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Les quatre maisons
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 Article publié le 3 juin 2018.

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Chapitre 1

 

 

La première maison.

 

 

 Il semblait à Albertine que la disgrâce avait envahi sa vie au moment même de sa naissance. Maudit soit ce funeste jour-là ! Comment diantre ses parents avaient-ils osé l’affubler d’un prénom aussi ridicule ?

 Titine à la maison pour papa maman, s’ait vu attribuer par ses deux frères aînés l’horrible surnom de Pipine qui la mettait dans une rage folle. Et bien sûr quand elle pleurait, les garnements riaient de plus belle. A l’école primaire elle a très vite déchanté, pensant qu’à part les deux petits hommes de la famille, personne ne se moquerait enfin plus d’elle. Complète désillusion, Pipine est réapparue bien vite, convertissant la fillette en une renfermée sur elle-même, inattentive aux leçons de la maitresse, toujours dépassée, en énorme difficulté de compréhension.

  Ce n’est qu’a partir de la puberté qu’Albertine a vu son entourage s’intéresser a elle. Surtout du côté du genre masculin car les formes nouvellement développées ont rapidement attisé une convoitise toujours visiblement excessive. Les garçons de tous âges, pas tout à fait idiots, ont cessé soudainement leurs moqueries en espérant une possible conquête. Les filles, elles, ont redoublé de méchanceté.

 Peu de jours après ses quinze ans, la belle adolescente s’est transformée en fontaine intarissable quand un chauffard, sans permis de conduire, en état d’ébriété, lui a volé sa maman qui traversait innocemment une rue, tranquille sur un passage pour piéton. Papa a essayé, sans succès de noyer son chagrin dans des flots d’alcool, perdant son travail et tombant dans une spirale dépressive sans fin. Il est devenu agressif et quand l’ainé de ses petits gars, son préféré bien qu’il l’ait toujours nié, s’est engagé dans les paras, cela a tourné carrément à la brutalité.

 Pire encore quand le vieux, comme elle l’appelait, a commencé à regarder d’une certaine manière les appétissantes courbes de son anatomie… en laissant peu de doute sur des intentions possibles.

 Ce père que la vie lui a accordé sans aucune magnanimité, n’a heureusement jamais osé passer à l’acte abominable, mais Albertine a fugué. Une première fois rattrapée immédiatement par les gendarmes alors qu’elle voulait rejoindre la grande ville de Lyon en auto-stop Une deuxième fois prise à Saint Etienne en flagrant délit de vol de nourriture dans une grande surface. La troisième tentative sera la bonne.

 Peu avant qu’elle n’atteigne ses dix sept printemps, la fugueuse s’incorpore au sein d’une bande squattant une vieille usine désaffectée dans le troisième arrondissement de la capitale Rhône-Alpes. Ces plus ou moins loubards voient leur effectif augmenté d’une belle jeune fille. Patricia, Patty ou tout simplement Pat donne à tout homme ce dont il a envie, sans contrainte, toujours consentante et bourrée jusqu’aux paupières de marie ou de hachich.

 Celui qui l’aidera a accoucher moins d’un an plus tard était peut être le père, en tous cas ses trois années de médecines ont bien servi la jeune parturiente. Les possibilités de réflexion et d’analyse bien amoindries par les deux drogues dites douces, Albertine allias Pat, a déjà repéré l’endroit où elle abandonnera son fils pour lequel d’ailleurs elle n’envisage pas même un quelconque prénom.

 A quelques centaines de mètres du squat, l’est une petite rue tranquille bordée d’un seul coté par quatre maisons bourgeoises, avec leurs respectifs jardins verts et fleuris, soigneusement entretenus Derrière des grilles très semblables, les constructions, elles, sont visiblement différentes mais ont en commun un aspect bien cossu, confortable et douillet. Sans aucun doute, l’on doit y vivre de la plus merveilleuse des façons.

