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Comment Fernand le nouveau venu est perçu dans cette fosse
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 Article publié le 20 avril 2014.

oOo

On lui fait bien payer sa discrétion, à ce pauvre ahuri. Nous sommes expertes en cela. Faites nous confiance... nos langues sont affûtées... toujours trempées d’une cuvée qui nous rend loquaces en médisances. Comme nos culottes deviennent toutes moites en songeant aux torses de nos idoles.

N’est-ce pas merveilleux, une vraie fanfare d’apothéose ?!

(la mère aurait donc préféré qu’il se soumette sans sourciller à toutes les précieuses raisons de la Famille. Car elle voyait tout ce prestige de leur grande Famille ne pas en imposer plus que cela à ce jeune inconnu. Un comble. Il arrivait dans la Famille. Avec la simplicité d’un ami de longue date. Et ne paraissait pas s’aplatir devant les avis définitifs qu’on daignait lui donner sur l’existence et qui se trouvaient vérifiés depuis des lustres... depuis le temps qu’on en discutait dans la Famille...)

Non, non, sa Louise méritait de fait un type bien plus solide sur ses jarrets... et qui puisse lui offrir en conséquence un cadre vaste, ferme, indiscutable et sûr afin de pouvoir s’y épanouir...

Il faut que la pauvre petite puisse taire enfin tous ses démons. C’est important. Et pour cela il est impératif qu’elle puisse progresser dans un cadre lui offrant à chaque pas l’appui des plus sûrs repères. Comme dans un roman à succès. Tout y doit être limpide, clair, fléché d’étapes.

Sans cela, c’est le flou, l’incertitude... la porte ouverte aux abîmes de la nuit... et il ne doit surtout pas être question de cela dans une famille sérieuse.

C’est que la mère ne veut pas une seconde soumettre au hasard le destin de sa lignée.

Les emballements sentimentaux n’ont qu’une temps. Il ne faut pas tout miser là-dessus...

Impossible d’offrir ainsi sa fille au premier beau parleur venu. Il faut avancer des preuves et des assurances un peu plus solides. Sans cela c’est la faillite, le gouffre, l’abîme noir d’incertitude où briser un à un tous ses frêles petits os.

Ce serait là une bourde impardonnable. De suivre ainsi le premier type qui passe.

Le premier vagabond issu de la nuit des mirages.

Son esprit est ainsi tous les jours parcouru par des ondes contradictoires. C’est une houle de pulsions... un déluge de peurs glacées dans la nuit. Ainsi. Toujours malmenée par ses désirs... elle ne trouve aucune assise, aucun équilibre plus d’une minute... même et surtout en se forçant.

(Mieux qu’on impose silence à une classe dissipée... ou que l’on noie dans les flots une portée de chatons dont personne ne voudrait plus au village).

 

Toujours elle s’absenta d’elle même. Sa mère, ses sœurs l’observaient avec cette angoisse diffuse que l’on doit à l’attention d’un être trop fragile pour pouvoir affronter la vie. 

A présent qu’elle s’est trouvé un compagnon bien matériel, sans humour et solidement établi, elle est capable de faire mine de se sentir bien raccordée au monde. L’équilibre paraît à nouveau bien respecté. Tous les repères sont présents, un à un. Ils sont vérifiés comme sur un check list avant décollage, une fois la piste bien dégagée jusqu’à l’horizon.

Elle se voit enfin reliée à l’existence comme à ses possibles dangers. Revenue au plus grand sérieux, son visage ne pleure plus aucune couleur d’angoisse banale.

Non, elle se colore d’un nouveau sang. Louise observe la lumière du jour emplir la pièce. Ainsi d’un seul coup ses douleurs sourdes ne la travaillent plus à aucun instant.

(cependant on sent bien que toute cette sécurité n’est somme toute qu’un leurre... puis que l’inquiétude continue de lâcher ses vannes en elle... de fait elle est inondée d’un sang noir dont tout son comportement se colorera bientôt).

À la première menace incertaine des circonstances, elle n’était plus là.

Sous le coup d’une déception très simple et qui aurait dû trouver à s’expliquer... toute son assurance soudain s’évaporait...

