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Choix de poèmes (Patrick Cintas)
Dialogue de poètes (extrait)

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 Article publié le 6 mars 2022.

oOo

— Le plus loin possible poussons
comme on le fait dans la chanson
qui rime avec la poésie.

— Rêvons plutôt d’analgésie
par le moyen que nos deux pieds
offrent pendant qu’on est entier !
On voit bien qui c’est le coupable
avant de se remettre à table.
Quelle idée de faire d’un mur
ce que jadis un bon fémur
garantissait à l’anonyme
qui s’adonnait à un vrai crime
dont l’un des deux faisait le mort
pendant que l’autre sans effort
en composait le faux poème !
Le temps change tous les systèmes.
Depuis tu devrais savoir ça !

— Je dis pousse et même fissa !
Pour l’argument qui nous déroute
on verra plus tard si j’en doute.
Devant, derrière et au milieu
on se conjugue comme on peut.
Tous les fragments de l’existence
ne mènent pas à la potence.
Heureusement pour les guignards
dont on fait les meilleurs bagnards !
Ce qui compte c’est l’apparence
et là on n’est pas en avance !
On sait faire mais en retard,
ou alors c’est par pur hasard
qu’on réussit là où le bourge
se comporte comme une courge.
L’existence est une addition
qu’on fait payer au pauvre con
pendant que d’autres se la grattent.

— Ah ! Des fois ce que tu m’épates !
Tu te connais comme pas deux
et je m’oublie sans les aveux.
J’additionne et tu multiplies.
Voilà pourquoi c’est moi qui plie
pendant que toi d’un doigt majeur
tu pousses mais sans la douleur.

— Et c’est qui qui conduit l’ensemble
à la baguette, que j’en tremble ?

— Ça m’aide un peu, je reconnais,
mais le principe aragonais
qui veut du nouveau à la rime
ne serait-il pas pousse-au-crime
quand le poète d’aujourd’hui
préfère l’oiseau au cuicui ?
Lecteur, je pousse et tu m’encules,
ce qui me pousse à l’opuscule
et au fragment qui fait florès
et impose ses palmarès,
ses gueules farcies à l’oseille
et ses caméras qui surveillent
à l’école comme au turbin.
Les poètes sont jacobins
ou ne sont plus à la manœuvre.
Cocos et cathos à pied d’œuvre,
sous la terre et même dessus,
manches à balai et bossus,
bouffent lauriers par la racine.
Morts ou vivants ça ratiocine
sur ce qui est et qui n’est pas
poésie comme veut l’État.
J’en ai l’anus régionaliste,
même pire que nihiliste.
Dans la deudeuche notre mort
ne connaît rien de mes efforts.
Virgile laisse un beau poème,
un truc bien fait comme on les aime,
mais je ne lis pas le latin !
Et dans mon cul ton baratin
prend plaisir sans nous reproduire
comme voudraient Dieu et ses sbires.
Je pousse vers je ne sais quoi !
Et on me dit que sans la foi
je ne suis rien qui peine vaille !
On exige de la marmaille,
du cimetière à l’hôpital
de l’épargne et du capital
et de l’éducation en masse.
Du coup quand je lis je grimace.
J’ai une bite dans le cul
et c’est moi qui pousse bossu
la queue molle et des bleus à l’âme.
Mais l’Université réclame
plus de culs que d’esprits réglos
et de l’honneur dans les grelots,
du fayot et du privilège
et un pompon pour le manège.
On monte les petits chevaux
pour remporter le prix qui vaut.
Quant au prix qui vaut ni que dalle,
c’est le meilleur qu’il nous signale !
On peut toujours à l’étranger
trouver même de quoi bouffer,
mais le français ne se partage
qu’entre Français et à l’étage,
après s’être essuyé les pieds
sur les paillassons des paliers.
On a déjà le cul en larmes
et devant pas assez de charmes.
On devient vite un vrai clodo,
même des fois quasimodo.
Et on revient, comme en Russie
le possédé qui balbutie
des complots et des fins de soi.
J’en ai la glotte dans l’émoi
rien que de penser à ces choses
qui de mon malheur sont la cause.
Et quel effet cela fait-il
de ramoner sans le pistil
qui convient à ces étamines ?
Je t’avoue que je m’achemine
sans avoir trouvé le chemin.
Ce pays je n’y comprends rien !
Je parle la langue officielle
et même je fais mieux qu’icelles
qui la tirent pour vous sucer
ce que mérite l’officier
qui a l’honneur en bandoulière
comme d’autres dans le derrière.
Je ne ménage point l’effort
et je le fais sans les ressorts
qui soulèvent le fonctionnaire
quand sa pensée devient précaire
malgré la garantie d’emploi.
Je pousse comme veut la Loi
et tu m’encules quand je pousse.
La Loi le veut et je retrousse
le manche que j’ai par devant
pour que derrière au bon moment
tu retrouves le goût des clauses
qui me privent d’une overdose
en cas d’abus d’explications.
L’essentiel c’est que ma fonction
de tout le monde soit comprise.
Je suis le lecteur qu’on méprise,
mais qui pousse la 2CV
sans laquelle rien de nouveau
ne sort du gland qui fait office
comme qui dirait de prémices
mais sans le sacre du printemps.
Le mort que tu as mis dedans
n’attend plus rien de cette France.

— Tu métaphores dans l’outrance !
Comment veux-tu que le nigaud
qui est jacobin par défaut
comprenne ce que tu veux dire ?
Pousse sans tirer de ta lyre
l’apologue de nos pépins.
La poudre de perlimpinpin
de l’analogie rafistole
des idées bonnes pour la taule
où je n’ai pas envie d’aller.
Pousse ! Je vais éjaculer !

 

De "La trilogie française"

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