 Le couple qui habite la première des quatre maisons a été discrètement surveillé ; il paraît des plus sympathiques, et, quelle joie, madame elle aussi avait un ventre bien rond il y a quelque temps. Plusieurs fois dernièrement, Pat a vu une poussette près de la porte d’entrée, engin dernier cri, des freins semblables à ceux des vélos, une capote pour protéger le bébé et un petit parasol. Le chien de la maison, minuscule boule de poils blancs, paraît avoir plus de plaisir à dormir juste à côté, la tête dans la toile tendue entre les trois roues, que de s’installer dans la niche jouxtant la grille de la rue.

  Sur la boîte aux lettres une plaque est vissée avec comme inscription, en lettres toutes simples, R. MONFORT. Il y aurait probablement deux noms si ces gens la n’étaient pas mariés. N’est-ce pas là un signe de bonne augure, alors pourquoi pas eux ? 

 En cette fin du beau mois de mai, il est huit heures du soir, la nuit ne va pas tarder, et Solange Monfort est en admiration devant une petite chose qui dort du sommeil du juste, repue après une savoureuse tétée. Pourtant la maman se met soudain à pleurer, à la maternité personne n’a pu lui expliquer pourquoi cette infection deux jours après l’accouchement. Opérée d’urgence elle a apprit en se réveillant, que plus jamais elle ne pourrait concevoir la vie. Roger ne doit pas tarder. Son travail l’a une fois de plus retenu. Le chien n’arrête pas d’aboyer depuis plus de vingt minutes quand le téléphone sonne.

 -Allo…

 -Madame Monfort, regardez devant votre porte, s’il vous plaît !

  Puis la communication est interrompue. Une plaisanterie sans doute ; un coup d’œil consciencieux entre les rideaux de la salle à manger… personne n’est en vue. A peine la porte entrebâillée, juste retenue par la chaînette de sécurité, Solange le voit. Il est là, dormant lui aussi, alors que Pipon le jeune griffon assagit lui hume le visage. Enveloppé dans une couverture, le tout posé dans un grand sac de sport dont la fermeture éclair n’a pu être fermée complètement.

  -Oh mon Dieu !

 Expression très adéquate, c’est vrai que la famille est croyante et pratiquante. Elle en réfère à son Dieu en toute occasion, en toute circonstance. Dés le hall d’entrée, le ton est donné. Une Vierge Marie souhaite la bienvenue aux visiteurs en leur donnant une bénédiction. Dans la salle à manger, une tapisserie reproduisant La Scène de Léonard de Vinci s’affiche au dessus d’un buffet de merisier style régence. Dans chacune des trois chambres un crucifix trône au-dessus du lit. L’homme efflanqué, coiffé d’une couronne d’épines, cloué sur ses bois, mort ou trop exténué a les yeux fermés et ne peut voir, heureusement, les galipettes de monsieur et madame Monfort.

 Roger, complètement affolé, arrive en même temps qu’une voiture de police toutes sirènes hurlantes et dont les gyrophares bleus se réffechissent sur les vitres alentours. Tout le quartier est aux fenêtres ou sur le pas des portes, y compris bien sûr les habitants des trois autres maisons de la très courte rue. Immédiatement après, c’est une autre douce mélodie qui s’arrête devant la grille, celle d’une ambulance.

 Une enquête va rapidement conduire à la vielle usine désaffectée. Pat n’est plus là, comment s’appelait-elle en réalité ? Personne n’en a la moindre idée. Une difficile procédure de demande d’adoption se met en place pour le couple ravi auquel monsieur le juge confirme la garde provisoire du bébé.

