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Marie-Amélie / modèle vivant
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 Article publié le 24 mars 2019.

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Dans cet espace d’apparence neutre, la lumière vespérale commence à étendre son aspect ductile.
Oui, la lumière du jour finissant s’infiltre encore, pour quelque temps, sa chute donnant plus de clarté au derme présent.
Au modèle féminin.
Ici, là, au centre.
Un prénom composé hyper-féminin, constitué de cinq syllabes et autant de rythmes ou saccades, à la fois ancien et moderne - intemporel en somme - , impose sa chair compacte et relâchée, pleine d’une énergie déjà pleine, aux yeux de tous, ainsi que du mien qui l’absorbe sans cesse, dans un mouvement interne de conscience.
Cette créature, cette jolie et jeune créature semble issue des oeuvres de Courbet.
Marie-Amélie, ainsi, ne serait-elle pas l’origine du monde ?
Marie-Amélie ne serait-elle pas la reprise ?
La reprise de l’origine du monde ?
Dans les mouvements lents du squelette, dans les changements de position qui fragmentent le temps, les nervures du dos s’arrogent le primat, comme autant de sillons, de tracés énergiques, dont l’effet est de sculpter le corps, lui donner une forte identité subjective.
Des différentes parties du corps, quelle que soit la position, le dos et sa colonne semblent vaincre, oui, ils s’assurent la suprématie métonymique d’un tout dont toutes les régions émettent leurs propres sémaphores. La nuque et les épaules, maintenant, accueillent une cascade capillaire éparse qui repose paisiblement sur la chair. Des épaules massives et cintrées qui accentuent le hiératisme charnel d’une colonne souple et ferme à la fois, parachevant une esthétique dorsale qui soutient à elle seule l’ensemble du squelette.
Ce qui domine, chez cette jolie créature, c’est le concept d’enveloppe, oui, une enveloppe oblongue qui dessine des courbes simples campées dans la terre, des courbes enracinées.
Qui nous projettent, par exemple, dans l’univers de Flaubert et des comices, dans les paysages de bocages où la nature est puissamment travaillée par la main de l’homme, à travers les couleurs chaudes, les périmètres ou surfaces larges ...
Dans un XIXe siècle où la peinture de Lautrec impose l’évidence du féminin au sein d’espaces publics ... ou privés ...
Le squelette de Marie évoque non seulement la moisson mais aussi le soleil ...
Quant à la fixité de son visage, maintenant, il imprime un profil altier dans le plan, un profil dont les proportions ne sont pas sans rappeler le style gréco-romain, marqué par une stricte géométrie.
La silhouette s’apparente à un sablier dans lequel la gorge et le bassin sont en dialectique, une dialectique singulièrement harmonieuse.
Une évidente et placide énergie ressort de l’ensemble, comme une fierté sans conscience - organique, donc - de sa propre générosité.
L’omniprésence du cercle et de la rotondité, identifiant avec précision les régions génitales respectives, sont des marqueurs séduisants qui réapparaissent différemment à chaque nouvelle position. Quant à la toison, quant au pubis, il affiche une rousseur triangulaire aussi stricte que Mondrian ...
Rodin n’est pas loin ...
Vermeer peut être fier de sa jolie jeune fille ...
Sa décontraction générale et son relâchement comme naturel en font un être, une femme profondément continentale.
La bouche et son panorama semblent eux aussi pénétrés par la rousseur, le contraste avec la blancheur du derme ne faisant qu’accentuer cette impression.
La machine fantasmatique ne tarde pas, déjà, à émettre force suggestions. Les substantifs guêpière, porte-jarretelles, chaussures à talon ou encore balconnet se chargent de recouvrir la silhouette jusqu’ici désapprêtée. La couleur ocre se répète à travers les tissus, mélangée à du blanc qui apparaît çà et là sous la forme de discrets motifs ou de doux liserés.
Marie-Amélie resurgit, désormais, sous un autre jour, dégageant la même impression de docilité et de liberté, les positions érotiques classiques étant fortement suscitées ...
Avec Marie, le coït s’associe directement à la fécondation.
Avec Amélie ...
Je reprends : la densité du squelette est là, avant tout, avant d’être soumis au flux de la narration, ainsi qu’à la succession incessante, maintenant, de fantasmes tous plus fermes et fugitifs les uns que les autres.
La sagesse ne voudrait-elle pas, maintenant, que la narration devienne suspension ?

 

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