|
Navigation | ||
[E-mail]
Article publié le 10 septembre 2017. oOo La forte femme s’est retournée deux fois pour me jeter un coup d’œil. Le premier souriant le second plus coquin et j’ai attendu le troisième clin d’œil qui s’est fait désirer. Quand elle s’est soudain retournée et m’a fait un sourire j’ai caressé le banc comme pour l’inviter à venir s’assoir à coté de moi. Elle a hésité un instant puis s’est éloignée en éclatant de rire d’une façon inqualifiable. Les oiseaux ont pris peur et les arbres du parc devinrent invisibles. Je me levai d’un bond de mon banc et me précipitai vers la femme opulente. Son rire offusquait le lac qui s’agita et les cygnes furieux devinrent écarlates. Le parc tout entier se dressa furibond sur ses longues allées. Je fus brutalement jeté sur les genoux de la femme qui me couvrit de sombres et grasses caresses et m’enfonça du poing dans ses buissons d’épines. La pelouse se recouvrit de faune ardente et rêche à l’infini. Et je sentis le chant venir de mon ravin dans le balancement des feuilles que le ciel mâchait et recrachait. Sous des voûtes de ronces une lumière verte éclata dans mon sang tout en me pénétrant comme l’édit des cygnes sur les eaux du lac. Et les chairs opulentes du jardin public explosèrent d’un coup dans un clignement d’yeux vorace et prometteur. Je sortis de ce parc pour rejoindre la ville et ses portes rieuses d’un rire soucieux comme un sous-vêtement.
Soudain vous vous trouvez prisonnier de l’espace, et comme le poing de saint François, cerné d’envols. Djuna Barnes |
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |