Cheval piaffe dans l’estomac
Lourdement s’abat
Dans l’humide voisinage
Bruits sourds montent de la terre
Comme si le sol trépignait le ciel
Au galop maintenant le comtois
Ne court pas bien dans l’espace clos de mes appétits
Dessine des cercles imparfaits dans l’espace acide
Issue, issue !
Le voilà qui remonte le long de l’œsophage
De l’air, de l’air enfin !
Bouillonne dans la glotte
Ressort tout fripé par la bouche sanglante
Ailes encore repliées, toutes gluantes
L’œil glaireux fixe l’instant
Avant de piétiner mon visage
Petit cheval fou,
Je te préférais dans les plaines humides
Mais il faut croire que le Ried t’ennuyait
Tu as préféré les plaines spongieuses
Qui stagnent en moi
Avant de retrouver tout ton allant d’avant
Tu as fière allure
Te joues des obstacles
Les brises un à un, je le vois
Tu avales la vallée du Rhône
Détruis tous les ponts sur ton passage
Salue pour moi la Camargue quand tu y seras !
Puisses-tu alors te perdre dans les marais salants !
Ne me reviens pas,
Poursuis ta course !
J’ai en réserve un ours
Je l’entends qui s’éveille dans ma poitrine
J’irai nu bientôt par les fjords
Remuer les effluves
La terre fraîche embaume
Dégel
La terreur n’est pas mon fort
Mon cœur n’est pas pris dans les glaces éternelles
Le feu des hommes m’ignore
Petites virgules de mer
Dans l’immensité rocheuse des terres natales
Y dévalent les eaux furieuses
Et sage ma mère qui regarde
Jean-Michel Guyot
9 octobre 2016