" J’ai longuement et minutieusement - littérairement, en somme - écrit sur le divin Jules.
Et j’y reviens, ici, avec plus de distance encore ". S.P
Jules César, c’est avant tout un style.
Au-delà du parcours de l’outsider aux multiples facettes - militaire, politique, littéraire - , se dessine une figure éminemment esthétique au centre de laquelle une nouvelle vision du monde et avant tout de Rome surgit. La concentration de l’éventail des possibilités devenues successivement concrètes en un seul esprit, voilà sans doute ce que César incarne, dans un pragmatisme rapidement absorbé par la métaphysique.
Bien au-delà de l’ambition noble, qualité qui peut aisément se corrompre, c’est la vision qui caractérise César, dans un prolongement personnifié au travers du terme visionnaire. Comme tout visionnaire, il est doté d’une formidable abstraction qui seule permet d’avoir le recul nécessaire pour modifier la réalité. Et faire surgir le réel. Le style de " La guerre des Gaules " en témoigne ( comme je l’ai écrit dans mon essai " Un regard sur Jules César " ), ouvrage de propagande certes, mais aussi littéraire, qui met en forme l’étonnement pour ne pas dire le ravissement d’un général en conquête qui découvre un cadre spatio-temporel si émouvant qu’il lui rend hommage. Jonction entre le devoir et l’émotion.
Le destin de la pensée césarienne et césariste ne pouvait être qu’impérialiste.
Oui, César devait annexer sa propre civilisation pour la régénérer. Non pas en démiurge, mais en homme éclairé, en homme global investi par la vitalité de sa mission.
" Caesar... " prononcé à l’anglo-saxonne, aujourd’hui, par une jolie fille qui s’applique, sous la férule du Narrateur, soucieux de faire respecter la justesse phonétique d’un nom clamé partout sur le globe, et dont l’esthétique de la sonorité atteint peut-être son paroxysme en faisant d’abord sourire les jolies filles... dont la bouche se referme partiellement en une jolie figure hiératique.