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 Article publié le 8 novembre 2020.

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Séparé de la montagne par l’air que j’ai à respirer, mais la montagne c’est l’air encore. L’air aux lèvres entr’ouvertes, comme accroché. Là, je heurte.

André du Bouchet

 

Viel hat von Morgen an,

Seit ein Gespräch wir sind und hören voneinander

Erfahren der Mensch, bald sind wir aber Gesang.

Friedrich Hölderlin

 

« L’argument de ma poésie (…) est la condition humaine considérée en soi et non pas tel ou tel évènement historique. Ça ne signifie pas se tenir à l’écart de ce qui se passe dans le monde, ça signifie uniquement conscience et volonté de ne pas échanger l’essentiel contre le transitoire (…). Ayant ressenti dès ma naissance une totale disharmonie avec la réalité qui m’entourait, la matière de mon inspiration ne pouvait être que cette disharmonie. »

Eugenio Montale dans Confessioni di scrittori (Intervista con se stessi), Milan 1976

 

Le visage, encore chose parmi les choses, perce la forme qui cependant le délimite [...] Et cependant cette nouvelle dimension s’ouvre dans l’apparence sensible du visage. L’ouverture permanente des contours de sa forme dans l’expression, emprisonne dans une caricature cette ouverture qui fait éclater la forme.

Emmanuel Levinas, Totalité et infini

*

Voilà donc ce que nous pouvons affirmer en l’état actuel de nos connaissances.

C’est dans ce cocon tissé avec patience et méthode que le chercheur lambda, tenace et patient, modeste mais fier et longanime, œuvre à la recherche de la vérité quant au sujet qu’il a choisi de traiter. Un magnifique papillon en sortira peut-être un jour et prendra son envol devant ceux et celles qui peuvent le voir.

Il s’agit de faire barrage à des affirmations approximatives, à des demi-vérités, des intuitions infondées ou des assertions mal étayées et d’ainsi faire taire l’arrogance d’une bêtise bavarde qui se transmet et se propage si aisément pour « finir » sous la forme vague et nébuleuse d’une doxa qui s’impose à tous, le prêt à penser qu’il est si commode d’enfiler comme on endosse une veste, avant d’aller au turbin, chacun, bien sûr, par les temps qui courent, se sentant affilié à tel ou tel courant de non-pensée selon ses affinités.

Il faut, à défaut de la faire disparaître, intimider la bêtise qui se loge dans le verbalisme, les affirmations gratuites dénuées de fondement solide pour faire collecte de faits établis sur la base desquels, alors seulement, l’on peut se permettre d’édifier quelques hypothèses dont la fécondité reste à éprouver. Tout cela dans un espace protégé - pour combien de temps encore ? - qu’on appelle Université.

Un travail propédeutique, en quelque sorte. Mais il faut bien, tôt ou tard, en finir avec les prolégomènes et avancer en terre inconnue avec pour seul éclairage ce que l’on sait, en courant ainsi le risque de manquer l’inconnu dont on ne sait rien, pas même qu’il s’agit de l’inconnu.

Ce moment de la découverte est fort étrange. Un lièvre est levé : quelque chose d’inconnu est reconnu comme tel puis exploré, fouillé, quadrillé, analysé, décortiqué, conceptualisé, c’est-à-dire saisi dans un mouvement conceptuel qui s’élabore à son contact.

Mais, et là est la grande question, les connaissances élaborées le sont-elles en fonction de l’inconnu ? est-ce l’inconnu qui insuffle un élan nouveau à la recherche en cours en lui inspirant des vues et des voies nouvelles ou, hélas, avons-nous affaire à un mouvement de saisie qui plaque sur l’inconnu des concepts qui lui sont extérieurs, qui, ainsi, rabat l’inconnu sur le connu ?

Des connaissances nouvelles ne sont reconnues comme telles qu’en rapport étroit avec ce qui était déjà connu auparavant. Un appareil conceptuel étayé par une culture scientifique solide est indispensable, si l’on veut défricher des terres nouvelles en quête de nouveauté.

