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 Article publié le 12 juillet 2008.

oOo

comme les autres



Dis toi bien
Sous acide
Qu’on se borne aux clichés
Aux bals des années 20
Et aux vols à la tire
Mais de grâce on y vient
Aux pardons séculaires
Que le coeur nous soumet

Dans le gel
C’est inutile
De foutre le camp
Puisque je suis né trop tard

Bien tu me diras
Qu’on pouvait en juger
Au négatif du siècle dernier
S’est heurté le coeur vide
Qui nous va comme un gant
De très haut l’air
Qui sait un miracle
Comme on croise les doigts avant de s’enfoncer
Toujours plus en dessous du monde

Et le credo
S’en foutre
Bien avant qu’on se manque

Puisqu’il faut bien
Pour finir
Suivre le courant
Et prêter aux mourants
Notre jeunesse
Sans quoi le deuil s’enlise
Et nous viole
Le coeur lourd
Avant de foutre le camp
Comme les autres





unplugged in NY


 
Le soir où je suis revenue. C’était un soir de février je crois. Une vieille femme encore qui me regardait au travers de la vitre. Dans le train, je ne bronche pas, je prends l’air, je m’arrange pour ne pas rater la dernière marche. Je me demande : est-ce que c’est bien la peine une brisure en milliers d’éclats ? Il fait chaud dans la rame, quelques pousses vertes au sommet des tilleuls de la grande avenue, je fredonne tout bas j’ai l’impression mais peut-être je chante haut et fort, traînant sur certaines syllabes, oubliant certains mots, glissant en rythme le long des rigoles. Dans ma tête un jeune homme attache des feuilles blanches aux branches des arbres. C’est la voix de mon frère : le soir où je suis revenu, c’était un soir de novembre, tu te souviens, j’ai pas pris le chemin habituel, j’ai contourné les grilles du parc, vidé mes poches dans les grandes bennes pas loin de l’Arquebuse, traversé la passerelle des anglais, Saint-Médard, la petite église, la station-service, je filais, des pierres plein les poches, je les garderai je me disais. La suite, tu la connais pas vraiment ou c’est peut-être comme t’as imaginé. Je te la raconterai plus tard si tu veux. Je veux, elle me plairait ton histoire. En voix de basse, comme celle de mon grand-père, en conteur chargé d’âme, en images aussi. En attendant je marche, vite et puis moins. A mes côtés, une voix plus lourde, de contes noirs, qui me suit, sans lueur sans âme, jusqu’au milieu du pont métallique. Je ne plie pas, je pourrais, et alors ? C’est là que ça part en vrille.
J’ai remarqué un type tout au fond de la salle, on dirait qu’il prie, c’est idiot. Au comptoir, je commande la meilleure bière du monde, glory hallelujah, je me coule dans chaque sourire, je peux, je pourrais, j’ai pas fait cent pas en tout.
La fille, le mec me raccompagne, on parle littérature, mors fendus, fendillés, reliure frottée, envois d’Artaud, de Musset, là je perds le fil, les doigts, nuque brisée, je l’agrippe à ma langue attrape rêve, touchée, je touche, me détache, très loin les bras. Si j’avais un flingue, je lui aurais posé sur les tempes jusqu’à ce que la lumière soit. Sans lueur, sans âme. Sur mes tempes. La même musique, on s’arrête. Le soleil descend, rouge. Ca repart.
Le jour de mes quinze ans, j’ai su
On ne se sent jamais aussi
Des vieux en état
Et puis croire, trois fois le panneau, dessus : take care of words. Ne me lis plus jamais.
Je ne suis aucun des mots suspendus aux poignets. L’absence de profondeur, l’intermittence des coeurs, la synthèse usurpée modèle-entité, les principes beaux laids humanité distance, j’envisage. Et le goût de langue coupée. Je ressens, brèche ouverte, la mémoire, les balâfres, disette et bleu de travail dans le regard impavide des passants étrangers natifs fruits secs attachés à leurs racines boiteux du dimanche. L’objet : un amas de chair recueilli sous un stock bricolé de couvertures qui ferait rendre tripes et boyaux. Il fait froid, le tas d’yeux émet des ondes, alarme, au feu, qu’est-ce que je ne donnerais pas, une minute à moi, le promontoire le plus proche, à s’en mordre les doigts, la langue, l’âme, nihilisme, amour-propre et autolâtres, là-bas, il y a du coeur à faire battre, au bûcher les traîne-savates.
Tant qu’on y est, il y a mes yeux aussi, le creux de mes côtes, ma tête de fou. Et dehors les vieux qui errent, les apprêtés slim-menus-ras-des-pâquerettes qui embrasseraient les icônes, comme ça, gratos, juste pour dire. Et le reste. En état de gober les mouches, temporisateurs avertis et vide-bouteilles, la cicatrice sur une brûlure intacte. Il y a tout ce qui me fait courir et sombrer dans Paris. Je cherche les ponts. Je m’arrête où coule l’eau rance et infectée du fleuve. Là je me fige, me déploie, je voudrais ne jamais avoir vu l’éclat suffocant dans la face abîmée des vieillards croûlants, des jeunes sans pitié, des gens qui n’en finissent pas, l’aube, la lueur, la flamme.
Redécouvrir la clarté des eaux dormantes, la morsure à vif du zénith, de l’écho à crever les tympans.
Je voudrais ne plus être honnête, de montagnes au loin en refuges mezzanines et le drap des apparences.
Je pourrais partir, mourir, fermer l’oeil, mourir.
Il y a ces rues en relief blanches oranges jonchées de vieux restes, obliques, parcelles et cours pavées. Ca soigne rien, ça laisse le poison tranquille, ça l’extrait une heure, une autre et puis plus, plus ou moins. Au centre des choses.
C’était devant la fenêtre de ma chambre, si je visais bien entre les deux massifs immeubles bas standing, je pouvais voir les deux flèches élancées de l’abbaye Saint-Jean des Vignes se rejoindre dans le ciel. Un jour, c’est là que j’avais plongé, murs défoncés, gamelles sur gamelles, souliers troués. Il y traîne un goût d’innocence qui me conduirait n’importe où. Je sais plus quoi en faire.
(Je t’ai laissé à Caceres Brest Berlin, tout en haut de la terre de la mer du givre il y a deux trois cinq ans).
Et si je m’éclatais la tête, ta main cherchant mon squelette, à l’envers, je ne passerai pas l’hiver, c’est promis. Ne lis plus jamais ce que j’écris.
Je préfère remonter le long de
Du soleil perdu dans
Elle et moi souvent nous
J’ai craqué pour une machine à écrire, le liquide, le liquide, le reste de la ville. Et la suite s’écrit pas grand frère s’écrit plus des cendres de cahier déchiré brûlé les mots rendus les armes. Promets-moi de ne pas me lire.






