A se tenir en face de cette femme rayonnante, son assurance avait fondu comme neige au soleil, mais sous la glace sa confiance restait intacte, et dans ses eaux profondes l’estime qu’il se portait ondulait gracieusement.
Armée d’un pic, elle entreprit de ménager un trou dans sa glace avec la ferme intention de plonger dans ses eaux troubles.
L’épaisse couche de glace se laissait faire de bon cœur, d’autant qu’il neigeait à nouveau, qu’il gagnait ce faisant en assurance.
L’abondance des flocons de neige lui donnait le vertige. Epaisse et lourde, la neige tombait doucement.
Elle plongea dans ses eaux.
Quelle ne fut pas sa surprise de sentir une eau chaude lui caresser les flancs !
Un halo de lumière émanait de son corps gracieux qui ondulait dans ses eaux chaudes.
Son corps se détendit.
Elle sentit ses seins se durcir, ses hanches se raffermir, sa taille se corseter, ses jambes devenaient deux nageoires tandis que ses bras amenaient à lui puis chassait le flux vigoureux produit par sa force motrice en conflit avec la force d’inertie qu’il lui opposait.
Son sexe, bientôt, devint de pierre. Elle n’avait plus qu’à se laisser couler au fond. Radieuse, elle éclairait gaiement les fonds lacustres de son amant.
C’est le sourire aux lèvres qu’elle émergea des eaux.
Elle ne nageait plus. Il neigeait toujours. La glace chantait.
Elle était désormais en confiance.
Et fort de cette assurance nouvelle, il lui indiqua un sapin solitaire juché sur la colline dominant le lac. Il ployait gracieusement sous son épais manteau de neige.
Elle décida d’y bivouaquer à l’abri de sa ramure et d’y attendre l’aube, avant de repartir vers de nouvelles aventures à couper le souffle.
Jean-Michel Guyot
28 décembre 2013