De deux choses l’une alors : ou bien les connaissances nouvelles deviennent de simples nouvelles connaissances qui viennent s’ajouter aux anciennes ou bien elles bouleversent tout un ensemble de connaissances acquises qui doivent être repensées à nouveaux frais, l’inconnu ayant suscité chez le chercheur une théorie nouvelle à la hauteur de l’enjeu qui se présente à lui et qui explique des faits jusque-là passés inaperçus, purement et simplement ignorés, tout en ouvrant de nouvelles perspectives à la recherche qui peut et doit encore progresser sur la base des connaissances théoriques nouvellement dégagées au contact de ces phénomènes nouveaux.

Connaissances cumulées ou théorie nouvelle qui contraint à repenser tout un ensemble de phénomènes qu’on pensait connaître : cette deuxième option n’est possible qu’à la lumière de faits ou de phénomènes nouvellement découverts, phénomènes qui peuvent être aussi anciens que l’univers, mais ignorés jusqu’alors, parce que non perçus par les cinq sens et pas encore repérés-observés par les appareils de mesure dont on dispose à un instant T.

Les grandes découvertes fortuites ne viennent pas de nulle part, elles surviennent dans un cadre expérimental existant qui révèle, de manière inattendue, un ou plusieurs phénomènes qu’on ne cherchait pas, et pour cause : on en ignorait jusqu’à l’existence. Une découverte fortuite peut déclencher un mouvement de recherche qui amènera à d’autres découvertes, et durant ces recherches de nouveaux phénomènes pourront apparaître auxquels on ne s’attendait pas. On peut aller ainsi de surprise en surprise, avec toujours le souci de rassembler les données nouvellement découvertes dans un ensemble théorique capable de les formaliser.

Au cœur de ce vaste mouvement de recherche, la recherche fondamentale porte bien son nom : une recherche appliquée, tôt ou tard, épuise son objet de recherche : seule la recherche fondamentale peut relancer la recherche appliquée en lui offrant de nouveaux champs d’application.

Nous ne sommes plus à l’époque où un alchimiste, sur la base d’une hypothèse farfelue, découvre - l’urine jaune contient peut-être de l’or ! - le premier élément qu’on appelle communément le phosphore dont on fera bien vite des allumettes.

On peut considérer l’univers tout entier, le minéral, mais aussi le végétal et le vivant dans son ensemble comme une source quasi infinie de découvertes aux applications multiples, médicales par exemple, et technologiques au sens large. Ce projet humain, foncièrement cartésien -l’homme seigneur et maître de la Nature - produit de la technique censée améliorer la vie des gens.

Le mythe du progrès scientifique indéfini, l’avenir radieux, couplé ou non au rêve du Grand Soir, a fait long feu. Nous sommes entrés de manière irréversible - sauf catastrophe - dans l’ère technique. A l’euphorie des débuts entretenue par quelques exaltés s’est substituée une forme de fatalisme dans le grand public, chacun s’accommodant plus ou moins facilement avec les « inconvénients » qu’engendrent des techniques nouvelles qui mettent au premier plan la caste prolifique des ingénieurs. On nous a vendu le progrès pour le confort matériel qu’il procure, on nous vend désormais la sécurité dans un monde dangereux. Comme c’est amusant : ce monde technique entièrement orienté vers le profit de quelques-uns prétend proposer des solutions à des problèmes qu’il a lui-même engendrés. Clairement, on se fout de nous. On a le couteau sous la gorge : qui oserait se priver de tous les avantages techniques qui nous facilitent tant la vie, nous distrait et nous fournit des emplois ? On nous fait régulièrement le coup du grand retour à l’âge de pierre.

Des intérêts économiques puissants mais aussi des ambitions politiques qui peuvent devenir délirantes sont à l’œuvre dans ce contexte technophile.

Nous en sommes arrivés à promouvoir une technologie vertueuse, respectueuse de « l’environnement », mais ce Grand Soir écologique peine à faire rêver, inspiré qu’il est par un cauchemar annoncé : la fin du monde, enfin, de notre monde. Toutes les vieilles lunes millénaristes et messianiques peuvent venir s’accrocher à la grande dystopie en vogue, comme des moules à la coque d’un vieux rafiot resté trop longtemps à quai.

