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 Article publié le 12 mai 2010.

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« Ne pouvant embrasser le tout et voulant essayer de comprendre j’ai pris le parti de construire un cadre et d’y fouiller jusqu’en son cœur. »

 

(Confessions pour paraître)

 

 

1.0

 

 

Les sombres mots d’hiver

Nous reviennent à la peine.

Sans le sou d’un soleil

Ce sont balles de coin

 

Communes à toutes frappes.

Dites ! Qui a calé

Les taquets de la croix ?

 

 

2.0

 

 

Le roman c’est du flan,

Arbousiers et trip-ouilles.

Armateurs de sampan

Revoilà l’aventure !

 

Tri-fesses et perlettes,

Dérives de nos mondes,

Tout n’est que nos yeux.

 

 

3.0

 

 

Tout ceci, tout cela

C’est encore du plat,

L’enduit gras du bla-bla,

De la poudre de rat

 

Au nez friand du chat.

Les charrettes se croisent

Et nos serments se taisent.

 

 

4.0

 

 

Pour piéger dans l’anneau

Un boisseau de nigauds

Il faisait des discours

Et disait de l’amour.

 

C’était ainsi les jours

Où les bons haricots

Se perchaient sur nos dos.

 

 

5.0

 

 

Ne croyez pas. Jamais

Ce qu’on vous dit. Demain

Sera notre poussière,

Le pollen de nos jeux.

 

Aveugles et voyants,

Solitude et vents…

Que nous dictent ces temps ?

 

 

6.0

 

 

Des coraux d’échouage

Aux plaines océanes,

Ce peut-il banc meilleur

Sur ces bords du mystère ?

 

Écoutez bien la phrase

De la dernière mue

C’est l’herbier de nos peaux.

 

 

1.1

 

 

Les sombres mots d’hiver

Sont gendarmes sectaires

Ou îlotiers polaires.

Haro ! Sus ! Glissons-nous

 

Dans les fûts de vinaigre

Dans ces jus de prières…

Paroles de faussaires !

 

 

1.2

 

 

Nous reviennent à la peine

Les vrais maîtres des peignes

Pour replanter les bois

Des constellations vides.

 

 

C’est beuglante de cerf

Qui vibrent sur le fil

Des larmes des bouchers.

 

 

1.3

 

 

Sans le sou d’un soleil

Les lunes argentées

Dégringolent aux casses

Des rotatives grasses.

 

Se poser sous la presse

Pour que coulent les eaux

Ardentes de nos pertes.

 

 

1.4

 

 

Ce sont balles de coin

Pour tout doigt de marcheur,

Et jongleries de pieds

Pour tapi bleu d’acier.

 

On raconte un billard

Sans trou, sans fards, sans bandes

Aux confins de nos chairs.

 

 

1.5

 

 

Communes à toutes frappes

L’encre bigote ronge

Les lettres de la Foi.

On soustrait, on divise,

 

Rien ne s’articule.

Dans les mains du consul

Les bassesses copulent.

 

 

1.6

 

 

Dites ! Qui a calé

Ces images poisseuses ?

J’ai le bruit d’un trépan

Qui squatte ma cervelle.

 

Je ne vois ni n’entends,

Ça découpe et ça range

Dans la dépouille du rire.

 

 

1.7

 

 

Les taquets de la croix

Se clouent comme des joies,

Chardons royaux et nœuds

De soie, ce sont des points

 

Aux cordes abyssales.

Le tarot a son fou

Pour surseoir à la chute.

 

 

2.1

 

 

Le roman c’est avant,

Once des temps qui bégaient,

Boue tenace aux pieds

Qui ne vont que chaussés.

 

Quelle nudité absolue

Faudrait-il retrouver

Pour revoir nos possibles ?

 

 

2.2

 

 

Arbousiers et trip-ouilles !

Apres sonnets confus

Nagez comme des blattes

Dans l’eau de nos soupières !

 

Je dirai en Fidèle :

Ne soyez plus grincheuses

Belles et rêvées sucrées.

 

 

 

2.3

 

 

Armateurs de sampans

Vous prenez dans vos voiles

Nos rivières de perles

Nous ne laissant que coquilles…

 

Alors qu’imaginer

Si tout naît et périt

Autour du traître verbe.

