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L'existence phénoménale de Jack Kerouac : son influence sur la conscience moderne
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 Article publié le 14 juillet 2009.

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L’existence phénoménale de Jack Kerouac :
son influence sur la conscience moderne
Pradip Choudhuri

Jack Kerouac est un phénomène

Je suis un militaire  : voici mon fusil

Je suis un amant  : voici mes lettres et mes bouquets de fleurs

Je suis un héros de film  : voyez mes dents artificielles et mon foie malade

Moi ? un étudiant  : À bas l’éducation bourgeoise

Je suis un journalier  : voici mes gages d’une journée

Je suis une prostituée  : voici ma fente insensée

Je suis un maquereau … Pinky, c’est moi … Je suis un prêteur … Je suis 108 Babaji … J’étais le premier garçon … Je suis un drogué … Sannyasin : OM PITA … Je suis l’eunuque d’une professeure … Je suis une vestale … JE SUIS IBM … Je suis l’opérateur des missiles et des ordinateurs psychédéliques …

SILENCE SALOPARD !

 

Révoltant, n’est-ce pas ? Mais Jack, ce phénomène, ne révolte pas. Ces énigmes sans racine (quelque fois commanditées) sont passées masquées près de lui et se sont dispersées aux quatre coins de la terre tandis que Jack, dans l’une de ces phénoménales beuveries, essaie de les identifier l’une après l’autre et, ce faisant, se met lui-même en mouvement … sans jamais s’arrêter, suivant la trace de ses assassins, jusqu’à ce que la horde entière se soit coulée en lui pour renaître de nouveau, enfants du souvenir, dans son œuvre, mais cette fois avec un certain but.

Jack Kerouac est un phénomène humain et de ce fait, n’est arrêté par aucune barrière naturelle, n’est esclave d’aucun préjugé particulier, qu’il soit ethnique ou éthique, ni par aucun mouvement de masse, peu importe sa portée éventuelle et significative. Il est comme l’Himalaya avec ses tétons innombrables, inexplorés et ses volcans endormis dans son sein, passion inlassable des vertus et des vices humains, dont la nature propre n’est pas encore pleinement comprise ; la somme des désirs et des passions inassouvis d’un bohémien qui désire avoir une véritable maison et la respectabilité … Oui, Jack c’est à la fois les hauteurs vertigineuses de l’Himalaya dans un ciel de mousson, le voyageur et le voyage, le voyageur et le bateau. Jack Kerouac c’est un génie bizarre dans la lignée de Rimbaud et des Sufis orientaux, mais d’un genre fragile, émacié de crises du corps et de l’âme, amaigri par une quantité de facteurs humains : la fièvre d’amour qu’il a eue toute sa vie pour des hommes et des femmes de toutes les tailles, de toutes les formes et de tous les niveaux, la privation et la pauvreté qu’il porte comme une richesse (elle est qualitativement différente de celle de Henry Miller et de Baudelaire), loup-garou hurlant dans les rues et les ruelles du centre-ville, sur les routes et les chemins de campagne, au coucher du soleil. Aventurier ! Oui, certainement, mais en surface seulement. Au fin fond de cette aventure, il a recherché toute sa vie son identité sur cette planète, il a cherché en lui une définition possible de la vraie identité humaine qui englobe la sagesse et la conscience des aspects essentiels de Walt Whitman, les attaques bestiales contre la conscience de Henry Miller, de Céline et de Genet. Jack Kerouac est sans doute le seul être humain qui, même plusieurs années après sa mort, a continué d’illuminer la périphérie de la scène littéraire du XXe siècle avec autant de force qu’au moment où la ‘‘Beat Generation’’ a commencé à envahir les kiosques à journaux du métro. Les esprits créatifs du monde entier se sentent liés d’une manière obsédante au mode de vie bizarre et aux écrits spontanés de Jack Kerouac. C’est un explorateur et une proie éternelle de vagabondage esthétique.

 

Le roi de la ‘‘Beat Generation’’

L’avènement de la ‘‘Beat Generation’’ vers 1950 dans la vie et la littérature de l’Amérique et dont on dit que Kerouac est le ‘‘roi’’, a récemment provoqué la parution de plusieurs livres étonnamment créatifs autant qu’informatifs sur le mouvement en général et la carrière littéraire aventureuse de Kerouac. De plus en plus d’ouvrages sur sa vie et ses activités littéraires sont issus chaque année de la plume et des souvenirs des amis de Kerouac, de professeurs et de chercheurs de différentes universités. Ils sont très nombreux : fantasques, érotiques, maniaques, hyperboliques et ‘‘merveilleusement lisibles’’. Mais alors que veut dire cette expression ‘‘le roi de la Beat Generation’’ ?

