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Voilà l'homme, donc...
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 Article publié le 21 janvier 2018.

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Voilà l’homme, donc. Unique, inégal, observateur de l’humanité, de nouveaux lieux, une véritable éponge. L’humanité est une gigantesque toile, un web, et chacun y a son profil, ses goûts, ses intérêts et impudences, qui s’entrecroisent et tissent – tiens, le verbe est approprié- des liens que j’engrange pour enrichir ma prose, ou plutôt qui s’imposent à moi, témoin de la diversité qui me submerge et me mène à la sublimation de l’existence en tout ce qu’elle comporte de positif ou négatif. Consigner est mon credo, démasquer, analyser mon sacerdoce, celui que j’ai choisi sans le moindre regret pour l’agrément qu’il me procure, en substance ma croix, celle que je porte chaque jour tandis qu’autour de moi toute activité terrestre et humaine est en orbite, non que je soies le centre du monde, mais le témoin –je parle en mon nom- de la multitude œcuménique, partout, tout le temps, par tous les temps, par tous les moyens, par tous mes moyens qui, s’ils sont modestes, me satisfont de ma condition de témoin de notre monde et ses particularités, matière à réflexion omniprésente qui ne s’interrompt que lorsque je dors, à moins que dans mon sommeil l’univers onirique me sollicite, et me donne matière à réflexion dès mon réveil…

L’incertitude me caractérise, mais elle intervient dans la volonté de qualité de mes récits et de perfectionnisme quand je pèse chaque mot, phrase, paragraphe, chapitre et enfin roman achevé pour en apprécier tout d’abord l’esthétique, mais aussi et surtout le sens profond, le fond représenté par la forme, qui se fait dialectique pour représenter le premier.

 

 

 Ecce Homo, donc. Je me livre sur la place publique pour partager mon expérience, mon ressenti, mes doutes, mes espoirs, mes réussites et échecs. Ou plutôt ce sont mes œuvres – qui me caractérisent néanmoins- qui sont au mieux lues, au pire négligées ou sévèrement critiquées. Mais j’existe à travers elles quel que soit l’accueil qui leur est réservé : j’écris donc je suis. Etre ou ne pas être, voilà l’enjeu. Mais vouloir plaire à tout prix, n’est-ce pas là l’apanage de la médiocrité ? La valeur de l’écriture n’attend pas le nombre des années, et les qualités morales et humanistes peuvent se manifester quel que soit l’âge et ne sont pas forcément l’apanage de l’expérience des toute une vie.

 Etre reconnu, donc, revient à être réifié, tout du moins dans le milieu littéraire et par le lectorat, mais ne peut être divin qui veut – l’art serait la panacée et deviendrait banal, un métier parmi tant d’autres, standardisé par le plus grand nombre au détriment de la qualité, et les éditeurs crouleraient sous les manuscrits ambitieux et tardifs d’écrivains arrivistes. Mais heureusement, ce n’est pas le cas, et je constate une sélection qualitative tous styles confondus – et oui, un éditeur ne parie pas sur un tocard-, encore faut-il ne pas mettre tous les éditeurs dans le même panier ; éditeurs dits classiques, à compte d’auteur, autoédition sur des plateformes numériques, la différence entre les premiers et les autres étant le sérieux qui caractérise le choix d’une œuvre et sa mise en relecture et tout le travail de mise en page parmi une kyrielle d’écrits prétentieux et vains, sans intérêt, avec parfois une exception qui confirme la règle, quand les éditeurs sérieux ont écumé des centaines, voire des milliers de manuscrits avant de découvrir un style novateur, un écrivain qui se démarque du lot à travers ses idées inédites, une voix qui brise les poncifs éculés et sera certainement appréciée par le lectorat grâce à son originalité, une voie tracée à la force du poignet, acte solitaire et talentueux, sublimatoire du quotidien parfois morose.

 

 

