Toi Jujubier
À la peau rêche
Rebelle et libre.
Toi arbre
Aux mots-épines
Toi mémoire toi présence
Au champ d’honneur
Je savoure comme je pleure
Tes saveurs féminines.
Tant de chasseurs incultes
Ont cru prendre ton âpre fruit
Pour du gibier de potence
Toi écorce au cœur diaphane
Géranium, Pétunia
Tu te fais verre ardent
Que je lève
À ta vie, à ta mort
Tant de marchands d’histoire
Du cimeterre ont courbé le cours
Ont-ils cru d’un coup de sabre
Ton nénuphar cesser sa flottaison ?
Toi Néflier
Qui de tes offrandes,
Jusque de tes ascètes branchages,
Tu fis de nous des aiguillons
Au milieu : en quinconce
Notre jardin de Mûriers ombragé
Ont-ils cru de deux coups de plomb
Tu ne puisses te répandre d’un Poème ?
Toi Djaout rêveur villageois,
À la rosée du matin,
− Pris au grossier piège
De l’apprenti berger du Ciel
Toi Chardonneret
Au gazouillis impertinent
Toi Orme de Samarie
Vêtu de mots-bois
De leur langue aux abois
−Venin d’apocalypse
Ont-ils seulement cru ta charpente
Par leur haine dépolie ?
Toi Tahar le maritime
Parle, parle encore
Jamais tu ne te tairas
Tes multiples fruits
Gonflés de sève
Tes miels essaimés
Sur nos sentiers jonchés de pierre
Nous cueillons
De nos rustiques écuelles
Ton nectar de joie amère
Tu es Olivier
Et dédaignant leur furie
Tu nous invites à l’ombre
Du Chant ancestral
Nos figues trempées
Dans ton huile.
Tournent
Et tournent les bœufs
Au soleil de midi brûlés
Pour cet unique blé
Qui est ton langage.
Vois, Toi poète peintre
Ton œuvre
Aux mille floraisons !