Espérer ne fait pas une politique, sauf à entremêler religion et politique, ce qui tend à se dessiner dans le monde islamique déchiré entre tradition et modernité honnie et chez les Juifs « orthodoxes » qui veulent restaurer l’Israël des temps anciens partout où une présence juive est historiquement attestée en Palestine.

On aborde là des questions de plus en plus vastes et intriquées qui soulève le problème, à mes yeux, insoluble, de l’activité humaine qui part dans toutes les directions, qui n’est que contradictions, conflits d’intérêt et conflits idéologiques de tous ordres, bref, me voilà dans l’embarras, il est temps que je resserre mon propos !

La recherche fondamentale est le parent pauvre de la recherche dans le monde, car ceux qui financent - états, fondations privées - veulent des résultats rapides pour pouvoir commercialiser les nouvelles inventions élaborées sur la base de nouvelles découvertes (matériaux et nouveaux systèmes dans tous les domaines de la vie humaine).

La course actuelle au vaccin, promesse de bénéfices colossaux (et enjeu politique : ceux qui trouveront feront la preuve de leur supériorité techno-scientifique, la seule qui vaille de nos jours.) est un exemple édifiant de ce qui se joue désormais à l’échelle planétaire : il faut aller vite pour sauver des vies dont on a besoin pour faire fonctionner l’économie et pour asseoir son pouvoir, de plus en plus personnel de nos jours.

Comment nommer les choses et les êtres, en ces temps difficiles, n’a jamais été aussi crucial. Faut-il parler d’autocrates quand on songe à un Poutine, un Erdogan, un Xi Jing Ping, et j’en passe ; Trump est-il un populiste ? Macron, un monarque ? Y a-t-il des dictateurs et dans quel pays ? La science politique, toute en nuances, et la géopolitique doivent donner des réponses pour mieux observer ce qui se joue à l’heure actuelle, « au jour d’aujourd’hui », comme disent les imbéciles.

L’inconnu a maille à partir avec le langage, tous les langages qui engagent sur des voies dangereuses, stériles ou meurtrières le plus souvent. Car enfin, si complexes que soient un système, une théorie ou un objet technique, ce qui importe avant tout, c’est d’en transmettre la compréhension et l’usage à des fins d’instruction (reproduire les élites techno-scientifiques) et de les vendre dans tous les sens du terme (vanter pour vendre, vendre en vantant les mérites, faire du fric).

On le voit : le point aveugle de cette réflexion tendue, c’est la poésie, le rôle de la poésie, sa place dans le monde. Je reviens toujours à mes premières amours qu’à vrai dire je n’ai jamais quittées. Je ne me satisfais pas tant que cela de me sentir étranger au monde dans lequel je vis, mais pas le choix.

L’inconnu qui reste inconnu et reconnu comme tel, c’est le potentiel infini que recèle le langage, carrefour obligé de toutes les activités humaines, « depuis que nous sommes un dialogue ». 

Arrivé à ce stade, et négligeant la question inopportune du rôle de la poésie dans la cité, dans un monde prosaïque, même truffé de religiosités, ces épaves des temps anciens, objets culturels désuets d’une brûlante actualité pour les sectaires de tous poils et même les modérés, j’en reviens à mon point de départ antérieur à tout souci de connaissance utile à même de satisfaire et la curiosité de quelques humains et leur soif de prestige et la cupidité d’autres encore.

Ne se dressent devant moins aucun sommet intellectuel, aucune œuvre éminente de tous les âges et de toutes les civilisations passées et présentes pas plus que je n’aperçois une vaste plaine à la surface de laquelle se trouveraient exposées tous les chefs d’œuvre de tous les arts pratiqués depuis qu’il y a ce qu’on appelle l’art.

Je ne vois qu’une page blanche.

