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Article publié le 3 juin 2018. oOo THÉOGONIE
Allez, à toi. Aime-moi à ton tour. Aime-moi, à mon tour. Je suis femme, aussi. Je suis ta femme : femme d’une déesse-femme de chez nous.
Moi aussi j’eus ma fille d’un Lydien. Plus fine que moi, moins sublime que toi. Une sœur adoptive d’Asie. L’enfance, que je fus. Très douée pour le mètre, et la danse.
Ah mais que je l’eusse préférée de toi. La sentant, de la main, durement pousser en moi (et en toi) comme un aveugle voit pousser des roses en écoutant pousser sa rose.
Elle eût été, simplement, plus sublime. Comme notre idée, pure, à toutes deux. À yeux lisses, paisibles et verts de statue. Telle Athéna. Par elle, nous serions immortelles.
Ah oui, et de combien j’eusse préféré, fond de musc fixateur de ton ambre dans la tiédeur ultime d’un adieu - l’avoir
eue de la foudre, soudaine, de ta langue !!
THÉOGONIE
Car moi, Sapphô, de Mytilène, le proclame cy, aujourd’hui, devant les éternels d’en bas comme d’en haut : je VEUX une fille de toi, rare comme une déesse en ce monde et qui s’appelle encore comme toi <p pour encore pouvoir embrasser le khôl noir de tes yeux sur le ciel brun de ses yeux et le roux alezan de ton sombre henné, plus tard, sur ses sombres cheveux, plus tard, a-do-les-cents
(khôl à plomb subtil comme celui qui ouvre ton œil, le fait briller et le protège)
- et nous ferons un mariage d’enfants de nos enfants, nantis d’habits de mariage de l’autre siècle trouvés dans une vieille armoire odoriférante d’étage de campagne. |
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