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Cahier "Bourson"
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 Article publié le 14 septembre 2009.

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Gilbert Bourson dans "Joséphine la cantatrice" de Kafka.

Gilbert Bourson a occupé le terrain du théâtre pendant près de trente ans. Ses innovations et son influence se font encore sentir dans les mises en scène et les interprétations du moment. Entre autres commentaires, Jean Ricardou et Michel Arrivé se sont chargés de laisser une trace de cette œuvre accomplie à Genevilliers. La compagnie Signes a cessé son activité il y a peu et depuis, Gilbert Bourson s’adonne presque exclusivement à la poésie qu’il écrit avec une réussite tranquille et des précisions de détails qui saisissent la lecture comme les embruns inoculent le goût des voyages et de l’immobilité. Le Chasseur abstrait a entrepris de publier cette œuvre en cours. Car il s’agit bien d’une nouveauté dans la longue carrière artistique de ce septuagénaire qui n’a pas l’intention de se laisser noyer par la tentation d’une auto-archéologie encline au ressassement en lieu et place de l’assouvissement constant des facultés créatrices. Gilbert Bourson est un poète qui fut un homme de théâtre, metteur en scène, dramaturge, comédien, directeur du groupe Signes et grand amuseur de la cité de Genevilliers et de sa voisine aux gentilés toujours reconnaissants si on les rudoie verbalement. Bruxelles, plus charmante et plus prédisposée à employer son intelligence collective à bon escient, salua aussi Un cœur simple, d’après Flaubert, mis en spectacle par le groupe Signes de Genevilliers. Cette aventure fut collective et Francine Sidou-Bourson y joua plus que l’indispensable.

S’il s’agit ici de citer quelques-uns de ces spectacles, c’est pour montrer clairement à quel point, selon le contraire des idées courantes, la littérature et le choix des textes mis en jeu relève d’un art et non pas d’une simple emprise, qui serait désuète, sur l’esprit de divertissement qui broie la création au profit de la rigolade. Ce qui n’empêcha Signes de mettre à l’épreuve la capacité de rire franchement au spectacle de la littérature, comme le souligne le critique belge en première page du Soir : drôlerie irrésistible, binôme qui définit le regard que Gilbert Bourson porte sur les grands textes de la littérature. On aurait d’ailleurs tort de parler d’ironie, sans doute parce que l’ironie n’est pas une fête. En marge, Jean Ricardou ennuyait le public avec son Flaubert et du coup, la représentation passait pour un exutoire nécessaire. C’est aussi dans l’idée de Gilbert Bourson d’imposer le rythme d’un esprit aussi éclairé que celui de Ricardou et d’affronter carrément le public pour lui imposer, mine de rien, un rythme encore plus exigeant de titillations.

Entre chefs-d’œuvre de la clairvoyance, citons :

Concert Rabelais, jeu de Gilbert Bourson, mis en scène par Francine Sidou sur une dramaturgie de Jean Molina – 1994.

Joséphine la cantatrice, d’après Kafka, idem – 1992.

Les fables de La Fontaine, spectacle interprété par G. Bourson – 1996.

Hérodias, de Flaubert, mise en scène de G. Bourson et F. Sidou – 1998.

La tentation Saint-Antoine, idem – 1995.

Mon cœur mis à nu, d’après Baudelaire, mise en scène de F. Sidou avec J. Molina – 1993.

Le château des Carpates, de Jules Verne, avec une musique de Frédéric Aulnette.

Maldoror, d’après Lautréamont, musique de Jean-Claude Biquand.

Une saison en enfer

Poupée, de et par Gilbert Bourson – 1999.

Thyeste/Atrée, d’après Sénèque, traduction et mise en scène de G. Bourson.

La croisade des enfants, de Marcel Schwob, mise en scène de G. Bourson.

Gestes et opinions du Dr. Faustroll, ’pataphysicien, d’Alfred Jarry, avec une critique de Michel Arrivé parue dans la Quinzaine littéraire.

— Et un Mallarmé que Gilbert Bourson considère comme le chef-d’œuvre de Signes.

Gilbert Bourson et Catherine Jacobsen dans "Herodias" de Flaubert.

On retrouvera Gilbert Bourson dans le numéro double 2-3 du RAL,Mag en novembre prochain, qui sera essentiellement graphique et proposera donc de la mise en scène. Puis, dans le numéro 4 (février 2010), qui sera sonore dans sa plus grande partie, la version sonore du Mallarmé qui marque un moment important à la fois de la carrière et de la vie de Gilbert Bourson.

Si le Cahier « Bourson » rendra effectivement un compte précis de cette aventure sur les planches, avec force documentation écrite et photographique, l’essentiel consistera à présenter les quatre ouvrages publiés par le Chasseur abstrait (voir chez Amazon.fr). À une époque où la poésie fricote encore avec le populisme côté jardin et l’intellectualisme côté cour, Gilbert Bourson persiste à la croire assez drôle et tellement irrésistible qu’il en écrit le meilleur, se plaçant d’emblée auprès des fines fleurs de la littérature contemporaine une fois épurée de sa constante inclination académique et commerciale. La poésie, si elle existe, n’a pas besoin du vulgaire ni du pensum. Pas plus que de l’entre-deux-eaux. La joie c’est tout le pavé du corps/ lancé dans la vitrine de la vie/ qui retombe/ en laissant la cassure affirmée d’une étoile/ en forme d’étreinte/ qui dit je vois rouge/ et revient se poser/ sur le licol du souffle frappé de paroles/ au galop de ton ombre. Nuance.

Patrick Cintas.

 

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