Fuite certaine de toutes les certitudes.

 

 

Alors elle se mouvait en spectre inconstant.

 L’angoisse colorait sa voix de même que ses joues.

On aurait dit qu’elle y avait mis trop de fard.

Il lui fallait donc un type concret, robuste et droit pour enfin trouver à s’établir... Fernand lui parut de suite idéal, avec tout son tact et sa jolie coiffure.

(mais il devait lui aussi avoir ses secrets, ses névroses, ses couloirs sans fin où se perdre, il ne devait pas toujours, même si elle aimait à le croire, respirer cette assurance qu’on lui voyait dans la lumière bleue de l’azur du port...)

Son visage seulement, si propre et si constamment jovial, effaça par sa seule apparition toute indisposition maladive. Toute crispation dans l’estomac si fragile et noueux de Louise.

Il eut toujours de fait sur elle ce pouvoir magique que l’on prête aux mages ou aux guérisseurs de l’ancien temps. Aussi humble fut-il dans ses vestes toujours si bien repassées... il était capable par sa réserve seule d’embraser en elle de curieuses et très discrètes pâmoisons.

La passion et ses tourments ne s’allumèrent en elle que suite à ses premières absences un peu prolongées.

Dans sa veste blanche, auréolé de lumière... Elle se sentit de suite rassurée par son approche lente et mesurée. Comme pour apprivoiser une bête délicate et pleine de réticences, il s’était avancé vers elle. Dans la clairière. Elle craignait sa carrure. Elle aimait le voir arriver. Bientôt elle fit taire à ses lèvres les inepties qu’inspirent les premiers temps de la passion. Alors elle sentit à son entrecuisse une forte brûlure la travailler, comme plus tard le ferait sa langue approfondissant son émotion.

Le crescendo du sang commençait fort en elle.

 Elle aimait la psychologie, c’est-à-dire les petites revues psychologisantes et pleines de conseils éclairés sur la vie pratique.

Mais Tout cela fut balayé par la présence de cet homme. Dans son calme elle déversait toutes les richesses qu’elle aurait voulu y lire. Dans ses silences elle sentait couver des secrets prometteurs Qu’elle aurait voulu voir surgir au jour.

Elle aimait par dessus tout cette attente...

Mais surtout lorsqu’elle se concluait par quelque chose de plus concret, enfin... quelque chose d’assez robuste et vif et capable de faire taire enfin les phrases.

Elle lui supposait une force indomptable. Il lui fallait de telles certitudes. Que son compagnon lui paraisse un colosse. Pour ensuite se permettre le luxe de se montrer ingrate. Misant sur la longanimité du jeune homme. Sur sa force impassible. Pour enfin s’en servir comme d’une colonne autour de laquelle elle aurait brodé toutes ses simagrées. Le fil de ses caprices. Selon les motifs de tous ses revirements. De ses tourments. De ses flammes. De ses poignards. Enfin de toutes ses hantises de jeune fille si faussement tourmentée.

Une colonne Trajane brodée de coquetteries.

Son compagnon nouveau lui apportait la sécurité dont elle rêvait. Au cœur de cette sérénité se nichèrent les fondements de ses futurs malices. (elle pourrait laisser ses folles raisons éclore... Prochainement. En roses. En camélias. En lys. Toutes ces fleurs dont s’embaumerait sa rêverie.

A présent qu’elle pense toute menace bien éloignée pour toujours).

Pour l’instant elle se lavait les cuisses dans la bassine. Non. Pour l’instant elle se frottait les mains sur ses genoux. Car elle était toujours bien installée au grand salon où soupirent les notes graves de la musique. (la musique capable d’infléchir toute fausse raison).

La chaleur autour du logis assomme en eux les résistances.

Cela se voit : alors qu’elle restait, coincée autrefois dans des manières infusées de revanche ou de mollesse, voilà que Louise se montre fière, solaire, orgueilleuse.

Son visage dont la chevelure est ornée de rubans comme pour couronner ses caprices.

Elle laisse ondoyer ses impressions dans une forme de folie douce.