‘‘Le roi’’, il l’était, en vérité ; mail moi, peut-être à cause de la distance, de l’âge et de mes habitudes de lectures un peu spéciales, et ayant évolué dans une zone de dépression écologique particulière pendant la période où débutait la ‘‘Beat Generation’’, mais moi donc, je ne savais pas de façon certaine qui avait attribué à Jack Kerouac cette appellation banale, Le roi, il l’était, en vérité, mais même à la fin de mes études je ne pouvais affirmer la valeur connotative de ces mots appliqués à la ‘‘Beat Generation’’ en dehors de l’œuvre de Jack et de son existence phénoménale qui, à mon avis, est une histoire différente, une histoire énigmatique.

Son ‘‘royaume’’, que ses contemporains lui ont attribué et qui a été exhumé par ses amis et une nouvelle génération de lecteurs, ne se limite pas à un seul mouvement littéraire, ni même à un mouvement aussi large que celui de la ‘‘Beat Generation’’. Ses amis : Allen Ginsberg, William Burroughs, Gregory Corso, Lawrence Ferlinghetti, Gary Snyder, tous célèbres dans la littérature américaine contemporaine, étaient en aucun cas les sujets du royaume spirituel unique de Kerouac.

Sans aucun doute, sur la scène américaine somnolente de l’Après-Guerre, leur ‘‘arrivée’’ massive n’était rien d’autre que les attaques barbares des Goths et des Vandales sur l’empire romaine féodale et complaisant. Leurs attaques prophétiques sur les valeurs de la classe moyenne, la médiocrité, ainsi que leurs paroles et leur rhétorique pouvaient être clairement entendues jusqu’à l’autre bout du monde d’une manière tout à fait compréhensible ! Le ‘‘Festin nu’’ et les exploits psychiques de Burroughs, les vers archaïques mais empoisonnés de Corso, la virginité de Coney Island dépeinte par Ferlinghetti ont profondément remué l’ambivalence même, la symphonie de la vie même de l’Amérique. Les battements de cœur de cette planète mourante, ravagée par les mains difformes des poético-machos, devinrent aussi irréguliers que dans une créature vivante de la nature. Si on regarde autour de nous à partir de ce point de vue révolté, la ‘‘royauté’’ de Kerouac semble avoir une signification, mais symbolique seulement, comme le révèle son œuvre dont une partie est encore plus significative et est arrivée jusqu’à nous plus tard après qu’il ait lui-même atteint son propre satori. Kerouac était roi comme le prince Gautama, qui a dénoncé la vie avec une détermination féroce et a avancé sans regarder en arrière les drogués rampants et les multitudes informes, même après qu’il eut atteint son Samadhi final, quand la signification de la vie et de la mort, cette vie et cette mort sans signification, lui eurent été révélées. Gautama a jeté son épée de chair au fond de la rivière Saraju.

Le roi de la ‘‘Beat Generation’’ a pris dans sa main la même épée rituelle d’une manière cérémonieuse mais sans cérémonie avec ses camarades et, comme Arthur Rimbaud, il avançait toujours accompagné seulement de Cassady, son double ; il est arrivé sur la route et a atteint ou découvert son Samadhi, dans la momentarité du Zen, dans ces gueules de bois mystérieuses qui suivent une bonne cuite, la douce ombre mourante qui le suivit depuis la Galloway lugubre et le purgatoire de New York jusqu’à la profondeur nadir du Grand Canyon et la piaule de Ferlinghetti en passant par Mexico, où une nuit ‘‘nos sœurs du désert’’ ont été délivrées des stigmates de leurs péchés.

Kerouac était le roi parce qu’après avoir ‘‘tâter’’ de la vie, la vraie, il a aussi jeté son épée éphémère de sensualité, et ne l’a jamais reprise avant d’avoir finalement traversé le bar, en Floride, pour devenir la huitième couleur de la vie, le rayon du soleil. Ses camarades et ‘‘sujets’’ continuent encore la croisade et aussi incroyable que cela puisse être, les médias continuent à les enregistrer en stéréo et en haute fidélité.

 

Ti-Jean contre le roi

La transformation ou transfiguration de Ti-Jean du ‘‘Petit Canada’’ en ‘‘roi de la Beat Generation’’, la deuxième naissance (mais pas la dernière) de Jack Kerouac, est une histoire fascinante, voire incroyable et à la fois terriblement touchante par le caractère nostalgique qui s’y inscrit en filigrane. Il semble surprenant que l’élan d’un réfugié catholique, dénué de tout, puisse le suivre toute sa vie jusqu’à ce qu’il devienne un ‘‘voyant’’, qu’un type sans identité, dénué de tout, se soit retrouvé dans un monde nouveau et brave, une vie (où il était sans arrêt en mouvement) où il n’y avait rien de conventionnel, ni de préoccupation socio-politique, ni de clichés tels que les prétendus problèmes psychologiques d’Après-Guerre. La rencontre de Kerouac avec la légendaire Cody Pommery, Neal et d’autres bandits de la littérature comme Ginsberg, Burroughs, Ferlinghetti n’était ni plus ni moins que la rencontre de constellations, une rencontre phénoménale, un événement qui n’arrive qu’une fois dans un siècle, voire plusieurs. C’est comme si l’âme héroïque de l’Amérique avait attendu la rencontre de ces ‘‘mangeurs d’herbe’’ et de ces ‘‘mangeurs d’arc-en-ciel’’ pour s’assurer d’obtenir son émancipation au XXe siècle. Tandis que Ti-Jean est issu de la hiérarchie franco-canadienne avec une longue histoire d’héroïsme, d’essais et de tribulations, Jack le toxicomane est le résultat à la fois d’un caprice de la providence et de la vile paranoïa qui l’a lancé sur les routes du pays. C’est la même paranoï qui a forcé Allen à commencer Howl avec une émotion débridée, mais avec une vision précise et Burroughs à retirer complètment le masque synthétique du robot orgonostique de cette civilisation tuberculeuse et droguée représentée dans Festin nu.

