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Au Brésil, la naissance du groupe Noigandres a marqué un profond renouvellement de
la poésie. Ce groupe est fondé en 1952 par trois poètes Haroldo de Campos (1929-2003), son
frère Augusto de Campos (1931- ) et Décio Pignatari (1927- ) qui se sont rencontrés quatre
ans auparavant. Il est conçu tel un atelier d’expérimentation sur la base d’un travail critique et
créatif, tout aussi bien collectif qu’individuel. Nommer leur groupe Noigandres, tout comme
leur revue, rappelle Ezra Pound (1885-1972) à la mémoire, en faisant une référence directe à
ses « Cantos ».1 Selon Jacques Donguy, ce mot a été choisi par le groupe brésilien en 1952
pour devenir le symbole de la recherche poétique, car « noi » veut dire l’ennui et « gandres »,
éloigner, ce qui donnerait à la poésie la faculté de repousser, chasser l’ennui.2 L’épigraphe du
numéro 3 de la revue brésilienne mentionne « Noigandres, Poesia concreta » et se donne
comme une réponse adressée à Pound avec qui, par ailleurs, ils entretenaient une
correspondance depuis 1953. La recherche brésilienne est donc celle d’une poésie
« concrète », c’est-à-dire qui travaille la matérialité textuelle dans un rejet d’une rhétorique
sentimentale ou émotionnelle et qui se place dans une certaine filiation poétique.[...]