les piolets posés sur le remblai,

Dont vous êtes à la fois le chantier et la vague,

Et la distance qui est comme l’eau d’Héraclite

Et l’incessant cortège de la mer,

Dont vous êtes une algue. L’étreinte des mots

Dont vous vous échappez, jambes à votre cou

Pour mieux la resserrer, est ce miroir de toutes

Choses qui les comble, d’axes et de bulbes,

De tiges où bourgeonnent tous les mouvements

Dont vous êtes le même.


S’entretenir avec,

Le coude plié comme un ciel. Se passe dans les rêves,

Parle à l’intérieur, avec un monument

À Virgile ou à celle dont nous succombons.

 

La vie cet entretien

En discontinuité, est un ruisseau hargneux

Et emporté, avec de petits « git-le-cœur »

Chamoisés, faisant croire à un pic escarpé

Que l’on gravit viril, et sûr de sa cordée,

Vaille que vaille à coup de locutions et de

Formules à crampons.

 

S’entretenir avec,

 

Le coudrier du fleuve, sa pensée sans fin

Recommencée, pensant cependant l’achever.

 

La déflorait peut-être, dans un pâturage,

Ou la berge d’un numéro, d’un nom, ou d’un

À-coup pour se tirer, agilement lyrique,

De ce mauvais pas.


À coup sûr, cet entretien permit une rencontre

En pleine sympathie avec la controverse en question,

Qui est une forêt dont les vents calculaient

La résistance et force. Aucun accord en vue

Sur la totalité, mais des points et des faits,

Où peut-être, le consensus était possible.

 

Cependant,

 

Personne ne savait de quoi il fut question

Au début du débat, ni entre qui et qui

S’engagea le litige.

 

On se quitta heureux d’avoir offert son point

De vue, et de pouvoir, en toute bonne foi,

Utiliser ses propres outils pour abattre,

Dans cette forêt ventée par l’amitié,

Quelques arbres incertains, mais en somme probables,

De la discussion.


Tous les anniversaires, c’est là qu’on se heurte

À la fenêtre au détroit fléchissant.

Dans les mêmes limites que ce qui précède,

Peut-être des arbres,

Qui sont des portraits plus ou moins ressemblants

Dont les feuilles jaunissent avec le sourire

Que sont aussi les rides. Les murs sont de face

Une page intérieure et grise comme un ciel

Ressassant ses saisons, ses oiseaux, une troupe,

De petits lascars, contiguë à l’image

De celles de choses pleines de caresses,

Entre évènements purs et ces propositions

Nocturnes retournées comme un vieux matelas.

Et tintant comme verres à la fragilité

Du présent, maintenant, accroché au vestiaire

Jusqu’aux prochains arbres, et prochains visages,

Neiges, vêtements.

 

Dimanche 21 Février 2016

Jour de mes 80 ans


Cependant et ce jour ? Commence une question

Sur le temps qu’il fera.

 

Le sexe est au lavage avec la nuit passée,

Et l’odeur de la mer rime avec l’étroitesse

De nos aventures.

 

Nous posons le pied

Sur la même terrasse de mots, où des noms

Arrivent par bouffées dans les draps suspendus

Sur le fil que l’on tend, entre un jour et un jour,

Et l’odeur de lessive que le temps active

Jusqu’à cet hiver où l’interrogation,

Devient de plus en plus sans fondement ni qu’est-ce,

Où nous laissons la neige sans tergiverser,

Répondre à la question.


Baguette blanche dressée, et le premier accord.

Mais que faire de tout cela ?

Alors que l’imprévisible commence à former

Des signes d’impatience, et que l’instant hésite

Encore à se donner.

 

C’est pourtant commencé, se murmure à soi-même

Et ce qui prend la fuite si rapidement.

 

Que rattraper qui soit ajouté au crédit

Des jours qui se succèdent, parfois sans broncher,

Sans une apparition qui soit une rencontre ?

 

Nous demeurons toujours dans la disparition

De l’accord en suspend, et tendu comme un pont

Surplombant des nuages.

 

Ceux-ci s’éloignent vite, sans aller plus loin

Que d’être ce passage épars et inaudible

De cette injonction toujours recommencée,

Dans l’ampleur d’un instant.


Le regard au dehors,

rejoint la moindre feuille qui palpite et crée

La fenêtre et le toit où piète cette phrase

Qui cherche son cap. Alors que dans les yeux,

 

Des lueurs d’Iliades nouvelles brillaient,

Le feuillage perdait ses fines ciselures,

Comme dans un voyage se perd la notion

Des broderies du temps.