Une plage blanche aussi bien dans le sable fin et humide de laquelle un enfant s’amuse à tracer des signes et qui, las de ce jeu, empoigne des galets plats et se met à faire des ricochets sur l’eau agitée. Peine perdue. Il comprend bien vite que ses pierres plates ne ricocheront que sur les eaux calmes d’un fleuve ou d’une rivière, alors il s’enfonce dans les terres, et ses pierres ricochant avec grâce sur les eaux de la rivière élue sont si belles qu’il appelle ses parents qui doivent absolument « voir ça ». Les pierres qui ricochent sont autant de rythmes qui se dessinent là sous ses yeux, tandis que les ondes concentriques, invariables dans leur forme, mais variables dans leur amplitude, soulignent tout ce qui est là comme allant au-devant de lui, immobile, intact et si parlant.

Depuis que le monde est monde, depuis que temps et langage coexistent dans la pensée humaine, une aventure se poursuit, tonitruante ou discrète, inféodée à des puissances supérieurs ou sauvage et libre dans la stricte mesure de ses moyens mis en œuvre au sein d’une communauté humaine qui laisse faire voire encourage cette perte de temps non consacrée à la production de biens matériels, à la chasse ou à la pêche, à la cueillette ou à l’agriculture, depuis que tout cela se déploie bon an mal an, il existe des hommes et quelques femmes dont le nombre va heureusement grandissant que notre tradition appellent poètes ou poétesses.

Tous et toutes s’affrontent à l’énigme du langage qui permet de s’exposer à toutes les énigmes possibles et imaginables en les posant toutes.

Tout à la fois musicale dans ses rythmes et ses timbres et quête d’un sens qui n’est pas donné d’emblée, la poésie du poète se confie au langage auquel ce dernier se fie.

Si rien n’est donné d’emblée que le langage qui semble recéler en lui toutes les ressources qui permettent de façonner le monde, il n’en reste pas moins que le poète bute sur l’énigme capable de résoudre ou de refouler tôt ou tard toutes les autres - c’est son seul véritable crédo - : le langage s’interroge à travers la parole que ce même langage rend possible, tandis que cette parole interroge le langage dans ses fondements et ses potentialités.

Interrogation qui n’a rien de scolaire, qui peut, à vrai dire, se passer de toutes questions explicitement formulées, car poétiquement vécues, en somme le là de l’être dans qui est là dans l’être qui donne le la à la parole qui se fait entendre.

Sachant, soit dit en passant, que cette parole peut prêcher dans le désert d’âmes mortes à la poésie, en ces temps de détresse, in dürftiger Zeit.

Même rageuse et distordue, convulsive et révoltée jusque dans ses fibres les plus intimes, une parole qui tente de se faire entendre répond à l’appel sourd du langage, en fait une source claire et audible, déchirante ou lancinante, suave ou rauque.

Mais pourquoi l’appel est-il sourd ? Comment peut-il être audible ?

Il en est du langage comme d’une demeure qui ne se découvre qu’une fois qu’on a poussé sa porte et franchi le seuil, à cette nuance près que la demeure ne devient réelle qu’au fur et à mesure que nous avançons dans cet espace que notre parole réalise pas à pas.

Si l’être n’est nulle part et les étants partout, alors que dire du langage ? être ou étant ? La linguistique en fait un étant, un objet d’étude comme un autre, je ne puis m’y résoudre.

A dire vrai, l’être est présent partout à la fois, omniprésent dans la manifestation de chaque étant, pour cela l’insaisissable dont on ne peut se dessaisir, le langage étant dans cette économie générale de l’être ce qui le manifeste, le rend manifeste à soi-même, dans les paroles poétiques, la pensée et les dialogues entre égaux de bonne foi.

Ce « soi » qui persiste et subsiste en deçà et au-delà de toute parole proférée, nous le nommons l’être qui advient au langage dans les langues qui disposent de ce verbe intransitif et que la parole active en en faisant un verbe transitif qui transit tout ce qu’il nomme ; le physicien atomiste parle de matière, déroule en équations ce qu’il en est de la matière.  

