|
Navigation | ||
[E-mail]
Article publié le 7 mai 2017. oOo Qui viendra occuper la chaise qui se tient comme le Parthénon sur la colline imaginaire de la chambre ? Qui posera sa prose sur le siège vide de ce meuble intime ? Sera-ce cette foule d’un qui écrira quelque texte posant devant son auditoire ? La chaise est une chaire et un parterre ému par le sort de ce Je qui joue le premier rôle de composition. Celui du porte-voix qui ramasse le blanc mouchoir qui est la preuve du péché mortel de l’imagination. Quel déferlant cyclone ou quelle torrentielle simagrée des eaux y tiendront leur congrès pour opérer leur noir caparaçon sonore ? La chaise reste muette comme un stuc roman ou comme une colonne rompue à l’usage plutôt défoncée par le sceau de la chair en main mise en écharpe avec sa poésie. Elle est aussi plongeoir pour que puisse nager dans son instant quelqu’un dont le crawl se succède. Chaise est aussi chaisière et sa croupe efflanquée met en ligne l’attrait pour le biais et le tors et les lignes de fuite. Et qui y prend ses aises couche l’odalisque de son épitaphe sur la joue du page qui se tient devant. Quel mystère y attend de main ferme pour dire ce qu’il dérobait ? Ce page est le champ des régions de l’ethos où de la chaise y plongera pour y nager la page à l’âme nue. La chaise est son attente adossée comme un rien au fil à plomb de son dossier léonardesque et comme la cravate à la main d’un cyclope à qui répond : personne.
C’est alors que nous pressentons le secret qui nous fait écrire. Robert Pinget |
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |