Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
  
Retour sur les ruines
Navigation
[E-mail]
 Article publié le 1er janvier 2018.

oOo

"Nous écrivons désormais, joyeux sur des ruines. Car il ne pourra plus jamais s’agir d’accepter le sommeil du Grand Architecte vaincu, qui se résigne à rien offrir au-delà des fragments épars, colonnes rompues, systèmes écroulés, bribes de langage, non plus que de revenir repentants à quelque ensemble rationnel et stable, encore moins de geindre sur ses faillites, mais bien de tisser dorénavant sans relâche, dans la gaité, dans l’éveil, des structures foisonnantes qui à mesure se dérobent, grillées d’avance à la fois par le canevas dont on aperçoit les fils et par le feu qui les dévore. Cette conscience rieuse est aussi comme la haute mer maltraitant avec tendresse les derniers récifs, sans connaître de repos, palpitante, énigmatique : elle nous berce ( en même temps qu’elle nous corrode ) entre la répulsion et l’attirance, entre la vigilance et la noyade, entre l’esprit libre et l’oubli, entre le désir et l’horreur" ( pages 17 et 18 de "Les Derniers Jours de Corinthe" , éditions de Minuit, 1994 ).
.........
Le Pape du Nouveau roman peut tout à fait apparaître comme un philosophe.
En effet, les immenses cathédrales du doute qu’il a bâties sur plus d’un demi-siècle, avec l’énergie d’un artisan passionné, reprennent et réinventent l’ancestral concept de liberté, à travers la résurgence d’un moi plus moderne que jamais, conscient de la superficialité de la structure narrative classique, je veux parler de la petite histoire.
A travers la recherche narrative qui mêle esthétiquement spéculations littéraires, fantasmes, obsessions et souvenirs, la question du réel est sans cesse posée, dans une répétition qui prend une forme matérielle, celle du livre. Celle du roman. Nouveau.
La fragmentation du "je", cet autre comme disait Arthur Rimbaud, effectue une course ou trajectoire dont l’horizon est en quelque sorte l’unité du moi. Et l’apparition d’un nouveau réalisme peut-être le plus crédible de l’histoire littéraire.
Dans ce cadre, dans ce mouvement, la subjectivité a toute sa place. Mieux : elle déborde l’espace et le temps pour les reconsidérer.
L’ordre divin des choses n’y est évidemment pour rien. L’intention seule suffit et se suffit à elle-même, circulant librement parmi toutes les institutions et toutes les conventions, parmi tous les préjugés et toutes les doctrines, assumant tous les risques inhérents à cet état de recherche permanente, à ce qui fait, en somme, l’essence de la littérature : la volonté et l’envie de bâtir, de construire dans un contexte absorbé par la conscience narrative, quelle que soit sa nature.
Ainsi, la "gaité" et "l’éveil" s’expriment en toute liberté, acceptant les règles du jeu, acceptant les risques encourus... comme un possible et unique bonheur.

 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -