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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - C’est dans ces conditions que je rencontrai Luce (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 26 janvier 2020. oOo C’est dans ces conditions que je rencontrai Luce (LUCE mais je vais me contenter (dit-il) de Luce) Un jour de vent, d’enbata, après-midi sommaire De la plage l’été / gavé de Parigots ambre solaire / Serviettes prenant leur vol dans le ciel encore Bleu de Prusse lavé au blanc d’Espagne : cruelle Déjà la jambe extraite du sable de son enfouissement. « Veuillez éclairer ma chandelle qui chancèle : / Est-ce bien le travail qui les nourrit ou le poisson ? » Durs tétons soumis aux impératifs du regard, Un pli ventral surmontant la ceinture du slip. « Non pas horreur des crabes qui viennent mourir On se demande pourquoi sous les pieds du touriste / M’emmènerez-vous à l’horizon de cette Cantabrique ? ô toi que je n’ai pas encore rencontré ? » : regrets Exprimés un jour de marché passant par Gastelu Zahar : « Je suis venue pour… » Balles de cuir Claquant deux fois / « mon cher poète je viens Puisque papa est d’accord pour passer l’été À la mer plutôt qu’à la campagne mais il est vrai Que l’héritage familial commence à exiger des Travaux hors de prix : l’hôtel se substituera aux Murs décrépis et les embruns aux relents des Fenêtres : Je vous écris de Beyrouth où maman Est retournée en Enfer : ne m’en veuillez pas si Je vous raconte tout ça sans les préliminaires
Qui éclaireraient (vous avez raison) à la fois Mes pleurs d’enfant et mes rages de future Prostituée : car je ne vois pas comment ni Pourquoi je deviendrai ce que vous espérez De moi / » Crasse des parapets sous le cul Mouillé des précipitations : mais à l’abri De la terrasse du casino (de ses ruines salées) Enfouis (une fois de plus) mais cette fois dans Les tortillons de papier de la fête là entassés Par la main-d’œuvre municipale : deux êtres Qui cherchaient à se distinguer de la masse Cognant les vitres du living avec des becs D’envie et d’égoïsme : « la marée est, vois- Tu : descendante — nous n’avons rien à Craindre d’elle : puis la nuit cèlera le mensonge : Sceau hérité de la peur de mourir trop tôt : Sans voir : oh : sans avoir : mais sait-on ce qui Refusera de se donner : je te promets : tais- Toi : ne dis rien : laisse le silence : écoute : Nous sommes seuls : et pourtant déjà trois. »
Nous ne tuons pas : nous travaillons : des mouettes Attendent au large du cap le retour des travailleurs De la mer : passé la nuit à se plaindre de la fraîcheur, Nus dans l’amas des tortillons : d’autres nous imitant : Ce silence à peine rompu par le charme : la mer est Constante dans la rumeur : fidèle dans la marée : Changeante comme le regard : selon que le soleil Abandonne son pouvoir sans réplique à la Lune. Sans un mythe à la clé l’existence est une production De l’esprit en proie aux contraintes sociales : visite Ailleurs qu’à Venise : les lieux ne respirent que la mort. Je n’irai pas te rencontrer ici ou là : au hasard ou Sur catalogue proposé par ces vitrines : le seul lieu Est dedans : comment espérer revivre dans la pratique Des visites et des terrasses ? Nous aurons le temps D’y penser en passant : « papa m’a dit que l’amour Est une nécessité vitale : autant pour soi que pour La pérennité des : choses : il a dit : « chose » : et : J’ai pensé : toi : j’arrête d’écrire aujourd’hui : dommage Que la communication coûte si cher à nos minables Portefeuilles (citation) / papa a réparé l’espagnolette »
Qui ne veut pas beaucoup ne veut rien.
« Nous sommes tombés sous le charme des eaux : Tu sais : le bruit du clapotement dans les entrailles Des murs : ici c’est le rocher qui se propose à la place Des palais : je t’envoie (pour une fois) une carte postale : À mon avis de très bon goût : rares sont les paysages Aussi bien reproduits : tu me diras : tu dis toujours : Finalement : mais papa se fait de gros soucis : à cause De son cœur : qui n’est plus le fidèle compagnon De ses voyages : il le repose maintenant dans les hôtels. Tu me diras (tu ne manques jamais de le dire) si l’été Se plaint de mon absence : j’ai rêvé (enfant) de tendre Une corde entre ces deux rochers emblématiques : idée De funambulisme (le côté cirque hérité de ma mère) ou : De balançoire avec petite culotte pour les vieux messieurs !
« Je n’ai jamais rien rencontré d’aussi beau À voir et à approcher d’assez près pour savoir Tout d’elle : vous m’en direz des nouvelles ! »
« Un jour, nous n’aurons plus d’argent : ou
— Et alors… ? — Et alors je ne sais pas ce qui arrivera… — Nous ne mourrons pas ensemble : je veux dire : Pas en même temps : à la seconde près : et alors ? — Nous finirons sur la paille si ça continue comme
— Ou ça ne finira pas parce que la mort surprend
— Encore un peu de vin… ? — C’est ça ! Intoxiquons-nous ! »
Les pieds dans les bottes de caoutchouc. L’herbe perçant la vase de la baie à marée basse. Le croc sur l’épaule et le regard perdu Dans les complexités phénoménales de l’estuaire. Le lombric sans queue ni tête et sa femelle. Poursuivi quelquefois par des filles en fleurs. Mais rarement seul comme il le désire encore Malgré les cabotages : canne de fibre et Mitchell. Cuillère et bulle. Plomb des profondeurs. Le fil Déplaçant le rayon solaire en onde : vu de loin Ou dans la lunette d’approche jouant avec La lumière du matin qui s’accroche encore À la nuit : « si tu n’as pas bien dormi c’est ta faute ! » Sur la langue l’acidité du lait : « ce que je veux, Tu le voudras toi aussi ! » Sur l’autre rive un gardien Mais sans troupeau : juste une zone délimitée Par la hiérarchie : obéir pour ne pas mourir de faim. Tandis que les bancs de louvines profitent de la marée Pour se jeter dans les bras des prédateurs : piliers Du pont couverts de cette populace avide non pas De cette chair mais de ce qu’elle rapporte : si on a De la chance ou : si on s’est bien battu : ô femme je Me suis battu avec ton frère : mais il n’en mourra pas ! Nous jouons : au mousse, aux dés, au travail, au lit : J’y pensais quand elle a croisé mon chemin : Luce Aux yeux de marée d’équinoxe : acrobate à cheval Dans l’écume : cheveux noués comme la crinière : Il fallait à tous prix qu’on évoque Venise et ses fêtes.
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