Les abeilles peignaient la colline du beau giron de la fille, adossée à quelque haie c’est-à-dire la haie survenue hic et nunc dans la blancheur de l’aube. Pierre le jardinier regarde avec sa pelle et sa cisaille en main celle qu’il aime et à l’instant où il la voit c’est ce qu’il aime. L’instant de cette apparition la fille c’est son miel. Il cultive cela qu’il aime. Plantée là son plantoir en main c’est son soleil. La fille est adossée à la haie, adossée aux abeilles qui bourdonnent noires et il pense au doré des mots qu’il lui dirait dont elle est faite et dite à elle ce qu’il fait. Est elle de la voir la dire la rêver et
comme qui dirait en faire tout son miel et sa haie dans l’envol de son propre giron enceint d’ailes. Plantée déplantée butinée dardée sur l’horizon. S’étonnant du respect des abeilles pour leur souverain dit Virgile c’est lui. Son sceptre c’est elle. Son plantoir en main c’est sa voix son appel et le sexe du miel.
Elles butinent les flaques d’urine de votre sourire
Varron (à propos des abeilles)