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 Article publié le 9 mai 2021.

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 « Mettre bas ? Oui, c’est ce que la littérature fait à propos du réel ». S.P

 

 

 La littérature est forcément prométhéenne, avais-je écrit il y a plus de dix ans, en décembre 2009 précisément.

 Il est possible d’apparenter la littérature abstraite à un mouvement dynamique hyper-subjectif qui se glisse à travers la matière, les formes géométriques de l’espace urbain, qui laque la nature, pénètre dans les esprits, dans les intervalles de temps pour se muer en glissements narratifs.

 Aller de l’avant ou conquérir est une évidence, oui, annexer l’existant qui n’est plus que ruine afin de créer l’Empire.

 La littérature abstraite et sa façon novatrice de nommer les choses et d’appréhender le monde sont un nouvel humus qui ne s’est pas créé ex-nihilo – toute innovation repose sur de l’ancien – mais à partir d’un certain nombre de forces narratives antérieures dont celles inventées par le Nouveau roman ( lire Du Nouveau roman à la nouvelle abstraite, 20 septembre 2020 ). J’éprouve sans doute des sensations analogues à celles que l’on pouvait ressentir au sortir du grand chaos de 39/45, qui a conduit à penser différemment le monde. L’état d’hébétude qui prévalait était propice à la reprise de l’Histoire, du moins pour ceux qui le désiraient véritablement. Et la croyance en la Révolution n’était pas une chimère, terreau propice, également, à la régénération des formes narratives pour ne citer que la littérature.

 La littérature abstraite reprend l’histoire de la description et des rapports humains, reprend les problématiques du désir et de la subjectivité, les mettant en exergue par le biais d’un métalangage en évolution. Et sa lecture doit se faire ici, là, maintenant, car elle n’est pas à l’avant-garde ou réservée à des esprits beaucoup plus avertis que d’autres, même si Jean-Michel Guyot, essayiste de talent, a construit un commentaire savant sur l’un de mes textes – Phénoménologie du baiser – , provoqué d’ailleurs par l’émotion, sa sensibilité touchée le conduisant à glisser vers une spéculation pertinente sur le concept d’abstraction qui traverse ma littérature.

 A l’instar de la recherche scientifique dont les éventuels résultats seront connus demain, dans un futur imminent, proche ou lointain, une recherche qui peut parler d’elle-même à tout public si elle le souhaite, la littérature abstraite est une méthode d’investigation, mais du champ littéraire, et donc du monde. Elle peut aussi s’expliquer avec simplicité – sans se condamner à l’approche vulgarisatrice par surcroît, sans prétendre en aucun cas à l’exhaustivité, étant en cours de développement depuis plus de vingt ans désormais. Et si ce développement s’est fortement accéléré ces dernières années ( lire Littérature et abstraction II, 31 mai 2020 ), il ne modifie en rien l’axe cardinal de sa lecture : il ne faut pas réellement chercher à comprendre mais plutôt à ressentir, autrement dit à aimer.

 Aussi sophistiquée soit-elle, la littérature abstraite, comme toute forme d’art nouveau - une sonate, un tableau, un long-métrage - doit être appréciée. Elle est donc avec tout un plaisir de lecture qui deviendra peut-être le prétexte de discussions, de débats, de spéculations.

 Littérature de conquête, donc, et d’abord de soi. Oui, l’auteur que je suis tâche d’obtenir sa place dans un monde où les forces rétrogrades et la peur de la liberté, décidément, sont tenaces...

 La littérature abstraite est un scanner qui se propage partout avec une clarté et une détermination implacables, diffusant ainsi sa propre transparence et, comme je l’ai déjà mentionné, la transparence de l’instant. 

 

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