Amen … Inchallah … ! En un instant, la rhétorique violente de Dear Dear Miller et l’occultisme intellectuel de Ezra Pound ont pâli, et la bande de gitans de bonne famille des auteurs de best-sellers a reçu un coup (bas) mal choisi et s’est éclipsée de la planète en coup de vent.

Bien que le rôle littéraire lui-même et la prise de position sociale à adopter furent absolument clairs pour Allen, et aussi pour Burroughs d’une certaine manière, Kerouac, quant à lui, n’a fait que botter l’arrière-train du bouffon en charge de cette vie bizarre et de l’étrange destinée du citadin, puis est parti à l’aventure pour ne jamais revenir, avec Neal, autre admirateur de Whitman. Avec la curiosité et la détermination d’un dévot, d’un saint, Allen Ginsberg a franchi ces limites géographiques et est allé jusqu’en Inde (en passant par Saïgon) où l’horizon embrasse les prés verts ; et William Burroughs est allé dans le paradis artificiel qu’il s’était inventé (Mexico et Tanger). Mais Jack n’a pour ainsi dire pas quitté le sol américain. Contrairement à Burroughs et à Ginsberg, les crises de Jack étaient plus intenses, plus enracinées dans la structure même de son caractère. Au tréfonds de son âme, il avait une âme qui n’était pas américaine, une âme qui au milieu de toutes ses aventures, avait toujours soif de quelque chose de nouveau (mais classique dans sa ferveur), quelque chose qui manquait à son expérience américaine, soif d’un décor qui pouvait émaner de la radiation de sa propre identité, dans le cas présent, l’identité franco-canadienne de Jack. En tant que Canadien français, Kerouac pouvait avaler beaucoup plus de la bile américaine que de son nectar. Ce qu’il fit assez vaillamment d’ailleurs avec un sens de l’humour qui lui était particulier.

Tout au fond de son ‘‘Sacré Coeur’’, Jack avait les éléments de sa taciturnité qui est essentiellement européenne, une sorte d’orgueil français. Par conséquent, même dans ces rares moments de dépersonnalisation qui nous sont quelquefois imposés par une société américaine mécanique et menaçante, il n’abandonna pas le défi beat. Bien qu’il ait été lacérée par sa nostalgie perpétuelle pour ‘‘Mémère’’, son désir d’être dans le courant de la communauté française, sa langue maternelle, Jack Kerouac n’a pas renié sa destinée écrite sur les murs et les pâturages des vastes étendues bigarrées de l’Amérique. Au contraire, Kerouac découvrit la manière (son mode de vie, son oeuvre) d’être en harmonie avec le mode de vie américain sans, en même temps, trahir les sentiments les plus profonds de son âme. Tandis qu’Allen, Peter et Snyder allèrent en Orient, en Inde, pour hériter ‘‘leur part’’ de leur dose spirituelle, Kerouac, de descendance française, s’est offert pour explorer la profondeur et la dimension de son être intérieur. Il savait que toute sa vie, il avait un lien obsédant avec sa patrie, le Nouveau Monde. Récemment, Maurice Poteet de l’Université du Québec à Montréal, dans son ouvrage merveilleux a découvert, classé et établi ce facteur français qui a obsédé l’âme de Kerouac toute sa vie et explique beaucoup des paradoxes de l’énigme Kerouac. 1 Allen Ginsberg avait plus que raison quand il écrivit la préface de Vision of Cody en déclarant et en exigeant même que Kerouac soit considéré comme l’un des glorieux fils de l’Amérique et le plus grand poète de l’Ouest.

 

1 The image of Québec in Jack Kerouac’s fiction, Les Avant-dire de la Rencontre internationale Jack Kerouac, No. 2, Québec : Le Secrétariat permanent des peuples francophones, 1987.