 Après plus d’un an de paperasses, mille et une questions sur la famille, sa moralité et patati et patata, Solange et Roger adressent remerciements à tous les saints du Paradis. Hervé est officiellement confirmé comme un des Monfort. Il n’aura jamais l’opportunité de connaître sa véritable mère ; Albertine, allias Patricia, à plusieurs centaines de kilomètres de Lyon ne pourra non plus prétendre à un droit hypothétique sur son enfant abandonné. Depuis trois mois déjà, elle s’est envoyée très haut dans les nuages en un tout dernier shoot, sciemment surdosé. Physiquement méconnaissable, ayant volontairement détruit ses différents documents d’identité, elle est partie pour toujours : elle repose, anonyme, dans le discret carré aparté d’un grand cimetière.

 Il est temps ! On a que trop attendu. Les fonds baptismaux de l’église de la Sainte Trinité sont une triste cuvette taillée dans une pierre massive et grise, emplie d’une eau sans doute bénie mais où maintes grenouilles font une rapide trempette de doigts avant de se signer. Ils vont recevoir les larmes d’incompréhension d’un petit enfant qui a fait ses premiers pas depuis peu.

 Hervé comprend-il ce qui lui arrive ? Non évidement, mais ce n’est pas grave puisqu’il rentre désormais dans la grande famille de la fraternité chrétienne catholique. Il pourra maintenant mourir en toute tranquillité, sans risque aucun de se retrouver dans les flammes de l’enfer. Croyant ? Pas encore ; pour croire, il faut d’abord toute une éducation. Un patient et méticuleux apprentissage où systématiquement la part du doute est effacée, gommée, pas même envisagée en fait, ou alors sous la forme d’un très vilain péché.

 Il faut inculquer la peur à ce petit être fragile. Lui enseigner la foi qui scellera les solides barreaux de sa prison dorée. Avec un peu de chance il ne se réveillera jamais et transmettra à son tour dogmes, sornettes et couleuvres. Il n’y a qu’un an que ses yeux sont ouverts et le futur voile de la croyance est déjà prêt pour l’aveugler…Plus tard au catéchisme, des valeurs très particulières, toutes apparemment voulant faire de lui la perfection humaine, lui seront données en même temps qu’il assimilera d’invraisemblables affabulations.

 Le bon chrétien devra souvent fermer les yeux sur bien des méfaits, voir des atrocités faites tout au long de l’histoire au nom d’un Dieu de grande bonté. Crimes souvent commis par cette magnifique église elle même. Cette institution barbare et inquisitoire qui est tellement fière, qu’elle s’en est auto sanctifiée. Il devra obéir, adorer, prier et suivre les consignes même en temps de conflit, dénoncer les vilains aux étoiles jaunes, aux drapeaux rouges ou aux cravates roses. Ecouter son délégué suprême sur terre, l’homme vêtu de blanc nageant dans l’opulence en prêchant la pauvreté…s’appuyant sur des textes antiques et dépassés, guide totalement incapable de s’adapter aux exceptionnelles conditions de notre temps moderne. Et surtout ne pas oublier de payer l’aumône quémandée par ses sous fifres d’ecclésiastiques. Si le Dieu d’amour ne mange pas, ses représentants sur terre ne peuvent pas boire que de l’eau. Il leur faut du bon vin et de la soie sauvage pour leurs cousins, afin qu’ils puissent y péter confortablement. Que l’église ne puise pas de trop dans ses réserves, ces richesses accumulées en presque mille cinq cents ans de vols et de pillages.

 La première maison va modeler, à partir d’un enfant à la douce pâte, innocent à sa naissance, un adulte qui oubliera d’être. Ce verbe si beau quand il n’est pas suivi d’un quelconque adjectif ou complément d’objet. Il ne sera que ce qu’on a fait de lui, un animal bêêlant bon à tondre, la toile plombée de la profonde croyance l’ayant rendu aveugle. La peur l’empêchera à tout jamais d’ôter une pesante chape posée sur lui et qu’il pensera divine…

 

 

 

 

Chapitre 2

 

 

La deuxième maison.

