Dans l’abstraction de l’arc, se dessinait un quotidien : c’est le journal, et lorsque la figure de l’arc se fut éloignée, lorsque la figure de l’arc ne fut plus rien qu’une silhouette maladive qui semblait la mienne propre, lorsque je n’eus plus même ces « lambeaux de croyance » qui me permettaient de composer des livres, dénué de toute ambition littéraire, de toute velléité expressive presque, seule une écriture fragmentaire, "au jour le jour" (et à la nuit la nuit) me permit de me repérer. Ce journal que je tiens sur des petits cahiers n’obéit à aucune loi. De temps à autre, il a réellement rempli une fonction de journal intime, où je notais des événements et des impressions dont je ne voulais pas garder nécessairement une trace, mais qu’il me semblait ainsi pouvoir m’expliquer à moi-même. Journal le plus souvent sans autre intimité que celle de l’écriture, pourtant. Or cette absence de loi, de principe, de règle, qui caractérise le journal, convenait à l’état anarchique de mes esprits.