 

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L’influence de Kerouac sur la “Beat Generation”
et la littérature occidentale

L’influence de Jack Kerouac, tant comme être humain que, pour utiliser l’expression de Geroge Dowden, comme ‘‘magistral frondeur du mot, grand historien du beat et conteur’’ est inestimable. La ‘‘Beat Generation’’ telle qu’elle est conçue et interprétée communément même dans les cercles littéraires les plus élevés, à la fois au pays et à l’étranger, est un mouvement littéraire qui est apparu au début des années 50 et dans les années 60, qui a commencé sa croisade contre la littérature de l’establishment, artificielle, hypocrite, sentimentale et orientée vers les valeurs de la classe moyenne, et à long terme contre tout l’establishment lui-même. Les oeuvres de la ‘‘Beat Generation’’ qui ont fait parler d’elles en dehors de l’Amérique ont été Howl et Kaddish d’Allen Ginsberg et le Festin nu de William Burroughs. Les deux autres beatniks à transcender les frontières américaines ont été Gregory Corso avec ses poèmes et Ferlinghetti avec ses vers orientés vers la prospective, et le journal City Lights. C’est surtout par les publications de Ferlinghetti que les écrivains de la ‘‘Beat Generation’’ s’unirent et continuèrent leurs activités littéraires au sein du groupe commun où ils furent rejoints par les derniers écrivains beat comme Harold Norse, Gary Snyder, Peter Orlovsky, etc. Le thème principal (esprit d’action) d’Allen, outre sa teinte prophétique, était l’esprit de révolte contre le système criminel en place, et son expansion cauchemardesque au milieu de tout ce qui était humain. Avec toutes ses images, ses protestations et ses critiques, l’oeuvre d’Allen est la première au XXe siècle à refuser une américanisation totale, une déshumanisation orientée vers les biens matériels contre tout ce qui est éternel, humain, et qui a encore de l’existence. Après Walt Whitman, Allen Ginsberg peut être considéré comme le poète le plus remarquable qui a élevé sa voix cotre l’abolition de la démocratie au profit des bellicistes, des technocrates, des drogués du matérialisme et des médiocre incapables.

Burroughs, au contraire, à cause du cynisme élitiste qui lui est particulier, s’est abstenu d’élever la vois aussi haut qu’Allen. Il a préféré prendre l’ennemi par surprise, chez lui, d’une manière beaucoup plus cruelle et plus efficace. Il a présenté les plus terribles cauchemars aux yeux des hordes paranoïaques de l’Amérique nombriliste.

S’il n’y avait rien eu de plus que leurs écrits et si l’Amérique n’avait pas été le pays de la liberté et, de la démocratie, les précurseurs de la ‘‘Beat Generation’’, Ginsberg et Burroughs, et leur camarade de tout temps Lawrence d’Arabie, auraient été soit tués, soit achetés, soit baillonnés, soit exterminés … Les premiers écrivains de la ‘‘Beat Generation’’ le savaient et ils connaissaient aussi le mécontentement populaire et la frustration qui régnaient dans une large couche de la société et, en particulier, dans les communautés de jeunes. Alors, par leur expérience et l’étonnant pouvoir de leur imagination, ils descendirent dans le monde de la réalité et firent le vœu que tous leurs mots deviendraient réalité. Ils firent le vœu qu’ils ne prendraient comme sujet rien d’autre que leur propre vie et finalement, pour citer de nouveau Kaviraj George Dowden, ils feraient ‘‘de leur vie un poème, un poème à vie’’. Ils ont tenu parole et c’est comme cela que toute la génération s’est impliquée dans la liberté et la libre ‘‘Beat Generation’’.

C’est à ce moment-là que Jack Kerouac, qui avait déjà à son actif plusieurs livres très personnels et, sous certains angles, très significatifs, est apparu dans les kiosques à journaux avec Sur la route, arrière-plan d’une Amérique inconnue, et avec sa connaissance de Céline, de Lautréamont, de l’art poétique de Rimbaud et des surréalistes.

Tandis qu’Allen, le plus beau, le plus intelligent et le plus doué, après avoir écrit Howl, décampait pour partir à la recherche du spirituel et que Burroughs allait à la recherche de son ‘‘paradis artificiel’’ comme il le décrit dans Junkie, Jack Kerouac, au contraire, est allé au milieu des gens, ‘‘sur la route’’ dans le vrai sens du terme. À l’exception de quelques ouvrages de fiction autobiographiques, comme je l’ai déjà mentionné, son œuvre n’est rien d’autre qu’une documentation incroyable sur la totalité de l’Amérique, parce qu’il a eu ce rare courage et cet enthousiasme pour visiter tous les coins et recoins de l’Amérique. À mon avis, c’est l’épitome, le sommet de la ‘‘Beat Generation’’, dont l’influence n’a jamais échappé à ses amis, sans parler de la génération montante de poètes et de vagabonds éternels, d’Amérique et d’ailleurs. N’ayant aucun intérêt pour la scène socio-politique, le Viêt-Nam, les droits de l’homme et autres controverses et stigmates de la société, Kerouac a surtout travaillé pour la libération et l’émancipation finales de l’homme. Allen et Burroughs font maintenant partie du grand phénomène américain, mais pas Kerouac, sauf peut-être aux yeux des Canadiens français et ils ont sans doute leurs raisons pour cela. Jack Kerouac, outre ses écrits, a engendré, plus que quiconque de la ‘‘Beat Generation’’, cet esprit de liberté, cette soif de liberté. En tant qu’homme, c’est sa plus grande contribution à l’âme torturée de cette planète mourante.

