Entre l’instant où le créateur s’engage, s’investit, et celui qui l’adoube à travers une forme de reconnaissance, l’Histoire opère son labeur, charrie ses courants.
Impose son temps.
Le destin et la contingence s’affrontent sans merci.
Jean-Sébastien Bach est tous les temps : tandis qu’il compose, une partie du peuple reprend ses mélodies dans les villages germaniques, la bourgeoisie et la noblesse demeurant pour le moins sceptiques ... Aujourd’hui, le totem est figé, rivé au temps lui-même, ses partitions inondent la planète, comme les mers, les océans, et tous les futurs compositeurs se nourrissent de sa sève ...
Charles Bukowski, parti depuis plus de vingt ans, se diffuse véritablement maintenant, oui, le fauve à la plume corrosive, directe et enlevée est lu, repris, cité par des lecteurs de tous horizons et la jeunesse actuelle s’empare de lui ...
Quant à Edward Hopper, le fondateur de l’expressionnisme abstrait, ses décennies de labeur silencieux, sa discrétion ont bâti une oeuvre unique, singulière, évoquant l’histoire de l’Amérique et diffusant une nouvelle peinture de plus en plus appréciée ... un demi-siècle après son passage ...
Pendant ce temps, l’Histoire continue d’opérer.
Et les créateurs s’approprient encore et toujours le temps. Subjectivement. Pour qu’ils s’adressent à eux. Tôt ou tard.