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Où sont les critiques ?
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 Article publié le 25 novembre 2010.

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Jusque dans les années 80, en France, la critique a joué un certain rôle dans la diffusion des livres et dans l’émergence de polémiques qui ont fait avancer la littérature, ou « l’exercice problématique de la littérature », comme disait Jorge Luis Borges. Par le biais de la télévision et d’émissions devenues patrimoniales, des revues littéraires nationales, de la radio et de la presse écrite, les œuvres des écrivains ont été décortiquées, discutées, défendues, vilipendées…

Dans ce contexte, quelques noms venaient aisément à l’esprit des lecteurs dès que le mot « écrivain » était évoqué : Françoise Sagan, J.M G Le Clézio, Philippe Djian…

Rendons grâce à la pérennité des émissions cathodiques – plasmiques devrait-on plutôt dire – qui continuent d’évoquer les livres, un phénomène typiquement français, une exception, une de plus, dans un paysage littéraire européen où le face à face entre écrivains est quasiment inexistant. Cette particularité engendre une certaine admiration de la part de nos voisins allemands, italiens, espagnols et anglais qui ont conscience que le pays de Molière sait cultiver ses différences et ses paradoxes.

Ce constat ne signifie pas que la relation entre la critique et les écrivains ait été toujours bénéfique pour la littérature. De manière récurrente, il y a ce qu’on appelle une « crise de la critique » : soit elle parle insuffisamment de la littérature – du fond et de la forme – soit elle est dépassée par l’apparition d’œuvres nouvelles ou inédites qui bousculent ses habitudes.

Avec la création d’Internet, de nouveaux espaces ont été pris, et avec eux l’élargissement d’une liberté d’expression. De la sorte, la critique a quelque peu volé en éclats, puisque les internautes amateurs de littérature peuvent exprimer leur opinion et parfois développer un propos digne d’un critique. Certes, la toile est en partie le miroir du monde dans lequel nous vivons, un monde hautement contrasté où se côtoient simples réflexes et analyses dignes d’intérêt. L’éclatement des formes narratives a pu également prendre ses quartiers à travers la toile, ce qui rend d’autant plus difficile, aujourd’hui, une lisibilité commune du paysage littéraire, autrement dit une vision globale de ce qui est publié chaque année… et donc des auteurs qui viennent aisément à l’esprit. Par ailleurs, dans une époque où le temps s’est considérablement accéléré à cause du développement sans frein des nouvelles technologies et de l’extension de la société du spectacle, la critique a elle-même de plus en plus de difficulté à se faire entendre, une critique, il faut bien le dire, souvent complice… tandis que la littérature, elle, n’en a cure, poursuivant sa propre aventure dans un temps qui lui appartient. Enfin, la critique devrait se méfier de l’enthousiasme et de la compétence de certains auteurs qui peuvent volontiers endosser son rôle.

Alors, je réitère ma question initiale… où sont les critiques ?

 

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