Après étude, on peut également constater que Jack Kerouac a aussi eu sa part d’influence sur la forme d’écriture beat. Il a écrit des poèmes en prose. Outre sa phase ‘‘Petit Canada’’, il a utilisé une forme de prose qui se rapproche beaucoup de celle de Burroughs. D’après des biographes et critiques, c’était un grand admirateur des écrits de James Joyce et de Céline qui sont tous les deux célèbres pour leur forme de prose, le premier pour son courant de technique de conscience et le dernier pour ses trois points intrigants. Sans compter les surréalistes. On pourrait, en regardant de près, découvrir immanquablement l’influence du style de Joyce et du style de Céline dans les ouvrages de Kerouac et aussi, peut-être, dans les premiers écrits spontanés de William Burroughs. Mais Burroughs est un grand expérimentaliste qui, dans ses derniers jours, a inventé la méthode de la critique hostile, qui nécessite un sacré travail avant de pouvoir arriver au produit fini. Burroughs est un écrivain éminemment conscient des valeurs sociales, sa grande dépendance de la méthode de la critique hostile peut avoir quelques relations avec sa conscience de la société et le but même de son écriture. Mais alors, sans les conversations enregistrées de Cody et Kerouac, Vision of Cody n’a-t-il pas quelques affinités innées avec la méthode de Burroughs ? Oui, parfaitement. Je suis un fervent lecteur de Kerouac et de Burroughs et à ma seconde lecture de Kerouac, je suis tenté de dire que le mode de vie bizarre et la généalogie franco-canadienne de Kerouac ont aussi un rôle à jouer dans la construction de la salle d’accouchement de la critique hostile. Au fait, on ne doit pas ici oublier le nom de Tristan Tzara.

La seule différence entre les deux, Kerouac et Burroughs, c’est que, outre Junkie, le Festin nu et d’autres belles nouvelles, quelqu’un qui n’est pas habitué à l’œuvre et au déroulement de la méthode de Burroughs pourrait avoir de la difficulté à apprécier le côté stimulant que l’on s’attend à trouver dans ses ouvrages. Mais avec Kerouac, on est au beau milieu des vacances ; on ne peut pas se permettre d’ignorer la vivacité, le mouvement et l’amour pour la vie précieuse ici et maintenant, abondamment manifestés sur la vaste route de Galloway au Grand Canyon, où règne l’éternel silence, où tout a un sens car rien n’a un sens, comme lorsque l’on est en état de satori. Au-delà de la scène américaine, l’influence de la ‘‘Beat Generation’’ et celle de Kerouac pourraient être aussi retracées chez beaucoup d’écrivains contemporains remarquables, tels que Carl Weissner et Ango Laina d’Allemagne, Gerard Belart de Hollande, Claude Pélieu de France et la nouvelle génération d’écrivains français comme José Galdo et Sylvie Guibert, sans parler de beaucoup d’autres que je ne connais pas encore.

La ‘‘Beat Generation’’, Jack Kerouac
et la relève de la ‘‘Hungry Generation’’

Pour le bénéfice des lecteurs occidentaux, je voudrais commencer par quelques extraits d’articles sur la ‘‘Hungry Generation’’ :

a) Time Magazine : La ‘‘Hungry Generation’’ de Calcutta est une bande de jeunes Bengalis, de plus en plus nombreux, qui ont des tigres dans leurs tanks. Apparemment, leur appétit semble illimité. Tout l’establishment de Calcutta est entré dans une colère noire. Les éditoriaux des journaux qui citaient des passages de leurs œuvres ont prouvé d’une manière concluante qu’ils étaient dangereux et répugnants. Le but déclaré de la ‘‘Hungry Generation’’ est de ‘‘défaire ce qui a été fait dans le monde et recommencer à zéro à partir du chaos’’. (1964)

b) The Statesman : Les jeunes poètes ‘‘rebelles’’ de Calcutta de la ‘‘Hungry Generation’’ … (1968)

c) Howard MacCord (professeur au département d’anglais, Université de Washington) : ‘‘L’establishment culturel indien, au cours des années 60, a subi les attaques d’un groupe de poètes ardents et chahuteurs que l’on désigne par la ‘‘Hungry Generation’’. Le conflit el plus violent a eu lieu à Calcutta traditionnellement le centre du monde littéraire indien, mais les littéraires complaisants de Bombay et de New Delhi ont été aussi atteints. Acide, confus, morbide, nihiliste, scandaleux, insensé, hallucinatoire, criard, ces mots caractérisent les visions que, d’après les poètes de la ‘‘Hungry Generation’’, la littérature indienne doit supporter si elle veut retrouver sa vitalité. À quelques exceptions près, la littérature indienne contemporaine a le style du maître d’école : blafard, vain et terne. Elle est soit timide et moraliste avec un réalisme distingué, soit philosophique sans but précis et romantique. Mais les écrivains révolutionnaires bengalis que la ‘‘Hungry Generation’’ a créés, tels Manik Bandopadhyai et Jibnananda Das sont totalement inconnus en Occident. C’est seulement chez les poètes de la ‘‘Hungry Generation’’, qui traduisent leurs propres poèmes bengalis dans un anglais nerveux et énergique, et qui sont exclus des académies et de l’aristocratie littéraire, que l’on peut voir avec plénitude l’urgence et le désespoir qui se sont étendus a toute l’Asie du Sud. Car, beaucoup plus clairement que d’autres groupes, ils ont compris qu’il n’y avait aucun espoir pour l’Inde et que ce qu’il y a devant eux ce sont le chaos et la chute. Ce ne sont même pas des révolutionnaires car il n’y a plus de solutions politiques. Ils sont seulement en deuil, La rébellion est inutile quand la trahison est si complète, si profonde. Tout ce qu’il reste à faire c’est de crier et de se tordre, tout aimer jusqu’à l’absurde, surtout l’Inde, puis approuver cyniquement et sagement jusqu’à la mort. Qu’il s’écrive de la poésie en Inde tient du miracle (1967).