Le roman, la poésie sont des messages entre l’écrivain (le destinateur) et le lecteur (le destinataire). Pour qu’ils circulent, le contenant, quelle qu’en soit le fond et la forme, doit véhiculer un concept susceptible d’accrocher le lecteur, l’interpeller pour l’amener sur ses terres littéraires et, enjeu non moindre, l’y retenir : tâche ardue et noble, due à la seule qualité éventuelle de l’écriture de l’auteur. Je choque par nécessité et à toute fin, tout comme je crée des amours passionnés afin de construire une romance crédible et émouvante. Comment ne pas tomber dans le sentimentalisme, ni dans la violence repoussante ? Il n’y a pas de loi, et c’est l’écrivain, son style de narration qui conditionne le trop ou le pas assez, avec une recherche esthétique, une richesse de la prose propre à tenir le lecteur en haleine, l’émerveiller ou l’horrifier. Bien sûr, mon style est reconnaissable, mais pas formaté, et je n’abonde pas que dans un seul genre, ceci étant lié à l’inspiration, à l’instant où se forment les premières phrases, le premier paragraphe, et émerge en moi la certitude du genre de roman qui est en train de naître sous mes doigts, avec ses personnages clefs pour le récit. Il est vrai que je verse fréquemment dans le trash, mais je n’ai pas trouvé plus fine et incisive écriture que celle de l’horreur malsaine, des tabous surgis de l’enfer du moralisme pédant et lisse comme un lac splendide aux fonds hantés par des créatures impitoyables et atroces pour créer l’électrochoc, le dépaysement littéraire, et paysager un univers hors-du-commun en amenant peu à peu le lecteur aux tréfonds du romanesque interlope. J’ai beaucoup lu, et continue à lire l’œuvre de Bret Easton Ellis, Mathew Stokoe, Philippe Djian, Stephen King, H.D. Thoreau en passant par Boris Vian, Jean-Jacques Rousseau, Victor Hugo, selon mes critères très éclectiques. Il faut l’avouer, j’aime choquer, être libre, sans retenue au fil des pages, des chapitres, avec une gradation dans le sordide pour faire naître, provoquer des sentiments extrêmes chez le lecteur, auxquels il n’est pas habitué dans un paysage littéraire trusté par les bestsellers bien léchés, propres sur soi, politiquement corrects mais pas vraiment haletants, très guimauve écœurante et vite digérée par les lecteurs assidus. J’aime à penser que l’on se souviendra de moi quand on aura lu un de mes romans, et j’aurai alors atteint mon but : réformer l’immobilisme éditorial classique, pour réveiller les consciences endormies par des milliers de pages esthétiques mais insipides… Cela revient à chercher et trouver des pierres précieuses dans un filon, que j’exhibe ostentatoirement, brutes et envoûtantes, puis taille avec une précision chirurgicale pour former un joyau au charme vénéneux et impitoyable frappant par la beauté malsaine de son éclat artificiel qui provoque la convoitise, exacerbe les sentiments, lequel fascine et emporte le lecteur dans la dimension infinie d’un genre nouveau, d’un univers propre à moi : Ecce Homo…

Ce ou ces joyaux sont représentés par mes romans, assimilables à des pierres précieuses diverses taillées de formes originales d’un certain carat, qui toutes diffèrent et attirent les amateurs, et se transmettent entre eux, s’échangent avec pour tout prix celui du plaisir de découvrir encore et encore, de lire avec grand plaisir comme on admire un joyau, résultat d’un concours de circonstances naturelles sans lesquelles la gemme, tout comme le roman, n’existeraient pas. La valeur s’apprécie au plaisir que l’on prend à lire un roman, ou admirer un diamant par exemple, proportionnel respectivement au style ou à la taille et aux carats de la pierre précieuse. Certains sont exceptionnels, d’autres moins, mais ils forment un tout, un univers, un thème cher à l’amateur qui abonde dans le sens de ses goûts. Maintenant, dire que mes romans sont des joyaux est peut-être présomptueux, mais j’ai passé tant de temps à les façonner que leur valeur est inestimable – pour certains seulement- et éternelle pourvu que le succès soit au rendez-vous.

Le succès… Il définit au premier abord la valeur d’un roman : plus il est vendu et exposé, et plus il est acheté, sans compter le travail de promotion ; certains auteurs sont des valeurs sûres, et trustent les meilleurs ventes tous éditeurs confondus, et acheter leurs romans revient à s’assurer d’un plaisir, d’un temps de détente garanti, tandis que les auteurs inconnus du grand public rament pour vendre leurs œuvres, du moins la première, qui conditionne les ventes futures. Un écrivain est bankable lorsque chacun de ses romans est un succès, puis réédité en collection de poche par la suite, ce qui lui assure l’éternité et la renommée nécessaire à vivre de sa plume, et ainsi de suite… Le problème est que la littérature se sclérose avec ses romans formatés grand public, des must have qui aveuglent les lecteurs par leur mise en avant, le battage médiatique qui les accompagne et entraîne l’achat « yeux fermés » de romans insipides lus sur les plages, dans le train, l’avion, chez soi, qui ne laisseront pas une empreinte durable dans leur sillage. Les outsiders, et j’en suis, écrivent et diversifient le paysage littéraire, et pour ma part choquent et font réfléchir tout en marquant le lecteur par des fulgurances, des concepts, des idées décalées, plus proches de la réalité que ne le sont les romans de gare. Je ne méprise pas les écrivains les plus vendus car leur style, leur imagination, leur documentation est exceptionnelle, universelle mais j’aimerais, en philologue, que leurs romans soient à la hauteur de leur réputation, c’est-à-dire vraiment novateurs – et c’est loin d’être le cas. Tant de romans passés sous silence, perdus dans la jungle éditoriale privent le paysage littéraire de sa diversité et par là-même de son originalité en restant sur le bas-côté du chemin battu des best-sellers… La littérature populaire stérilise cet art de découvertes, car il n’y a que peu de gros vendeurs qui font de l’ombre aux nouveaux auteurs, lesquels passent inaperçus hors des têtes de gondole spécialement trustées moyennant finances, et l’avis commun étant que si un roman est très visible, il est à lire absolument, avec l’appui des médias incontournable. Bien sûr, ces romans sont agréables à lire, mais vite oubliés. Un roman qui marque, pour ma part, n’est pas forcément inhérent à son auteur ni à son tirage, mais à ses idées iconoclastes qui rafraîchissent le plaisir de la lecture, car bon nombre de très grands auteurs français et étrangers sont méconnus bien que correctement représentés. L’immobilisme semble de mise, la direction se réserve le droit d’entrée dans le Panthéon littéraire, et pour beaucoup, « désolé, ça ne va pas être possible… »

 

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