 

D’arbres qui se balancent à droite et à gauche,

Alentour, des reflets dans l’eau, dans les vitrines

De la ville instruite de notre présence

En cercle à l’infini, et ses laboratoires

d’horizons, les branches

 

(La liste des cours, des conférences qui

Ne sont qu’étrangetés et qui ne vibrent pas

Dans la tête, le sang, mais perdent leurs oiseaux

Avec leur cage d’air, redeviennent crachin,

Nuages) et les feuilles

 

Jusqu’au bord des bancs deviennent invisibles,

Où tant d’éloignements ont cours sur la chaussée

Tant de pluies et d’ombrelles, tant de champs possibles,

Où se perdre à revers.

 

La tête parcourue fredonne sa poussière

Et sa sainte charpie des lignes qui s’allongent,

Les mots et les troncs

 

Des feux de la passion, dans le fruit mûr du rire,

C’est un autre envol vers la vitre du lit,

Cependant que la rue se couche insomniaque

Sur tous les visages

 

Et ceux de ces personnes qui passent l’instant

Où nous nous dépassons.


La joie s’est égarée dans la lumière en train de disparaitre,

Et vous y regardez à deux fois,

En vous mettant un peu en retrait du sommeil,

Qui gagne vos paupières, nues comme un modèle

À demi consentant ; il faut tout allumer,

Tout mettre de coté pour vous sentir mortel

Dans une autre planète,

Qui est la cloison de votre éternité.


Comment ? Et déjà une autre fois et donc sans rigueur

Des voies se recoupent, jusqu’à ce déclin,

Dont on fera usage ; 

 

Un certain paysage recouvrant un champ

Aux animaux possibles encornés de mains

Entachées de jonquilles :

 

(À la fois renversé et porté sur le flot

comme on choisit un mot, délaissant la raison ?)

 

Mais ce seront vos mains prises dans la machine

De vos mouvements pleins de l’immensité

Qui s’étire vers vous, comme un cadran solaire,

 

Où l’ombre ampoulée bat le calme des blessures

Qui borde le lac de toutes les attentes,

Que l’on n’attend pas.


Si l’on bondit sur une solitude,

Elle se cache avec une mutine intention d’enivrer

Par le coup du désert, où la soif et la vue

S’unissent et font la chaine sur le mur

De la chambre, où les choses visibles, deviennent

Comme la levure des apparitions,

Enceintes de la joie menue du sablier,

Lui-même la chance déclinée du sable,

Où les bondissements,

De dunes gravissent la peau gourde de l’eau,

Que traverse la langue bosselée du vent,

Et son blanc coudoiement sans interprétation,

Son propre froncement fictionnel conduisant,

Au péage animal de l’écrit.


Façades d’arbres, et le tableau noir qu’accrédite

Le printemps, qui pénètre peu à peu les paroles,

Et tout ce qui se prononce

Comme une germination instantanée, cependant,

Quelque peu improbable, au fur et à mesure,

Que le silence se fait le trope de ce rien,

Un sourire un peu terne qui de loin en loin

Bruisse comme un feuillage possible, un salut

Salutaire et ambré comme un fruit qui retourne

À son vert, à son rien, branche mouvementée

Par le temps des saisons redevenant saisons,

Sur le calendrier,

Où d’autres arbres s’écriront comme façades

Sur le tableau noir qui chante le printemps,

Comme à l’instant le merle, qui nous interrompt.


Le chemin mal engagé. Bande étroite de terre

Où les pas des promeneurs, où se coupe la voix.

Ou les arbres qui imposent l’idée sentencieuse,

D’un bord où circule,

 

Ou fluviale, et le sens du parcours,

Et où imaginer un vol froissé de mouettes :

Virgules au ciel de la parole vue,

Comme en apnée sous tant de ces constellations,

 

Atterrant d’en venir à quelque conclusion,

Inexorablement proche de l’incipit,

Et ne devant garder en gage, que le rythme

Et la cadence des ruptures, où se frôle

l’instant, son lieu propre, ou les tressautements

De ce seul cavalier qui ne s’engage dans

Aucune direction,

 

Que la seule montée à cru de l’incipit

Vers son pas, non de messager, mais de soi-même.


Comment est arrivée cette proposition de parler

Dans ce désert et ce silence, alors que rien ne s’annonçait

Qui soit de nature à la révélation ? Et qui est seulement,

Notre seul paysage, ses dunes, son sable

Et le vent des paroles sans la consistance

De quelque blessure ou joie, ou simplement

Un visage aperçu la veille, ou le tableau

D’un maitre du passé, mais nul vestige et nul

Souvenir qui serait un monument de soi :

Simplement pour ce rien de lettres, de paroles,

Ou le mot Sahara qu’évoque cette page.

 

avec 2 dessins de P. Cintas

 

 

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