d) P.C. Ray : On ne peut nier le fait qu’une nouvelle sorte d’écrivain ou plutôt une nouvelle tendance dans l’écriture en bengali soit apparue. La plupart des écrivains appartiennent à la ‘‘Hungry Generation’’. (Thought, New Delhi, 1968)

e) J.D. Rao : La plupart des jeunes de nos jours ont pour ambition de travailler au gouvernement. Par contre, il est réconfortant de constater que ces cinq jeunes hommes (Pradip Choudhuri, Saileswar Ghosh, Subhas Ghose, Malay Ray Choudhury et Debi Roy) ont, en effrontant la justice, risqué la sécurité de leur emploi au gouvernement pour pouvoir écrire comme bon leur semblait (nov. 1964)

f) La ‘‘Hungry Generation’’ contre l’hypocrisie : Calcutta – même dans la ville de procession et de démonstration qu’est Calcutta, cela devrait avoir une saveur spéciale. Les célèbres (ou notoires) poètes de la ‘‘Hungry Generation’’ sont sortis de nulle part et ont décidé de se confronter à l’establishment en poésie bengali au cours d’une conférence de trois jours dans la ville en avril 1968 (c’est-à-dire, une conférence de tous les poètes de l’Inde). Les poètes de la ‘‘Hungry Generation’’, qui se préparent fébrilement à cette conférence, prétendent que c’est eux, en dénonçant l’hypocrisie bourgeoise en poésie, qui ont alarmé l’establishment. Les poètes ‘‘hungry’’ ont dû aller en cour pour faire face à des accusations d’obscénité. Ils continuent à affirmer que l’obscénité est la musique désespérée des poètes, une arme morale avec laquelle il faut attaquer l’utilisation dégradante et répugnante du pouvoir qui caractérise ‘‘notre temps’’. (Blitz, 1968)

g) Karl E. Zink (professeur associé au département d’anglais et chef du département à l’Université d’Indiana) : On accorde beaucoup trop d’importance à la souffrance et à la menace du suicide ; on cherche à se justifier, on s’apitoie, on se torture et on cherche trop à les cataloguer. Mais à cause de tout cela, on est hanté jusqu’au plus profond par une société brûlante ; l’hystérie, le désespoir, la peur d’une résignation devant la mort, la conviction que la culture indienne est pourrie et condamnée, l’intérêt intense pour l’art. (1967)

h) Blitz (les vies et les amours érotiques de la ‘‘Hungry Generation’’) : Ils prétendaient que la plus haute forme de sexe devait être la masturbation, parce qu’elle ne dépend pas de la présence d’une autre personne et elle permet de développer son imagination. Ils prétendaient être des ‘‘barbares sacrés’’, sacrés parce que ce sont des missionnaires qui se rebellent contre la conformité et les inhibitions qui forment la ‘‘civilisation’’. Ils prétendent être les ‘‘premiers communistes’’ du monde. Marx qui était le produit de cette civilisation ne pouvait s’en détacher. Ils voulaient créer une société sans lutte de classes pour qu’il n’y ait plus d’exploitation de l’homme par l’homme et ainsi amener la société à un stade plus élevé. Le pauvre Marx ne voyait pas bien loin. (1964)

i) Rajib Saxena (la poésie de l’aliénation) : Au cours des dernières années des protestations ont été faites dans ces pays (les anciennes colonies de l’Angleterre et de l’Amérique), qui osent parler ouvertement de leur fond de cour et de leur ‘‘milieu’’. Le groupe de la ‘‘Hungry Generation’’ pendant ce temps recevait l’auréole des martyrs. En 1964, la stupide police de Calcutta a arrêté cinq poètes … cet événement a reçu une large couverture dans le Time Magazine. Mais qu’est-ce que ces gens peuvent bien mijoter ? La première chose qui frappe quand on lit leur manifeste incohérent, c’est qu’ils rejettent complètement l’ordre social actuel. Ils doivent accumuler les abus contre lui de la manière la plus agressive et, pour cela, il semble que le vulgaire et l’argot soient fort pratiques. Les expériences choquantes de la réalité moderne doivent aussi être présentées dans un langage aussi choquant, et c’est ce qui semble obscène à ‘‘l’establishment culturel’’ (Link, 1968).

