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Article publié le 23 juillet 2017. oOo Le je dans le jeu du poème ne dit rien encore du jeu auquel il s’attache, se rattache peut-être. C’est dans la recherche de ce « peut-être » que se joue le poème en train de se faire, tandis qu’il semble que le je s’y défasse. Car il faut au poème une ferme assise qui en dépasse et l’enjeu et le jeu même. C’est là, disons, le fond religieux de tout poème explicitement chamanique ou non. Qui dit religion, dit espace clos et sacré, alors que le poème flirte avec l’Ouvert. Il surfe sur la vague sans nom d’une mer toute intérieure qui écume de ne pouvoir se déployer dans toute sa magnificence, toute sa violence, toute sa puissance dans le grand jour appelé par lui, le jour qui épouse la cause du poème en train de se faire. La soif qui m’abîme est telle que je ne puis rêver de l’habiter. Ce puits sans fond recherche sans cesse la lumière crue du jour. C’est la pleine lumière du jour que désire l’obscur qui me devance. Ne pas contrarier l’obscur ni le désir qui l’anime sous peine de brûler dans les déserts. Hors-jeu le poème si qui l’écrit prétend s’exprimer comme on presse un citron. Les sucs sont toujours dans l’ailleurs d’un fruit mûr jamais cueilli sur l’arbre de l’ignorance. Aucune Eve, aucun serpent ne se présentent, car ici, dans l’espace intrinsèque du poème, Adam nous est inconnu et sa pomme et sa voix. Que le je soit malmené, bouleversé, interrogé, mis à la question, qui le nierait, mais au moment même où questions et réponses s’équivalent dans l’absence de réponse. Car le poème en question dans le poème n’a que son jeu à offrir. Jean-Michel Guyot - 15 juillet 2017 |
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