Qu’est-ce que la littérature … voilà une question essentielle, une question vaste qui ne peut qu’ouvrir de gigantesques champs panoramiques.

Oui, panoramiques, à l’instar d’un angle complet assurant une mobile et totale rotation, soit trois cents soixante degrés.

L’écrivain qui travaille constamment, au gré du lever et du coucher du disque - alternant entre lecture, repos, spéculation, relecture … - dans un rythme quotidien qui semble se répéter de jour en jour, l’écrivain qui élabore des fictions ouvertes dont ni le début, ni la structure, ni la fin sont planifiés à l’avance, l’écrivain qui met en forme, peu à peu, un sens proprement subjectif dans un style à la fois établi et en évolution, l’écrivain qui propose comme seul résultat un livre appropriable et discutable, l’écrivain, en un mot, qui est en train de faire la littérature, il est dans la recherche fondamentale.

Chercher, oui, rechercher, sans destination précise, à travers le magma ou la matrice forte de sensations, d’impressions, de souvenirs, de flexibilités du temps, de ressouvenirs, de projections ... avec comme seule force ou énergie vitale … Prométhée. Mais ici, point de laboratoire institutionnel constitué d’une équipe, d’un budget et d’un projet, point de structure ou d’organisme visible à l’intérieur duquel le cortex se déploie, spécule à partir d ’une problématique précise. Ici, c’est le monde et la langue qui représentent les figures à la fois statiques et mouvantes de l’écrivain-chercheur qui s’adonne sans relâche à une tâche simplissime : celle de donner forme aux différents mouvements qui le traversent, et ce avec le plus de précision possible.

La recherche littéraire … une flèche décochée de nulle part et dont l’horizontalité est stricte, une flèche très rapide qui vise une cible indéterminée … telle une arme nucléaire, par exemple, comme le missile d’un cuirassé qui traverse les eaux de l’océan dans une ligne parfaite dont il ne dévie jamais…

Et pendant ce temps, les Etats-Unis et le Japon sont les deux pays phares en matière d’investissement … 10% de leur P.I.B pour la recherche fondamentale … qui fait mieux ?

Et lorsque l’écrivain avance, il projette la puissance des mots qui traversent les idéologies, l’espace, le temps, des mots qui traversent tout.

Et c’est un vaisseau, maintenant, qui progresse dans l’obscurité scintillante, une architecture spatiale monumentale à l’intérieur de laquelle, peut-être, vit le narrateur ...une superstructure mobile dont les rotations, parfois, indiquent un changement de cap, un changement qui donne un nouveau sens à sa mobilité. La voie a-t-elle été tracée ? Il semble que non. Seul le mouvement compte, donc.

Les missions " curiosity " et " freedom " reviennent à la base, maintenant, et les équipes ont peut-être trouvé quelque chose…

Et là, maintenant, c’est la narration qui œuvre en toute liberté, volontiers héroïne de sa propre aventure, tel un félin en chasse, oui, un félin dont les sens exacerbés donnent toute latitude à son instinct en mouvement, un instinct synonyme de squelette lancé, projeté, synonyme de puissantes mâchoires aux crocs luisants, synonyme d’un regard droit qui un instant se conforme à la clarté du disque sur une plaine nouvelle … avant de regarder l’horizon, à nouveau.