Voilà quelques-uns des commentaires qui pourraient être portés à l’attention des ‘‘hommes de lettres’’ de l’Occident (de l’est, du sud et du nord) ; ils peuvent voir comment, en même temps que la ‘‘Beat Generation’’ apparaissait, la ‘‘Hungry Generation’’ qui a aussi secoué et choqué la scène culturelle et littéraire conventionnelle de l’Inde et joué un rôle historique en modelant les nouveaux écrits et en donnant naissance pour la première fois, dans le sous-continent indien, à une littérature underground contre les prétendus ‘‘écrits merdiques’’. Les deux mouvements littéraires sont apparus presque en même temps et il est plutôt difficile de voir s’ils se sont influencés directement l’un l’autre. Mais la plupart des écrivains connaissent bien la littérature mondiale et ont dû être conscients des écrits de presque tous les écrivains de la ‘‘Beat Generation’’. Il est donc fort probable que les ouvrages de la plupart des écrivains beat ont dû au moins avoir quelques affinités spirituelles avec la ‘‘Hungry Generation’’, comparativement plus jeune, et l’influencer. Je venais juste d’être expulsé de l’Université Visva Bharati pour mon poème ‘‘Supervoyage’’ lorsqu’Allen et Peter sont arrivés à Calcutta. Allen et Peter ont séjourné, à mon avis, moins comme missionnaires du mouvement beat ou comme porte-parole de la ‘‘Beat Generation’’ que pour leur démarche spirituelle, leur amour et leur curiosité pour l’Inde. Mais un poète est un poète et, comme dotés d’un pouvoir magnétique, ils attirent autour d’eux leurs semblables atomiques. Quand il pose le pied sur un endroit particulier de la terre, ou bien elle cède, ou bien elle est fertilisée. C’est la loi de la nature. Et c’est ce qui est arrivé quand Allen et Peter ont séjourné en Inde. La ‘‘Hungry Generation’’ a au moins trouvé dans les écrivains beat des compatriotes qui étaient tout aussi conscients de la révolte par la poésie et révoltés contre la société droguée par les biens matériels.

Il est vrai qu’en comparaison de la société occidentale, la société indienne est plutôt apathique lorsqu’il s’agit de changements (bien que les choses aient remarquablement changé au cours des deux ou trois dernières décennies). Par conséquent, quand le mouvement de la ‘‘Hungry Generation’’ est apparu, il a fait l’effet d’une bombe au cobalt sur la scène littéraire somnolente de Calcutta. Les peigne-culs féodaux, les monopoles, les monstres ventrus et les intérêts mégalomanes se sont dévoilés et ont opposé une résistance farouche en criant au meurtre, et en vociférant un tas d’autres adjectifs et d’exclamations dont il est inutile de faire la liste ici après celle qu’a faite Céline dans sa préface de ‘‘Guignol’s Band’’. Les poètes ‘‘hungry’’ doivent se battre farouchement et se battent contre eux maintenant depuis les trois dernières décennies. Les soi-disant gardiens de la société (ceux-là même qui défendent le ‘‘système de Sati’’, un système qui oblige une veuve à se faire brûler avec son défunt mari), les agents, les parasites et ceux qui ne connaissent rien à la littérature ont obligé la police d’État à les arrêter et à les poursuivre et les persécuter. En fait, on n’attendait que cela de leur part ; cela fait partie de la nature. Avec cette attaque insensée sur ce groupe innocent d’esthètes et de poètes, tout le problème est apparu au grand jour. Le merdier séculaire de la tradition littéraire bengali avait, tout à fait inconsciemment, forgé son destin. De tous les coins du pays accoururent les avocats (je m’en souviens d’un qui avait eu la chance de défendre L’amant de Lady Chatterly de D.H. Lawrence dans le temple hindou Middle), des journalistes, et même le Time Magazine avaient accouru à Calcutta, la Mecque de la littérature du sous-continent indien ; certains pour voir ce qui allait se passer en cas de bagarre, d’autres pour secourir les écrivains ‘‘hungry’’. Et bizarrement, avec l’intervention de la police, la colère de l’establishment avait disparu graduellement, comme cela arrive souvent lorsque l’on vient de baiser une putain folle et sans défense. Les personnes sensibilisées tant au pays qu’à l’étranger commencèrent à s’intéresser activement au mouvement, aux textes et, partant obligèrent l’opinion publique à faire marche arrière. Le juge, ayant compris l’absurdité de la situation, innocenta les poètes ‘‘hungry’’ sans plus de cérémonies.

La ‘‘Beat Generation’’ représente pour l’Occident, à quelques exceptions près, ce que la ‘‘Hungry Generation’’ représente aux yeux de la vie et de la littérature indiennes. Elle a grandi et pris une importance historique en tant que seul mouvement qui régit l’humeur et la libre écriture de ce côté du globe. Il y a environ une vingtaine de livres, de revues et de feuillets qui ont commencé à être distribués dans les kiosques, et chaque année leur nombre augmente.

