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Article publié le 5 mai 2013. oOo Du soleil taire l’absence, afin qu’il ne soit pas dit qu’on n’a pas vécu, et de ce trait faire une raison, contre l’obscurité grandissante, d’avancer dans le jour une chandelle à la main… Ecrire se ramène peut-être à cela : faire en sorte que les ombres s’apaisent, en faisant de la lumière un avenir oublié, et convoquer des ombres qui, sans lumière, s’ignoreraient, failliraient à la tache infinie qui leur incombe : accompagner la lumière qui s’est tue jusqu’à sa dernière demeure de lumière. Oui, certes, la lumière est mise en demeure, dans la grisaille des mots simples, dans la lassitude des mots de tous les jours de se manifester malgré et contre son absence même, en l’absence de soleil. Le soleil, c’est aussi bien la vie radieuse de qui, solaire, s’élance vers le vide du ciel et, rendu là, sur la terre rugueuse, vaque à la tache finie, indéfiniment réitérée, de faire la lumière, toute la lumière sur le pourquoi de sa disparition. La raison est insatiable, on ne la traque vraiment qu’à travers une absence dessaisie : ne commence à se faire jour la vérité que le jour où, absente, elle se révèle toute entière pour ce qu’elle est : la dissimulation même au cœur de la présence. C’est que la présence n’est jamais donnée, elle est à prendre, comme la parole : inaugurale, elle n’existe pleinement qu’en avant d’elle-même… |
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