La statique et la mobilité se disputent les paysages féminins.
La phénoménologie de leur présence, si elle incarne un élément puissant de vie, agit comme un lénifiant. Elle s’apparente à un tableau en lequel le champ oculaire dessine ses propres figures, en interaction avec les courbes qui lui sont proposées.
Dans le cadre urbain, c’est-à-dire l’espace public, les vêtements - vecteurs suprêmes de l’érotisme - conduisent la rétine à une grande mobilité. L’asphalte, l’automobile, les galeries marchandes, les haltes du logos, les mouvements du squelette dans le champ professionnel... la subjectivité masculine opère un tri permanent jusqu’à ce que, parfois, le miracle s’opère : l’une d’entre elles attire, dilate et régénère l’attention.
Il en va de même pour l’art photographique. Les nombres comme indénombrables de clichés se suivent sans se ressembler, dans une sorte d’industrie qui conduit l’attention à demeurer flottante. Jusqu’à ce qu’un modèle provoque la cristallisation. L’effet est instantané. La mémoire capte la globalité, ainsi que ses composantes. La dimension esthétique du modèle, probablement mystérieuse, diffuse une onde constituée d’énergie et de séduction. De profonde et irrémédiable séduction. Des statues narratives, ainsi, émettent leurs sémaphores érectiles sous la plume qui prend un certain nombre de détours à la fois objectifs et subjectifs avant de parvenir à la transmutation du sujet. A sa véritable nature, en somme, perçue par la narration.
Parfois, la machine fantasmatique se met en marche afin de s’approprier du mieux possible la beauté imposée au regard. Ici, là, maintenant. Ou simplement parce que cette femme suscite maints scénarios tous plus dynamiques et singuliers les uns que les autres...
Après le déchaînement fantasmatique et l’érection sans cesse en ruine de séquences purement spéculatives qui mettent aux prises l’objet en question et la masculine intention, apparaît le reflux, synonyme d’une quiétude génératrice de paysages retrouvés, les descendants en quelque sorte des squelettes initialement évoqués. Comme si rien, absolument rien n’avait changé. Si ce n’est l’accentuation du choix masculin, un choix désormais délavé.