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Dieu : la question
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 Article publié le 26 janvier 2010.

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 « Dieu est un scandale. Un scandale qui rapporte. » Charles Baudelaire

C’est par ce mot de Baudelaire que j’aimerais commencer cette réflexion.

Et la parachever par cette injonction « gainsbourienne » : AIME MOI, NOM DE DIEU. (Dieu est un fumeur de Havane par Serge Gainsbourg)

Au Nom du dieu que je ne connais pas, fais que je sois aimé pour que je puisse exister. Ton amour, nom de dieu, est la preuve, et la consécration de mon existence.

Dans les brumes œnoliques et les fumées bleues, le beau Serge explorait tout le pathétique de la condition humaine : il faut qu’un dieu nous aime, ça sert à ça ce nom de dieu, à faire pleuvoir sur nous une manne d’amour si on l’invoque correctement avec la foi du charbonnier. Si l’autre, l’humain qui est en face, derrière ou à côté, ne nous aime pas assez, il reste à invoquer le nom de dieu…

L’amour dont nous avons tous une soif torturante est tout entier subsumé dans ce mot : Dieu. Il est l’espoir d’une vie meilleure, maintenant ou plus tard ; la consolation des souffrances, passées ou présentes ; la récompense des pensées et des actions connues ou ignorées…

La promesse contenue dans ces quatre lettres ressemble à un hologramme : l’amour de Dieu est-il un objet virtuel, une image en 3 D ou une constellation noyée dans la quatrième dimension ? Ne fait-on que le rêver, ou certains parviennent-ils à le toucher au travers de leur martyre ? Faut-il mourir pour le gagner ou vivre pour le glorifier ?

Le Tétragramme originel qui désigne dieu dans l’Ancien Testament : YHWH - en hébreux ou en araméen- est une forme du verbe HWH, havah (« être » , « devenir »), qui combine la première (Je suis) et la troisième (Il est) personne du singulier, le passé (J’étais), le présent (Je suis) l’accompli (tous les temps du passé, donc réalisé), l’inaccompli (tous les temps potentiels du futur au subjonctif et au conditionnel).

Dans ces quatre lettre sont rassemblés tous les temps et tous les sujets vivants ou inanimés soumis à ces temps.

Le nom de Dieu, YHWH, ne se prononce pas et ne s’écrit pas. Pour l’évoquer on prononce « Adonaï » (le seigneur) ou « Élohim » (le très-haut) ou « HaShem » (le nom).

Ce mot : Dieu dégage une si terrible puissance, d’amour, de création ou de vengeance, qu’il suffit de parler du « Nom » (HaShem) pour que, tel le génie jaillissant de la lampe magique d’Aladin, tout le mystère de la vie et tout le sacré que recèlent l’ignorance et l’obscurité, nous enveloppent et nous transportent.

Où ? Au paradis ou en enfer peut-être !

La légende, bien avant les modernes analystes, a compris que « le mot crée la chose ». Elle raconte que l’ébauche qui précéda l’homme n’était qu’un amas sans vie de glaise façonnée comme un pantin : le Golem. C’est en écrivant sur son front le mot « Emet » (vérité et vie) qui est un des noms de Dieu, que la vie a animé la glaise. Mais si on efface la première lettre du mot, il reste « Met » qui signifie MORT. C’est de cette façon que le Golem est devenu vivant, parce que le mot de Dieu a été écrit sur lui. Mais qu’une seule lettre vienne à manquer et la vie devient mort. Le Golem retourne à la glaise qui a servi à sa création.

« Tu n’es que poussière et tu retourneras en poussière… »

C’est ainsi que l’on conçoit que Dieu est un mot, juste un mot de quatre lettres écrit au front de l’homme. En somme, Dieu, le mot, est le principe de vie.

Nous ne savons pas définir la vie, alors nous l’appelons Dieu. Nous redoutons la mort, alors nous lui donnons le nom de Dieu.

Quels plus grands mystères que la vie et la mort ? Et comment les apprivoiser, les conjurer, les révérer, si ce n’est en les nommant d’un nom générique et définitif ? Un nom qui contient à la fois le début et la fin.

Si début et fin peuvent se confondre, c’est bien la preuve que la mort n’existe pas puisqu’elle est contenue dans la vie…La vie est possiblement éternelle.

Quel soulagement de pouvoir s’en persuader !

Le tétragramme Dieu est une perfection, inébranlable sur ses quatre piliers ; les piliers de la sagesse, de la foi, ceux de la révélation et du sacrifice. Il se perpétue par l’amour dont il émane et qui nous baigne, nous pauvres humains nus et affamés.

Que les hommes qui n’ont pas accès à la signification ésotérique, symbolique et magique du tétragramme aient voulu le personnifier, le représenter (ce qui est interdit) afin de le configurer à leur image pour s’en rapprocher n’a rien de surprenant.

L’homme chétif en son corps, a besoin de se croire construit à l’image du Mot invincible et éternel.

Dieu est devenu représentable, pour ceux qui sont aveugles et sourds, par un personnage en chemise blanche ; le barbu qui ressemblerait à Charlemagne, l’empereur à la barbe fleurie, ou au Père Noël selon les époques. En tous les cas une figure tutélaire, paternelle, bienveillante mais sachant châtier et récompenser et dont les desseins sont « insondables ».

Dieu est un fumeur de gitanes, comme papa, et il a dans sa besace des promesses de vie éternelle. Il sait tout, puisque nous ne savons rien. Il faut bien que quelqu’un sache ce qu’est la vie et ce que signifie la mort et surtout ce qu’il y a avant et après ! Dieu est celui qui sait, et non plus « celui qui est » comme le dit l’ancien testament… Il est l’architecte.

Dieu sait quand, dieu sait où, dieu sait pourquoi…Nous le disons sans cesse dans la vie courante.

L’omnipotent, l’omniscient, le tout-puissant est aussi une arme dans la main de ceux qui ne craignent pas l’« après » de la vie ( sachant qu’ »après » il n’y a rien). Il est devenu le prétexte de la violence, de la conquête et de la destruction. « Gott mit Uns » proclament avec arrogance ceux qui ne croient pas une seconde dans les vertus du Mot, de la Vie et de l’Amour.

Dieu est un scandale, un juteux scandale. Cathédrales, croisades, musiques sacrées, peintures et fresques, vénération de Saints et de Martyres, tout est bon pour engranger des biens en monnaies sonnantes et trébuchantes.

Dieu est cousu d’or et son prophète se promène en papamobile.

Alors, Dieu est-il un nom ou un mot ?

Les deux, mon Général !!!!!

Rolande.Scharf.

Février 2008

 

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