 

 

 

 Albertine, depuis sa naissance, n’a pas eu de chance ; du moins c’est elle qui le prétend. Comment diantre ses parents ont-ils osé l’affubler d’un prénom aussi ridicule ? Ses deux frères ont très vite transformé le charmant diminutif de Titine en horrible Pipine, jouissant de faire pleurer la petite fille.

 Cela ne s’était pas arrangé à l’école primaire ni en secondaire du moins au début. Quand des formes harmonieuses ont avantageusement arrondi Albertine plus tôt que les autres préadolescentes, les garçons ont changé d’attitude. Pas si bêtes pour tenter leur chance dans un flirt, ou voir, pourquoi pas quelque chose de plus poussé. Beaucoup du côté des filles, probablement par jalousie, ont redoublé de Pipine, de pipis et de méchantes « pines ».

 A quinze ans maman est partie pour un monde soi-disant meilleur, emportée sur un passage pour piétons par un chauffard sans permis… mais non sans alcool.

 Papa hélas, lui aussi s’est réfugié dans la boisson. Il a perdu un travail par ailleurs compromis par une grande vague de licenciement, épuration nécessaire dans sa boîte afin de réaliser encore plus de bénéfices et de pouvoir délocaliser la production. Le père est devenu agressif, brutal ; puis un jour, peu après que le grand ne se soit engagé dans les paras, une flamme malsaine s’est allumée dans ses yeux en regardant les courbes bien prononcées de sa fille.

 Albertine a fugué. Sa troisième tentative a été la bonne, cette fois la gendarmerie ne l’a pas cueillie sur la grand-route faisant du stop pour rejoindre Lyon. Une bande de jeunes squattant une vieille usine désaffectée dans le sixième arrondissement de la capitale Rhône Alpes, s’est enrichie d’une dénommée Patricia, vite diminuée en Patty puis en Pat.

 La belle ado, grillant pétards sur pétards se remplit de hasch et de marie. D’autre chose aussi car elle fait le grand bonheur des garçons, elle est toujours disponible, toujours consentante, pas étonnant si son ventre va rapidement s’arrondir. Peut-être que c’est le père qui va l’aider à accoucher, dans ces cas là trois années de médecines peuvent servir à quelque chose.

  Pour l’enfant, c’est un petit garçon, la décision est prise depuis plusieurs mois. Pat a repéré non loin de l’usine, une ruelle calme où seulement quatre maisons font face au mur décrépi d’un parc privé. Toutes sembles bien cossues, bourgeoises, et en apparence au moins, les habitants ne semblent pas être de ceux qui ont des problèmes économiques. Pourquoi avoir choisi la deuxième des quatre ? Aucune raison particulière, un détail peut-être a attiré l’attention de la jeune, mais les volutes de fumées lui ont fait oublier lequel. En tous cas c’est devant celle-ci qu’elle abandonnera son bébé.

 Sur la boîte aux lettres fixée à la porte de fer forgé donnant accès au jardin devant la maison, une plaque toute simple. Mr et Mme SABBA.

 Le couple n’a pas d’enfant, deux fois Myriam en a perdu un, deux fois à ses trois mois de grossesse et les médecins n’ont pas pu lui dire pourquoi. Henri pleure parfois, il lui faut accomplir la loi, l’ordre de Yahvé. « Tu procréeras » Il y a cinq ans qu’ils sont mariés et leur amour est fort. Tous deux se réfugient dans leur foi et prient le tout puissant pour avoir une digne descendance. Les frères et sœurs d’Henri sont partis en Israël rejoindre la terre promise, ils font désormais partis d’une nouvelle colonie, implantée sur des terres récemment libérées de la tutelle arabe par la force, vivant avec leur fusil fixé à portée de main sur le tracteur qu’ils apprennent à conduire.

  Vie magnifique des pionniers colonisateurs qui attire irrésistiblement monsieur et madame Sabba, fiers de leurs origines, de leur Judaïcité, fiers qu’un Dieu juste et équitable ait porté leur race au sommet de son élection, laissant en net sous-entendu que tous les autres resteront inexistants pour l’éternité.

