Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
Navigation
Les textes publiés dans les Goruriennes sont souvent extraits des livres du catalogue : brochés et ebooks chez Amazon.fr + Lecture intégrale en ligne gratuite sur le site www.patrickcintas.fr
Journées (Patrick Cintas) - 1ère partie
Les grands chiens

[E-mail]
 Article publié le 27 septembre 2012.

oOo

Je fis en sorte de ne plus le revoir. Ce ne fut pas aussi simple que je l’avais imaginé. Nous habitons le même endroit limite. Deux seuils qui se rejoignent dans la rigole. Les mêmes fréquentations. Un rêve commun encore vivace. « Voulez-vous m’accompagner ? » me demande cet Ostrogoth. Il m’invitait à ses travaux d’été. « Pas grand chose en vérité, » confessa-t-il. Nous le vîmes passer, droit dans son étui de combattant du feu. Il disparut dans un autobus. Je montai alors pour préparer mes bagages. Je ne possède pas « grand chose ». J’ai vite fait de vider les lieux. Il me flatte l’épaule d’un : « Vous reviendrez » et je n’oublie rien. Comme c’est vite fait ! pensai-je en redescendant. Sur le trottoir, quelques grands chiens m’observent. Je leur renvoie la balle qui file dans la rigole jusqu’au bout de la rue. « Ils ne reviendront pas, » dis-je. Nous démarrâmes. La ville se vide ainsi tous les jours à la même heure, enfin : vue d’ici. Je ne connais rien d’autre. « Vous pouvez fumer, » me dit-il. Il ne fume pas, mais avec une vitre ouverte, il accepte de voyager en compagnie d’un fumeur. Il n’a jamais fumé. Qu’est-ce qui le cheville au corps ? me demandai-je tandis que la ville s’étiolait lentement. Les premiers champs de blé avaient l’air de tapis posés de chaque côté de la route, prêts à s’envoler avec leurs passagers infatigables. Un village descendit du ciel avec des promesses de pluie. Je m’abandonnai à la trajectoire d’une ligne haute tension. Je ne le reverrai peut-être jamais plus. Ce voyage m’éloignait de lui. Il en profiterait pour investir mes lieux. Je n’avais rien laissé, à part les souvenirs, bibelots des occasions de se croire ensemble. Fenêtres ouvertes derrière les volets fermés, emprisonnant les fleurs qu’il aimait soigner. J’entendrais peut-être son cri. Les grands chiens monteraient l’escalier. La porte est demeurée ouverte. Il a ouvert les volets. « Ne restez pas ici, les enfants ! » dit-il brusquement. C’était comme cela que je voyais les choses, à peine emportée par cet inconnu aux grandes mains. Il parlait d’une maison, de la mer, des idées qui lui venaient après l’amour et de la fin des vacances. « La fin des haricots ! » m’écriai-je malgré moi. Nous rîmes ensemble. La route filait comme le mauvais coton. J’écrivis une pensée dans ma mémoire. J’en écris souvent. Elles me ramènent toujours à la maison… à la raison, veux-je dire !

 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

 

www.patrickcintas.fr

Nouveau - La Trilogie de l'Oge - in progress >>

 

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -