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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - arbeit macht frei, mein hilh ! (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 18 octobre 2020. oOo Aurore d’angoisse le ciel vu à travers le verre cathédrale et ses fils d’acier le ciel à portée de la main mais le barreau s’oppose Poldy me soutient embrassant mes hanches est-ce que je vois ce que je vois ? animation de nuages peut-être . pas un visage une rumeur incessante soumise à ses heures plus haut l’écaille frémit entre deux fissures le soleil tournoie entre le rouge et le vert je n’ai pas vu le personnage de cette attente rien réveillé dans la cité qui me nourrit ni le passé ni l’Histoire . un siècle passe et je suis hélé par l’attente de loin . c’est le sexe qu’on enferme . punition ou traitement radical Poldy me repose et le sol se dérobe sous moi . il le sait . le sol en fuite horizontale . rapide comme l’Amazone . décalcomanie des rivages et des peuples nus . à même la peinture vieille et craquelée . le fusain au sfumato des visages que la mémoire retient comme autant de barques à la dérive . est-il possible que je la perde finalement ? puis le retour dans le lit saupoudré . le tournoiement des idées accrochées à leurs objets de théâtre . le signe orchestral secoué comme mouchoir des adieux . mescal retrouve le rythme des rails . comme à la parade sur un cheval blanc . cheveux au vent d’été . le dernier été sans intervalle d’automne . l’hiver interminable . et cette idée que le printemps est fidèle au rendez-vous . on ne me l’enlèvera pas . des ans que je n’ai pas souri à un mort . cercueil des catalogues entre les draps . qui suis-je si vous m’oubliez ? sein brûlé au tison de l’hiver . ce clignotement orange est-ce le carrefour ? dans l’angle cette proposition de croisée des chemins . je n’ai pas connu la joie . la transe m’a occupé l’esprit . à la guitare ou dans le costume de Polyeucte . l’esprit ravagé par les neuf queues . Dire que Sous les ponts l’eau ne se lasse pas sauf en été Quand elle devient aussi paresseuse que les autres . miné par les taudis et la trouille . d’où viens-tu si tu n’es pas né pour vivre ? sous les statues le Nil des espérances . balle dumdum . sang des chœurs formés par les coulisses . la différence de potentiel au carreau . verre des nécropoles . en sautoir . imitation des cris d’enfants . nuits des sardines . quittez cette chimère, et m’aimez . vers trempés au choc des alchimies proposées par ce siècle postrévolutionnaire . étoilés à peine remis entre les mains du siècle suivant . moyen-âge des fées tentées par l’arbeit macht frei des dieux . cahier d’un retour sur les lieux . à distance imposée par sentence et procédure . tu ne reviendras pas (dit Poldy) . rien pour atteindre le verre illuminé par les complexités du jour ou les feux couvés de la nuit . le feu s’inverse . le public est applaudi . un autre . j’ai failli mourir plus d’une fois . j’ai donné la mort à la mort . bras ouverts du désir en joie . retrouvé Molly dans son lit . écouté son cœur . chamade des romans à venir . quel enfant en bout de table ? saisissant le couteau par la lame . et l’assiette en miettes . pas une goutte de sang sur cette nappe des communions familiales . voulez-vous voyager avec moi jusqu’à Vladivostok ? des fois le dirigeable n’en fait qu’à sa tête, vous savez . . . fruit écrasé comme guêpe au bord de l’assiette . des sœurs bourdonnent dans le dos . guetteuses patientes . arbeit macht frei qui dit le contraire ? toutes à l’assaut des postes d’avant-garde . « donnez-leur un but . et vous les avez dans la poche . pour longtemps . ère du temps qu’il fait » . qui va plus vite que le vent ? . la feuille (pourvu qu’elle tombe) . ce matin crevé comme l’abcès . Poldy réchauffe le verre entre ses grosses mains expérimentées . graphite emprunté au crayon raccourci . avec quoi j’écris si je pense ? travail . ils et elles arrivent à l’heure des contrats signés pour la vie . libres d’aller où ça leur chante . décollant les affiches des agences ils les emportent à la « maison » . derrière le verre cathédrale des jours et des nuits . soleils et néons . réverbérations des murs et feux de joie des trottoirs . mais bien plus que moi-même . voilà le hic . ici et pas ailleurs où tu n’habites pas . travail posté de Poldy . rotation incessante malgré les vacances . ça le déroute quelquefois . il viendra mourir ici . nunc des perspectives réduites par manque de chance . d’autres survivent . qu’est-ce qu’un matin d’angoisse comparé à ces soirs de douleurs naissantes ? Cher hilh, bien reçu ton chant. Je me suis éloigné de notre terre. Sans compagnie. Mais avec un billet et un programme imposé. Pas d’amis de rencontre pour l’instant. Je vais et je viens. L’océan sous mes pieds et le vent dans le nez. Côtes peuplées après la houle. Des îles comme sur le papier. Mêmes couleurs. Les femmes. Leurs filles. Les ustensiles traditionnels. L’objet des étagères. Pas de poèmes. Si toutefois la chanson n’en fait pas office avec la danse pour prétexte. Qui ne nous hait pas ici ? J’ai presque honte de n’être pas né parmi eux. Les murs sentent le combat fratricide. Les rideaux volètent avec les oiseaux. Chats perchés. Et autres chienneries de l’Histoire. Langage approximatif des gestes invitant au repos ou à la fête. Je ne suis nulle part chez moi. Je te souhaite d’avoir trouvé le lieu… ton [paÿ] — « bon dieu il n’y a pas que le sexe ! » Des pages retournées d’où elles viennent. Îles comme semées dans l’esprit aux aguets. On passe devant ces portes sans s’arrêter / Foxhole dans les écouteurs / « marrons grillés À toute heure » / le pont Bonaparte sous la pluie / plus loin les fenêtres des trains à l’arrêt / rectangles De lumière jaune comme aux dés / « non, papa, ya pas que le sexe mais faut bien y passer… » Giclées bleues des caténaires / acier contre acier / la torsion sonore des courbes / la crasse des pas Qui attache / « devant ces portes personne ne voit ce qu’il est : en réalité » / chiffonne tes lettres / La langue noircie par la mine des passants rapides / « l’intérieur de ce que nous sommes » / un chat Plutôt sympathique mais qui n’a pas l’intention De quitter les lieux : il stoppe net devant le passage Clouté / considère l’éloignement et frotte sa moustache / « pas que le sexe et pourtant j’en ai vu » / les soirs Quand tout rentre dans l’ordre du sommeil : psy Sur le paillasson reluquant ses chaussures / « ce que je veux : c’est ne pas sortir d’ici » / le soir et sa nuit En couche / les disparitions une à une puis le néant À la place du silence / « avant j’étais le type que tu vois là » / une nuit de sommeil : arbeit macht frei, mein hilh ! Pelant le marron / cette crasse goûteuse / la trogne noire Du Gitan éclairée par la braise / yeux plissés aux volutes / « t’es déjà venu voir ? » / « c’est pas comme le Jardin des Plantes / ça ressemble à rien de ce que je connais de la vie / sans refrain l’ode des enfermés » / le cornet Servira à allumer le feu « si tu es sage » / « ya rien comme le tabac pour se préparer à mourir / pas même la télé » On entend de ces choses… Avec les bons mots que l’esprit Inspire au critique autoproclamé. Qu’est-ce qui s’est vraiment perdu ? On ne sait pas où on va, on travaille Pour être plus libre que l’enfermé. Plus libre ne veut pas dire libre, je sais. « Si tu écoutais ce qu’on te dit, mein hilh, mais c’est pas à travers les murs qu’on vit » Obscures paroles prononcées alors que le mur A rejoint les rejetons de la mémoire. Le train s’est ébranlé lourdement Dans la nuit / le tunnel est une métaphore Facile mais bien vraie, ma foi !
Puis l’orage des printemps. Renouvellement des pluies. Le carreau comme limite. Jamais l’été au bout du fil. C’est en enfer qu’on finit. Libres enfin de penser au sexe Comme si l’Université se branlait À la place de ces mômes verts. L’écriture moins l’écrit en Hercule. Ou le contraire par effet de miroir. Cette renaissance incessante Et nue, ces jeux d’eaux sans fontaine. Braoum et Ouah Ouah en concert. Gouttes scintillantes des grillages À poule, au portail les animaux Domestiques se laissant caresser Par les larbins désillusionnés. La pluie arrive par le sud-est, C’est bon signe, signe de vent Mais qui a parlé d’une mer d’huile ?
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