Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
  
Jul
Navigation
[E-mail]
 Article publié le 21 janvier 2019.

oOo

De cela même qui

Dédale de plumes

*

Poules picorent

Soucieuses

Toujours un œil posé sur le ciel

Pris de vertige, le ciel, sous le poids de ces milliers d’yeux

Quand les œufs éclosent

Poules et poulets, coqs et coquelets ne suffisent pas

A renverser le ciel

Grandes virgules noires s’abattent régulièrement

Sur la volaille affolée

Renards s’en mêlent dans les terres aux abois

Queue de feu, adorable bête vouée aux gémonies

Par les viandards de tous poils mâles et femelles

*

 

Sérénité à toutes épreuves de nos armées épuisées

Pas de relève, pas de répit

Et dire que la veille encore les armes se taisaient

Rangée dans leur fourreau les sexes de fer ne rouillaient pas

Astiqués qu’ils étaient jour après jour par des mains heureuses

Avides d’en découdre

*

 

L’érection du peuple eut lieu une nuit de lune morte, je me souviens

La gibbeuse n’était plus

Entre chien et loup, une troupe d’assaillants s’en prit à la grande porte de bois sculptée

Odin en fut pour ainsi dire défiguré l’espace d’un instant

Qui devint immémorial

Les coups de hache pleuvaient sur sa face bombée

La convection amortissait les coups

Et, chose remarquable, les cicatrices du bois se refermaient aussitôt,

Tandis que sapins et épicéas verdissaient de plus belle

Semblables en cela aux ifs vénérés

 

Odin revenait sans cesse fixer les petits yeux de nos ennemis

Narguait les haches et les marteaux

La grande porte de bois

Résista jusqu’au matin du dernier jour de Jul qui en compte douze

Criblés de flèches rouges, brûlés jusqu’aux os par des seaux de plomb en fusion

Nos assaillants gémissaient comme des nouveaux nés

Tous en gésine, bras arrachés, cuisses disloquées,

Echines brisées, dos broyés

Armes brisées, chair en charpie

Sous les yeux riants d’Odin

 

Vint le temps du vent d’hiver

La marée humaine broyée, la machine à broyer,

Tout fut recouvert en quelques heures d’un épais manteau de neige

 

Nous ouvrîmes alors la grande porte de bois sculptée

Julfit son entrée joyeuse dans notre camp retranché

Avec douze jours de retard

Les années fertiles défilaient sous les traits de nos femmes,

Tandis qu’hommes en pleine force de l’âge et vieillards chantaient à tue-tête

Des hymnes à Odin et Freyr et Frigg

 

Qu’un brasier terrestre, et puis d’autres et d’autres encore s’élève dans la nuit noire

Et lèche les étoiles et sourit à la lune et se pourlèche

Comme loups repus après une chasse heureuse,

Un festin de cerfs éviscérés

Rappelle à tous les hommes

Le retour prochain des lumières

Que les terres accueillent dans l’unique,

L’unique raison d’être au monde

Qu’est la vie des hommes et des bêtes

 

Jean-Michel Guyot

12 janvier 2019

 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -