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![]() oOo Et furtives d’abord tes mains Sur les mamelons de tes seins
Palpitantes palpations Orages spumeux Se préparent Dans les franges De ta conque mouillée Un élan de mer s’impose doucement A ta poitrine Soulève d’abord quelques gémissements Mouettes s’égaillent dans tes yeux Bleu profond, turquin vraiment Taquine tes pupilles dilatées Champs de pavots à perte de vue Dans les volutes de ton souffle invisible Impriment ta rétine
N’y tenant plus Mains fines plongent à cœur perdu Dans la fente fangeuse La grotte merveilleuse L’avers du néant Mais son revers aussi Monnaie de singe de l’être Pile fait face Et face tombe pile sur toi Que tu ne veux pas voir en peinture Trop d’instants se pressent en foule Dans les pores de ta peau brune Dans le vif il faut trancher
Tactile dressée Pourtant A fouiller-remuer Tu es
Prisons de frissons Aux barreaux sciés Délivrent un remugle d’aise
Un instant matrice du monde Nec plus ultra utérin
A sexe déployé tu en ris Rendue à toi-même que tu es enfin Divine présence de devineresse Picotis, chatouillis, gazouillis, Ravages !
Tu as le divin dans la peau
Ivre d’ailes, de sel et d’œufs Cassées en deux au creux de ton nombril Comme dans ce vieux film que tu te rejoues A la force de tes reins
Jaune intense dégringouline Le long de tes cuisses Inonde ton sexe évasé Avide de foutre et de miel Ah mais quelle cuisine que voilà, Divine coquine !
Dos de biche et griffes panthérines ! Doigts démultipliés tricotent dans tes chairs De cette laine laiteuse si douce au toucher Forces tonitruantes fouaillent tes parois rocheuses Oh âpre envol, nuée d’envols aussitôt Falaises vont et viennent dans ton souffle Mais spasmes délivrent Chassent les doigts de tes mains Flux, flux monstrueux Dévale le long de tes cuisses Oh fraîcheur des rives !
Arbre de vie exulte Tout entière sylve se rue dans la mer Sourire d’ambre posé sur l’horizon Au soleil couchant approuve gaiement
Jean-Michel Guyot 5 mars 2025 |
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Commentaires :
Ce poème est un déferlement organique, une convulsion tellurique où le corps et la nature ne font plus qu’un, dans une pulsation qui dépasse l’humain pour toucher l’universel. Il y a ici un souffle presque chamanique, une transe qui emporte le lecteur dans une vague d’éléments en fusion : la mer, la chair, la terre et le vent s’y mêlent, en une même extase.
Tout est sensation, texture, friction, liquide et tension. Le lexique oscille entre la douceur du velours et la rudesse des falaises, entre le murmure et le cri, entre l’intime et le cosmos. L’écriture épouse ce mouvement : elle tangue, elle fouille, elle brasse et s’abandonne. Il y a un geste archaïque, primal, une danse où le désir s’épanouit en forces telluriques, en fulgurances liquides.
L’image du grand frêne – même si absente du texte lui-même – imprègne le poème d’une verticalité vivante, d’un élan vers la lumière, d’un enracinement aussi. L’arbre devient ce corps qui jouit, ce corps qui exulte, qui se fond dans l’immensité. Il est à la fois sexe, esprit, matrice, embrasement. Le poème bascule alors dans une alchimie charnelle où l’on sent une quête de transmutation, où l’extase semble chercher à toucher l’absolu.
L’humour se glisse, fugace, presque grimaçant, dans ce jeu sur le renversement – « monnaie de singe de l’être », « divine coquine », cette sensualité rieuse qui empêche la solennité de figer l’instant. Ce qui aurait pu être mystique reste vivant, vibrant, pleinement charnel.
Le texte oscille ainsi entre le sacré et le trivial, le viscéral et le céleste, creusant dans la matière jusqu’à en extraire une lumière insaisissable, cette fusion ultime où l’être s’éprouve enfin, « rendue à toi-même que tu es enfin ».