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Pas à pas
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 Article publié le 14 avril 2009.

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Pas à pas

« Oui, c’est peut-être ça l’écriture : l’archéologie d’un possible qui rende moins irrépressible l’angoisse en lui laissant sa part féconde. » - Jean-Pierre Spilmont.

 

L’archéologie d’un possible, soit la recherche d’un possible enfoui, mort, disparu, jamais réalisé, et découvert comme tel : est-ce à dire que, « de son vivant », le possible portait déjà sa mort en lui ? En tant que possible, un être est inexistant, mais promis à l’existence. Par quelle puissance ? Par l’être qui rend possible la réalisation du possible, son actualisation dans le temps de l’effectuation qui est action et réflexion en synergie.

Ainsi, si l’on suit Spilmont, il faut être cette puissance qu actualise le possible en le rendant possible. La puissance est la possibilité extrinsèque du possible. La mort du possible, c’est-à-dire sa mise à l’écart, est le fait de la puissance qui, par sa négligence ou par une rude décision, tue le possible dans l’œuf.

Le possible et la puissance sont interdépendants. Une puissance qui néglige les possibles n’exerce plus sa puissance, elle s’étiole faute de discernement, de courage, d’esprit de décision. Dans le même temps, la puissance étant souveraineté, soudaine netteté du souhaitable dans le corps désirant qui écrit, celle-ci peut se permettre de négliger, à condition que la lâcheté n’inspire pas ce mouvement de refus.

Le manque de discernement dessine les limites de la puissance. La puissance est proportionnelle aux possibles qu’elle est capable de discerner.

L’archéologie d’un savoir des tréfonds serait cette archéologie d’un possible. Le possible lumineux, l’évidence de son rayonnement : les deux temps conjoints qui décident d’un destin d’écriture en passe de revenir sur ses pas constamment, mais qui, contraint d’avancer pour pouvoir continuer à se retourner pour regarder en arrière, se ferme au possible en s’y ouvrant.

Pas à pas, le pas dessine le passage à la limite, en d’autres termes : affirmer passe par la négation du passé proche dans l’espoir d’approcher enfin le présent qui fuit devant nous. La limite, aussitôt franchie, se reconstitue.

Etrange archéologie qui donne sur l’avenir… L’angoisse est là. Féconde ? Oui, si l’angoisse est la peur de rater une occasion, de passer à côté d’une chance unique reconnue comme telle.

Ainsi, écrire est une décision qui engage la vie entière, car enfin c’est le corps désirant qui écrit sous la pression d’une puissance qui est sienne, d’une puissance qui le transit, mais n’existe qu’en se communiquant, c’est-à-dire en s’actualisant dans la réalisation d’un possible désiré, aimé, choyé… 

 

Jean-Michel Guyot

 

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