chemin vert


 
Tu regardes en l’ air
Ca ne s’épelle qu’une fois, il disait
“You’re so cute
Badadi dadi dadidoum”
Au milieu des cris d’émeute
Les gens ont des ailes qui leur poussent ailleurs
 
Le ciel tambourine
Je suis au numéro 1 de la rue Magritte
Avec Yvonne qui débloque au 6ème dessous
Et Firmin qui transpire comme un boeuf
On frappe
Au milieu des cris d’enfants
 
En ville moi seule et je croise
Comment dormir
Si loin de mon vieux paradis
A ne dire rien
Et luire éternellement
C’est la route
Qu’on m’avait promise
 
Si seulement j’étais n’importe où
Mais ce qui coule dans mes veines
C’est ici
A ne sauver que deux trois mecs qui passent
On se claque dans les bras
De toutes les autres villes
 
Merci pour le stylo feutre
Je le respire tous les soirs
Merci pour les 30 euros surtout
 
Cet air que tu regardes
Je cherche le remède radical
A me défaire du sine qua non
“The moon is blinding
Badadi dadoum dam”
En plein milieu acide
Il manque une porte
A ce jour parfait





à pic



C’est dans cette chambre incommode que nous laisserons filer les heures. Juste le temps de faire l’inventaire et de saluer ton évolution. Les boîtes à ordures se déchaînent aux alentours du matin, carnassières de plastique, ça touche à l’enfance de l’art, qui donc en est revenu ? Les draps moelleux de nos anciens emmaillottent le macchabée. Le cadavre pourrit, fleuri de motifs familiers. Il ne faut jamais revenir, ne pas y aller de main morte, le cadavre pourrait fleurir. Dans ma tête, les roses crâneuses qu’on hume devant le ravin et qu’on jette après le corps sec descendu au-dessous de nous et qui volent et se dépouillent en vol. Les maigres suiveurs assembleurs de la nuée du cortège, mille âmes pour quérir nos bières et nos longs bras veinés de feu que l’on gorgera d’extincteurs. Le soir viendra bien assez vite où nous regagnerons le lit que la mort habita hier. Gardons le rythme (...)

 

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