 

 

2.4

 

 

Revoilà l’aventure

Et ses pompes obscures.

Anabase furieux

Des suints de la peur.

 

Il faut griller les tours,

Et que tout disparaisse…

Moudre enfin seul son mot !

 

 

2.5

 

 

Tri-fesses et perlettes,

Gazettes de pince fesses !

Que se tressent baguettes

Sur coquettes de messes !

 

Les mers lèchent les chairs

Des marches de l’austère

Et flèchent nos sanctuaires.

 

 

2.6

 

 

Dérive de nos mondes

Sur la crête des arbres…

La manie du parleur

Aliène le contre ciel.

 

Haut les mains ! Gare aux plombs !

La bourse d’un rhéteur

N’offre rien au marcheur.

 

 

 

 

2.7

 

 

Tout n’est que dans nos yeux

À qui sait contempler.

Tragédie du regard

Sur le quai des exils.

 

C’est la soif qui nous pare,

Rien n’a pu se créer

Sans voir ou être vu.

 

 

 

3.1

 

 

Tout ceci, tout cela

À répondre aux langues

Et à entendre avec.

Mosaïques des rythmes !

 

Tous ceux des archipels

Dans la nuit m’appartiennent

Car je les reconnais.

 

 

3.2

 

 

C’est encore du plat

Ni reliefs à gravir,

Ni portes à ouvrir,

Ni escaliers à prendre,

 

L’espoir nous lacère…

On s’espère toujours

Sur les écueils de l’autre.

 

 

3.3

 

 

L’enduit gras du bla-bla

Est fatras et gravats,

Postillons de misère

Aux culs crispés de terre.

 

Mais quand le noir s’installe

La parole s’élève

Aux lueurs qui s’étouffent.

 

 

 

3.4

 

 

De la poudre de rat

Placide s’insinue

Dans le feu de nos têtes.

Les images se vissent.

 

Ne pas jeter l’aiguille

La laisser dans la veine…

La mort initie ses phrases.

 

 

3.5

 

 

Au nez gourmet du chat

La donne se dénonce

Et décroche ses lestes.

Les éventails s’étalent…

 

Bigre ! La bonne pioche !

Les grosses faces d’astres

Se fient à leur martingale.

 

 

3.6

 

 

Les charrettes se croisent

Et se recroisent pleines

De livres et de têtes :

On célèbre la voix.

 

Et on rode en surface

En supputant l’image

Qui nourrira les fonds.

 

 

3.7

 

 

Et nos serments se taisent

Dans les reniements,

Et les regards s’éteignent…

Ça déboise sévère !

 

Puis tous refluent encore

Vers le dernier arbre

Totems à bout de bras.

 

 

 

 

4.1

 

 

Pour piéger dans l’anneau

Une âme en liberté

Il vous faut imiter

Le chant serein du centre.

 

Là, si l’habileté

Est de votre parti

Vous boirez son enfer.

 

 

4.2

 

 

Un boisseau de nigauds,

Teint falot, jabots bas,

Briguaient la belle obole :

Le sceau de l’échafaud.

 

Dans les nues les corbeaux,

Bons frères, leurs chantaient

Du ‘Gratis pro Deo’.

 

 

4.3

 

 

Il faisait ses discours

Encore et toujours.

Il comptait ramener

Ce qu’il s’était juré.

 

Mais quand il appuyait

Sur ses yeux il pleurait

Ses labyrinthes droits.

 

 

4.4

 

 

Et disait de l’amour

Pour tromper son destin

Avec infiniment

De voiles délavés.

 

C’était instant de plaie

À inscrire aux muettes

Lèvres qui écoutaient.

 

 

 

 

4.5

 

 

C’était ainsi les jours

Blancs de grâce dorée.

Les grains mures de l’été

Rattrapaient la marée.

 

Et puis l’ivresse d’être,

Cette chaleur barbare

En gage d’éternité.

 

 

4.6

 

 

Où les bons haricots

Se trouvaient et croissaient

Des nabots récoltaient,

Arrachaient et brûlaient.