Alors qu’il y a deux mois encore l’expression de son visage révélait toutes les crispations d’une nature trop délicate, à présent même elle arbore un profil très carnassier.

C’est une fille pleine de joie enfin, pleine d’exultation naturelle...

 

De fait elle paraît sortir d’une longue convalescence. Enfin sa peau s’affermit. En elle la prédatrice reprend le dessus sur la timidité. La bête de proie, douce et sournoise, éprouve en son sang les plus sombres feux.

Elle n’est plus si mollement convalescente, ni si tendrement inoffensive, elle exulte, elle se cambre. La parfaite santé. Une forme olympienne ! Ses menus diététiques c’est certain doivent y être pour quelque chose...

Elle semble si solide, aussi ravie qu’une statue du jardin public solidement fixée sur son socle.

Elle sourit sans cesse. Au travers d’un voile de faiblesse constamment apposé sur ses traits.

Elle paraît aussi voilée de gaze.

Allongée sur son divan. Un éventail dans sa main. Un nouveau verre de porto servi face à elle, sur la grande table de verre.

Tout dans cette petite fête respire sa victoire.

 

La liqueur fait son effet. (on sent qu’à force son expression pourrait se creuser encore, formant cette grimace d’une momie peu ravie de se trouver embaumée, alors qu’elle se croyait encore bien vivante).

Cependant elle ne trahit plus son inquiétude fondamentale que par une certaine nervosité fixant ça et là l’expression hagarde de sa béatitude. Comme en arrêt. Sa joie paraît alors un peu forcée. Comme pour une fête d’anniversaire on affecte un enthousiasme disproportionné à la plate réalité du cadeau.

(à cet instant, le cadeau fut-il hideux, elle sait devoir marquer l’enthousiasme, et la fausseté de cet enthousiasme n’a rien de vraiment faux en fait, puisque la nature toute entière de cette jeune fille tend à l’artifice). 

On la voit, au moins pour l’instant, heureuse d’être bien coiffée dans la lumière.

Maquillée du même soin dont se colorent les têtes funèbres des sarcophages égyptiens.

Ses cheveux lui semblent un casque reflétant l’éclat de l’obscurité. Elle est aussi fière de sa robe à fleurs que de sa bonne humeur constante. Tout dans le salon vermeil semble pétrifié. Seul son visage irradie, singulier masque d’or semant son éclat dans l’ombre. Son fiancé joli, sa mère, sa grand-mère, toutes les figures lui paraissent à présent absolument irréelles, prélevées à elle ne sait quelle planète lointaine.

Et c’est au sein de cette compagnie qu’elle doit à présent devoir parler, discourir, se trouver toujours bien contente...

Il lui semble que la ville toute entière, bruissante, gorgée d’ombres, aussi terrible qu’opaque à sa pensée, ressemble à un grand vaisseau funèbre croisant dans la nuit. Tout est donc bien nébuleux à son esprit. (elle sent cette sorte d’impunité que confèrent certaines nuits, lorsqu’on se sent en marge du monde, sonné par le seul fait de faire partie de la parade des êtres et des événements, mais sans plus aucune vitalité, plutôt au travers de cette vaste toile de sommeil, cette brume au travers de laquelle on croit revivre ce qui est mort et révolu depuis des lustres).

Elle pourrait demeurer ainsi des heures. Fière de sa joie comme on l’est d’un talisman apposé sur son cœur. Ne sentant plus la moindre menace infester son horizon.

Cependant, de même qu’elle ne réalise pas en permanence la présence de son flux sanguin, son rythme et sa mélodie, de même n’a-t-elle pas toujours à l’esprit la réalité de son marasme.

Ni non plus de l’inquiétude qui depuis toute petite la travaille et la porte. Car, mieux que ses os, une angoisse depuis tout ce temps la porte et la maintient debout, elle doit l’admettre.

De même que si elle se trouvait niaisement satisfaite, elle ne trouverait pas le moyen de parler encore avec cette assurance comme cette même fraîcheur...

 

 

Tout autour de l’idée de son futur ménage peut bien crouler dans l’horreur et les dissolutions. Les cataclysmes peuvent s’empiler pour réduire en poudre tout le décor urbain des environs jusqu’à ses lointains régionaux.

