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Article publié le 21 janvier 2019. oOo De cela même qui Dédale de plumes * Poules picorent Soucieuses Toujours un œil posé sur le ciel Pris de vertige, le ciel, sous le poids de ces milliers d’yeux Quand les œufs éclosent Poules et poulets, coqs et coquelets ne suffisent pas A renverser le ciel Grandes virgules noires s’abattent régulièrement Sur la volaille affolée Renards s’en mêlent dans les terres aux abois Queue de feu, adorable bête vouée aux gémonies Par les viandards de tous poils mâles et femelles *
Sérénité à toutes épreuves de nos armées épuisées Pas de relève, pas de répit Et dire que la veille encore les armes se taisaient Rangée dans leur fourreau les sexes de fer ne rouillaient pas Astiqués qu’ils étaient jour après jour par des mains heureuses Avides d’en découdre *
L’érection du peuple eut lieu une nuit de lune morte, je me souviens La gibbeuse n’était plus Entre chien et loup, une troupe d’assaillants s’en prit à la grande porte de bois sculptée Odin en fut pour ainsi dire défiguré l’espace d’un instant Qui devint immémorial Les coups de hache pleuvaient sur sa face bombée La convection amortissait les coups Et, chose remarquable, les cicatrices du bois se refermaient aussitôt, Tandis que sapins et épicéas verdissaient de plus belle Semblables en cela aux ifs vénérés
Odin revenait sans cesse fixer les petits yeux de nos ennemis Narguait les haches et les marteaux La grande porte de bois Résista jusqu’au matin du dernier jour de Jul qui en compte douze Criblés de flèches rouges, brûlés jusqu’aux os par des seaux de plomb en fusion Nos assaillants gémissaient comme des nouveaux nés Tous en gésine, bras arrachés, cuisses disloquées, Echines brisées, dos broyés Armes brisées, chair en charpie Sous les yeux riants d’Odin
Vint le temps du vent d’hiver La marée humaine broyée, la machine à broyer, Tout fut recouvert en quelques heures d’un épais manteau de neige
Nous ouvrîmes alors la grande porte de bois sculptée Julfit son entrée joyeuse dans notre camp retranché Avec douze jours de retard Les années fertiles défilaient sous les traits de nos femmes, Tandis qu’hommes en pleine force de l’âge et vieillards chantaient à tue-tête Des hymnes à Odin et Freyr et Frigg
Qu’un brasier terrestre, et puis d’autres et d’autres encore s’élève dans la nuit noire Et lèche les étoiles et sourit à la lune et se pourlèche Comme loups repus après une chasse heureuse, Un festin de cerfs éviscérés Rappelle à tous les hommes Le retour prochain des lumières Que les terres accueillent dans l’unique, L’unique raison d’être au monde Qu’est la vie des hommes et des bêtes
Jean-Michel Guyot 12 janvier 2019 |
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