  Touf, le minuscule caniche ne cesse d’aboyer, il est une heure du matin quand le téléphone intempestif et agressif sonne… Une voie féminine parle et raccroche immédiatement :

  -Regardez devant votre porte.

  Henri se lève, pas âme apparente dans le jardin mais Touf continue de plus belle. A peine la porte entrouverte précautionneusement en laissant la chainette de sécurité, un juron retenti :

  -Nom de Dieu ! Suivi d’un : –Pardon.

 

*******************

 

 Bien des années ont passée, tout vêtu de noir, de longues tresses de cheveux tombantes sur ses épaules, Samuel Moïse Sabba se frappe presque la tête en un geste répétitif sur l’une des grosses pierres du Mur des Lamentation à Jérusalem. Il passe désormais sa vie entière à l’étude de la Tora et prêche avec conviction l’éviction totale de tous les Palestiniens, par l’extrême violence si nécessaire.

 D’une forme plus conventionnelle cette fois, comme un mystère inexplicable de la vie peut arriver, un autre bébé est venu agrandir la famille, un garçon, puis de nouveau quelques années plus tard.la petite dernière. Ils sont trois frères et sœurs qui se ressemblent. Albertine avait-elle remarqué sa similitude physique avec Myriam ? Personne ne pourra un jour lui poser la question, il y a très longtemps qu’un dernier shoot, sciemment surdosé, l’a propulsée dans un monde dit meilleur.

 Samuel ne saura jamais qu’il aurait pu vivre en bon catholique pratiquant, tout aussi aveugle que lui, portant le gentil prénom d’Hervé sur ses mêmes épaules.

 

 

 

Chapitre 3….

 

 

….La troisième maison

 

 

 Elle s’appelle désormais Patricia, que l’on raccourcit bien sûr fréquemment en Pat ; elle reste persuadée que son vrai prénom a été la source de tous ses tourments depuis sa naissance. Maudits soient-ils, comment avaient-ils osé l’affubler d’un horrible Albertine…les parents sont décidément d’une inconscience !

 Titine vite transformé en Pipine puis Pipi ou Pine par les deux garnements de frères rien que pour la faire enrager pendant que papa maman ne comprenaient rien.

 A l’école le problème est resté car la méchanceté des enfants, quand ils sont en groupe, est bien connue. Les railleries incessantes ont recroquevillé la petite fille dans sa coquille et fait d’elle une réticente à toute forme d’enseignement. Ah, bien sûr que les garçons ont cessé leurs moqueries quand des formes appétissantes sont apparues sous le corsage et que les fesses rebondies ont remplies jupes et pantalons moulants. Les filles moins privilégiées par dame nature ont redoublé de haine.

 Un chauffard, sans permis de conduire mais plein d’alcool, ayant emporté maman qui traversait tranquillement un passage pour piéton, papa est tombé dans l’infernale spirale de la boisson. Il a perdu un emploi déjà rendu vacillant par une prochaine vague de licenciement et quand l’ainé s’est engagé dans les paras, l’enfer a commencé pour la belle adolescente de quinze ans. Un jour, une flamme dangereuse s’est allumée dans le regard du père quand elle se dénudait pour aller prendre une douche. Il n’a pas osé mais la petite a fugué.

  A sa troisième tentative un groupe de marginaux, squattant une vieille usine désaffectée dans le sixième arrondissement de Lyon, s’enrichit d’une belle n’ayant pas encore ses dix sept printemps. Les hommes sont contents de la nouvelle, pleine de hachich ou de marie elle est toujours disponible pour un gros câlin…Il ne faudra pas longtemps pour que son ventre s’arrondisse. Un des potes, un des amants, avec ses trois années de médecine est surnommé Doc, c’est lui qui mettra au monde un beau bébé.

 -Celui-là, y a pas à dire, il est de Mohamed, c’est son portrait tout craché !

 Non loin du squat Pat a repéré une rue tranquille où quatre maisons font face au long mur décrépis d’une imposante propriété. Une de celles-ci abrite une nombreuse famille d’origine magrébine. Certainement des gens aisés car c’est une grosse Mercedes de belle cylindrée qui dort dans le garage. Pat a observé que deux des enfants males étaient bien grands, déjà des adultes, l’un d’entre eux dépassant probablement vingt deux ou vingt trois ans. C’est devant leur porte qu’elle abandonnera son enfant.

  A huit heures du soir un petit être endormi est laissé face à son destin inconnu avec un simple petit mot explicatif sous sa légère couverture : IL EST DE VOTRE SANG. Pas de procédure d’adoption, les parents vont faire croire que le bébé est né à la maison, fils indigne de Aïda, qui n’a que seize ans et qui est revenue il a peu de temps d’Algérie. La honte de la famille l’aurait gardée cachée sous le toit paternel. Un ami médecin, prévenu de la singulière situation, accepte de signer un document attestant qu’il a mis au monde le bébé.

 Le fils d’Albertine s’appellera désormais Armed Youssouf Berka.

 

***********************

 

 Au plaisir manifeste de papa maman, dés l’âge de quatorze ans, ce petit doué fréquentera une école coranique de réputation à Vénissieux dans la proche banlieue lyonnaise. Centre religieux où, hélas, on enseigne plus la violence de l’Islam que la grande bonté qu’il contient également. Les bourrages de crânes « déshumanisateurs » seront efficaces.

 Le citoyen français Armed Youssef Berka part à dix huit ans pour un voyage touristique d’agrément…en Afghanistan. Il va mourir, criblé de balles, en criant Allah est grand ! Les Mollahs, ces fous de Dieu, vont faire de lui un héros ayant donné sa vie pour la Guerre Sainte, ignorant complètement que cet homme aurait pu tout aussi bien s’appeler d’un acceptable Henri Monfort mais également d’un abominable Samuel Moïse Sabba.

 

 

 

Chapitre 4.

 

 

….La vraie maison.

 

 

 Un an de bataille, d’avocats, d’enquêtes, de psys, des quiatres et des cologues, d’assistantes sociales, d’association de protection de l’enfance, de différents juges mais enfin ils y sont parvenus. Le bébé abandonné devant la porte de la rue, un fait oublié maintenant mais dont toute la presse avait parlé à l’époque, le petit garçon donc, est bien de la famille.

 La vraie mère ? La police à suivi les traces d’une certaine Patricia disparue d’un squat des environ. Personne ne la retrouvera jamais, elle repose anonyme, bien loin dans le carré aparté d’un grand cimetière, un dernier shoot volontairement surdosé l’a ôtée des griffes de ce monde cruel.

 L’enfant ne recevra aucune éducation religieuse, seul l’amour lui sera inculqué. Hors des connaissances prétendues indispensables acquises à l’école, puis au lycée et enfin à l’université, la famille Richard le préparera peu à peu à devenir un homme libre de toute contrainte, qu’elle soit idéologique, politique ou religieuse. Aucune chape d’obscurantisme ne va le recouvrir et la lumière d’une vie sans chaîne éclairera son chemin.

 Abandonnant ses acquits, ses diplômes, surdoué pour les manualités, il va se consacrer à plus de trente cinq ans et en repartant complètement de zéro, au beau métier d’ébéniste marqueteur.

  Noé Richard est, du beau verbe être qui n’a, dans ces cas, nul besoin de complément d’objet ou d’adjectif

  

  

  Albertine aurait-elle accouché de quatre enfants différents ?

 

 

 

 

 Il n’y a, pour le malheur de l’humanité, pas de FIN. Rien ne parait pouvoir changer…

 

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