Qu’adviennent le mot et la chose - matière devenu matériau ou objet d’étude, objet, ustensile, outil et mots pour les nommer et en agencer le sens dans le sens d’une action planifiée, concertée ou non - qui font deux pour ne devenir qu’un dans le multiple de paroles plurielles pouvant se développer jusqu’à l’infini, et voilà la poésie qui se pointe et s’épointe parfois jusque dans l’extrême du silence.

La matière de l’univers précédant tout langage, il est raisonnable de penser de prime abord que le langage en est l’émanation sinon l’expression qui précède toute expression dans un cerveau doué de capacité langagière. Ce qui nous conduit à affirmer le primat de la matière sur le langage toujours second et peut-être unique dans l’univers. En revanche, dans cette perspective, il nous faut accorder la primauté au langage qui fait de nous des humains, ce qui n’empêche nullement l’existence d’autres modes de communication découverts dans le règne végétal et le règne animal.

De même que l’on peut considérer que les atomes communiquent entre eux dans un jeu de forces hypercomplexe, de même l’on peut raisonnablement estimer que le langage humain et les autres formes de langage propres aux végétaux et aux animaux met en rapport plantes, arbres, animaux, humains séparés les uns aux autres. Ce faisant, la communication communique, l’être se manifeste, advient à lui-même dans un jeu d’échanges polarisés.

De l’être, on peut dire qu’il est communication, tout entier communication, que cette communication le révèle comme communication antérieure à toute prise de parole singulière sur quelque sujet ou non-sujet que ce soit.

Que l’on se place à l’échelon atomique, à l’échelon moléculaire, à l’échelon du vivant, tout ce qui est entre en communication avec ce qui est, ce qui nous donne à penser que l’être ne cesse de converser avec lui-même d’étant à étant.

L’on peut alors émettre l’hypothèse que le langage - la communication par excellence pour nous les humains - prolonge cette faculté qu’ont tous les étants, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, de communiquer entre eux selon des « lois » que tous les domaines de la physique, de la chimie et de la biologie s’emploient à élucider et à fixer, une loi étant considérée comme valide, si ce qu’elle énonce a une valeur prédictive dûment démontrée.

On n’entrera pas dans le détail de théories qui anticipent la preuve expérimentale, remarquons simplement que la pensée scientifique est suffisamment hardie et sure d’elle-même pour pouvoir s’aventurer dans un royaume d’idées qui précèdent, et parfois pour longtemps, des observations obtenues via des processus expérimentaux qui fournissent des données en grand nombre.

La pensée, parfois, précède l’observation du phénomène qu’elle postule. Et d’observation en observation, la compréhension des phénomènes non seulement s’enrichit mais induit de nouvelles théories qui, à leur tour, etc…

L’être, ce « soi » qui persiste et subsiste en deçà et au-delà de toute parole proférée, est la condition sine qua non et per quam de tout langage. Mais être et langage, toujours, font deux, l’un fondant l’autre, le langage se déployant dans le temps qu’il faut à l’être pour se déployer dans les plis du langage qui assume la charge temporelle qui agit-agite l’être en permanence.

Celui-ci, qui n’est jamais un celui-ci que dans le langage qui dissocie, faisant toujours défaut à lui-même, n’étant que d’être en défaut de lui-même, tout entier temporalité glissante, ruissellement, à défaut d’être le Un intangible et éternel qu’en ont fait les religions monothéistes.

Hors langage mais concevable uniquement dans le langage, l’être n’est que l’il y a anonyme et bruissant qu’aucune oreille n’écoute, tant que l’être humain n’est pas là pour y prendre garde.

Le grand bruissement anonyme découvert par Levinas et Blanchot lorsqu’ils faisaient ensemble leurs études à Strasbourg, ressenti et vécu dans l’intimité puis discuté et approfondi dans leurs échanges verbaux, voilà la grande découverte matricielle qui permettra à ces deux penseurs d’aller à l’inconnu. Heidegger, Bataille, Blanchot et Levinas entrent alors en dialogue à travers les philosophies contemporaines, créant un débat d’une richesse extrême.

Hölderlin, René Char, Paul Celan, André du Bouchet, dans ce dialogue à voix multiples, ne sont pas en reste.

 

 

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