Malheureusement pour lui et pour les poètes ‘‘hungry’’, au cours de sa visite phénoménale en Inde dans les années 60, Allen Ginsberg, le jeune Allen avec Peter, alors qu’il était à Calcutta, n’a pas eu l’occasion de rencontrer les poètes ‘‘hungry’’ qui étaient étouffés par les peigne-culs. Par ailleurs, Allen a dû se farcir ces nains ventrus qui, en dépit de leur renommée pourrie, n’étaient que des mercenaires, maquereaux de l’establishment et des grands bordels. Encore tout récemment, on avait caché à Allen la cause, les engagements, le mode de vie et les écrits de la ‘‘Hungry Generation’’. Quelquefois, il semble bizarre que des hommes de paille puissent même contrôler les médias en Inde, qui n’ont pas l’habitude de mâcher leurs mots. Les types qui l’ont rencontré à Calcutta après avoir bénéficié du meilleur de la présence d’un saint poète comme Allen, forment, comme le petit homme du Reich, la plus grande force qui a miné ce que la ‘‘Hungry Generation’’ et la ‘‘Beat Generation’’ défendent : l’émancipation de l’homme. Ils étaient inspirés par leur cupidité et leur désir obscène d’argent et de ce que l’argent peut offrir, pour empêcher la propagation des écrits beat ici … sauf qu’ils les ont plagiés, à mon avis. Quant à Jack Kerouac, il est dépeint plus comme un ivrogne et un joueur de football que comme un créateur de livres étonnants qui sont considérés comme des classiques de l’époque moderne dans le monde entier. Dommage, vraiment trop dommage. À cause de la barrière linguistique et du manque d’information, Allen ne pouvait pas avoir imaginé quels rôles dégradants ont été joués par des types au nom de la poésie et de la littérature.

Tant pis. Peut-être que le revers de la médaille ne se présente pas aussi mal. Contrairement aux poètes et versificateurs de la génération précédente, la plupart des poètes de la ‘‘Hungry Generation’’ connaissent bien la lettérature mondiale. Ils connaissent les ouvrages d’Allen, de Burroughs et de Kerouac aussi bien que ceux de Rimbaud et d’Artaud, de Genet et de Céline, de Cendrars et d’Apollinaire, presque par coeur. Par conséquent, le fait d’orchestrer ce manque de communication ne pouvait détruire à long terme les liens qui existaient entre la ‘‘Hungry Generation’’ et la ‘‘Beat Generation’’. Grâce à Lawrence Ferlinghetti, qui a fourni au moment opportun des livres et des textes, grâce à un certain nombre de revues de la ‘‘Hungry Generation’’ comme Pphoo et Swakal et surtout grâce à George Dowden, bibliographe d’Allen, poète, yogi et maintenant principal émissaire américain des beats en Europe, qui est aussi venu à Calcutta et s’est lié d’amitié avec les principaux poètes ‘‘hungry’’ comme Saileswar Ghosh, Subhas Ghose et Arun Banik. C’est sa femme spirituelle, ma très chère et très peu sainte soeur Nancy, qui m’a permis de mettre à jour mes lectures de Kerouac en m’envoyant la dernière édition de Vision of Cody.

Malheureusement, la majorité des lecteurs au Bangale ne connaissent pas les oeuvres de Keoruac, à part Sur la route et Les clochards célestes et, peut-être, un peu de son légendaire mode de vie, grâce à William Burroughs et Allen Ginsberg. J’ai bien peur que l’on doive blâmer les médias imparfaits et motivés par la recherche du bon marché et du sensationnel et du ‘‘très pop’’ … non ?

J’ose à peine prétendre que, j’ai un peu de Rimbaud et de Kerouac en moi. Je connais toute la signification de l’expression ‘‘nostalgie de Ti-Jean’’ et l’horreur de ce moment qui vous paralyse quand vous extirpez votre foie pour savoir qui vous êtes dans une vaste ville comme Calcutta ; c’est ce qui est nécessire pour former une personnalité littéraire bien équilibrée. Si, par hasard, on oublie tous les mouvements dans le monde entier, on n’oubliera pas ces choses permanentes et élémentaires don’t Jack Kerouac est le symbole. Vive Jack, mon frère éternel !

Jack Kerouac est un phénomène et ce qui abattrait une âme faible le rend plus vivant et plus virulent, triste mais jamais sadique, un vrai poète qui évolue entre un état sauvage et l’état paisible et parfait de satori. Le monde de Jack est la salle d’accouchement des âmes créatives de tout temps. Les paradoxes l’entourant, cette énigme, cette soif de la vie est l’héritage principal que Jack a laissé à la conscience moderne et que l’on peut trouver dans le pays de Mémère, dans la lumière mystérieuse et inexplicable de l’aurore boréale.

Aurore boréale

Jack Kerouac, c’est l’aurore boréale !

 

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