"La chose, bien seule, vit, dans sa vérité".
Max Rouquette.
J’aime ouvrir les portes
Qui n’ont jamais été ouvertes
Par personne.
Des portes
Fermées à jamais où l’âme
Du hibou est absente.
Seule la toile de l’araignée
Est souveraine.
La poussière.
Les chaises
Sans dossier ni accoudoir.
Pendant qu’à travers un miroir
Au visage éteint les paupières
Du jour ressemblent
À une froide estocade.
Rien ne peut être vrai
Lorsque le papillon
Somnole
Derrière un tas de ferraille
Rouillée.
Même les murs murmurent
Une musique misérable.
Un écho
De métal surgit du sol,
Tandis que mes pas claquent
Sur la poussière endormie.
J’entends soudain la présence
D’un oiseau.
Il m’observe
Attentif à travers une tuile cassée.
Il bouge lestement
Sur le haut de sa poutre
Et picore le bois
Avec son minuscule bec blanc.
Je comprends donc
Qu’il n’existe pas
Vraiment
De solitude.
Des yeux
De la taille de l’univers
Scrutent de loin
Chacun de mes gestes.
Nous pourrions dire
Que cette maison
Est le monde.
Car l’éternité
Est confirmée par la poussière.
J’interpelle chaque objet
Avec mes mains.
Un vieux cendrier
Plein de mégots éteints
Tombe et détruit cet ordre éphémère.
Une serrure encore en vie.
Un pot de fleurs où l’eau
S’est évanouit comme la peau
D’un serpent.
Rien ne m’invite à continuer
Dans ma démarche.
Pourtant
J’astique le bois
De cette table
Et la vie réapparaît.
Je libère une vielle nappe
De la poussière éteinte.
Elle sourit.
L’horloge,
Se met à tictaquer
Et sa cloche sonne à nouveau.
Soudain, je vois le hibou
Assis sur le haut
De la poutre.
Il m’observe essuyer le sol.
J’en profite pour ouvrir
Les volets de la fenêtre
En bois.
Tout est en ordre maintenant
Pendant que la poussière
Bat de l’aile
Subitement
Et que l’horloge
Se met à somnoler et à rêver
Couverte par la poussière du jour.
© Patricio Sanchez