 

Pas un homme pour dire :

Aveugles ceux qui vendent

Ce qui n’est pas à prendre !

 

 

4.7

 

 

Se perchaient sur les dos

Des citrons à presser.

Et il y en avait tant,

De honte et de pitié,

 

Que nos membres endiablés

S’excitaient à broyer

Le zist de cette pulpe.

 

 

5.1

 

 

Ne croyait pas… Jamais

Le ventre des nasses.

Ceux qui y sont entrés

Sont encore à rêver.

 

Les hippocampes fiers

Se déplacent à l’équerre

Sur un mince layon.

 

 

 

 

5.2

 

 

Ce qu’on vous dit. Demain,

De suite en chaîne en chœur

Sera déclarations

De peines et d’afflictions.

 

Allez-y tout entier !

Ça renifle la sueur

Sur les ghâts du bonheur !

 

 

5.3

 

 

Nous serons la poussière

Qui remplira les bouches

Toujours à exiger

Ce sang de nos forêts.

 

Conquérants de nos mondes

Irons-nous sans audace

Dans la ronde des faits ?

 

 

5.4

 

 

Le pollen de nos jeux

Est aux désirs de cire.

Les ailes des histrions

Éborgnent ceux qui volent.

 

Il fait froid. Le pu pourpre

Des hier, des demain

Fait sa chasse au dahu.

 

 

5.5

 

 

Aveugles et voyants,

Ils récoltent vos cannes

Pour inspecter vos crânes

Et pissent dans vos coins.

 

Marchez donc dans la sente,

Évitez les bouffons,

Tenez bon vos épaules.

 

 

 

 

5.6

 

 

Solitude et vents

Écoutez ceux qui s’aiment

Et admirez ces deux

Qui par milliers se baignent.

 

N’a qu’un œil, n’a qu’un pied !

N’a rien pour savourer

Le chant de Galatée.

 

 

5.7

 

 

Que nous dictent ces temps

De leurs flots et falaises ?

Qu’on suspend du néant

Aux grands mâts des croiseurs !

 

Les éclats de la brume

Ne donnent pas de routes

Aux dormeurs éblouis.

 

 

6.1

 

 

Des coraux d’échouage

Sur banches de saline

Scintillent les dessous

Floqués des grands flamands.

 

 

Dans ce gué de crevettes

Des anciens et des jeunes

Palabrent de départ.

 

 

6.2

 

 

Aux plaines océanes

Les troupes partisanes

S’estourbissent à ravir

Nos tas de coquillages…

 

 

Qui osera cet âge

Sans bonnets de salaud

Ni graisseux gâte-sauce ?

 

 

6.3

 

 

Ce peut-il banc meilleur ?

Celui qui le crut fort

S’écartela le train

Entre chaises de paille.

 

L’une à hue, l’autre à dia

Les deux grinçaient l’angoisse

De poids du supplicié.

 

 

6.4

 

 

Sur ces bords de mystère

Que doit-il s’accomplir

Sans tapages braillards,

Sans oraisons sectaires ?

 

La grande lessiveuse

Dans ses mots sans histoire

Affame la beauté.

 

 

6.5

 

 

Écoutez bien la phrase :

Écrire est mouvement

Si semblable à la vie

Qu’on pourrait presque croire.

 

Les paons déploient leurs roues,

Nous nous aboyons pour

Feindre qu’elle s’offre à nous.

 

 

6.6

 

 

De la dernière mue

À la dernière nuit

Qui peut se souvenir

Sans devenir muet ?

 

L’instant cru, encore su

Caille le sang goulu

De nos futurs perdus.

 

 

 

 

6.7

 

 

C’est l’herbier de nos peaux

Qui se plaît à lier

Ces sonnets atrophiés

Aux laideurs de nos nez.

 

 

 

Il n’y a plus de héros

Dans les radeaux qui hantent

Les chants des matelots.

 

 

7.0

 

 

Je veux de cette dépouille

De ce jus doux de fripouille,

Je veux, nous dit le docteur,

Tout ce qui fait son odeur.

 

Je veux entendre ses peurs

Essuyer ses pleurs, nous dit

Le forgeur de bonheurs.

 

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