 À peine cela la troublerait-elle plus qu’un cyclone de l’océan indien provoquant un rictus à la face austère du grand Sphinx d’Égypte.

Elle décide pour ce soir de ne pas se laisser atteindre... elle veut conserver ce refuge (même si ses contours sont si flous à ses yeux).

Elle porte une robe jaune la mettant croit-t-elle bien en valeur.

Tout va bien, si ce n’est fait, Fernand doit se mettre au piano, faire éclater sur le soir le chant plein de lumière du grand piano...

 Elle oublie à l’instant, alors que résonne un grand rire de son père répondant à la lourde blague d’un cousin, tout mauvais souvenir. 

D’autres soirs...

Parfois elle se considère elle-même, dans la glace de la grande armoire, et demeure, interdite.

Elle se met alors à rougir de toutes ses anciennes hésitations.

Sa peau délicate, l’ovale parfait de son visage, sa nouvelle coiffure, tout l’invite à s’assurer bien crédible chacune de ses plus secrètes ambitions.

C’est bien simple, elle est si heureuse, au milieu de ces êtres qui lui sont si chers, qu’elle pourrait les voir s’absenter, et continuer, ainsi ravie, bien contente, ne voulant plus être dérangée, juste en compagnie de ce bonheur si parfait dont elle laisse s’écouler en elle l’immense fleuve d’absences et de projets... pour faire reluire sans fin en elle ces infinies évocations...

(ainsi qu’un gardien de phare qui écrit à sa rombière acariâtre des lettres où se trahit l’épanchement suave que l’on doit à la plus irréelle image de Beauté). Ainsi elle croit pouvoir s’élever, et pour ce faire la réalité du corps de Fernand... sa gentillesse inoffensive et son parler si poli avec sa mère, ne sont somme toute qu’un support, un tremplin, au moyen duquel ses pieds donnent son impulsion à toute sa rêverie débordante...

Tout pour elle ce soir de réveillon est immobile. Ne sont là, à présent, que des êtres de choix, des êtres indispensables et dont la seule apparition la rassure.

Elle voudrait que sa sérénité repose sur un socle très solide. Mais elle se trouve de fait aussi inconstante que la lumière d’une petite fin d’après-midi pluvieuse. Telle est sa nature profonde.

Entre deux averses aussitôt son humeur change du tout au tout... de couleur comme de fond.

Elle ne peut masquer sans fin ce fond d’angoisse sur lequel ses gestes se dessinent...

C’est comme si, en s’attribuant à elle même la pudeur d’une de ses idoles, une des héroïnes de ses feuilletons favoris, elle parvenait à se sculpter d’elle même l’image la plus belle mais également la plus factice... Car, ne connaissant pas l’envers de ces images, elle en reste à chérir une insuffisante superficie. Superficie bien insuffisante à se forger un caractère.

Cependant, quand, très fatiguée, le soir, après s’être montrée toujours si heureuse et fière, elle pressent la réalité funeste de son vide, le peu de fondement de ses prétentions, elle ne sait comment se défaire d’une très sale impression.

La sensation d’imposture se fait de plus en plus âcre... c’est un démon, incontrôlé, qui en elle se fraye sa voie...

C’est aussi comme l’écho d’une faute ancienne qui ne la laisserait jamais en paix. Un glas lointain. Un tympanon. Un son qu’elle croirait ébloui sourdement par un ciel vermeil allant toujours s’assombrissant... sans finir pourtant jamais par laisser place à une nuit apaisante... un crépuscule sans fin pour perpétuel motif de ses humeurs.

On conçoit en elle en conséquence ce besoin intarissable de s’étourdir, fusse ne vidant les bouteilles.

En observant le gros bouquet dans son vase, elle reste, quiète, surprise encore un peu de ne pas se fondre à l’instant dans ces pétales si poudreux qu’ils finissent par lui sembler synthétiques...

Louise l’entend, cette faute indistincte, ce relent de trahison passée continuer autour d’elle de vriller l’air ainsi qu’une mouche importune et forcenée.

On ne se défait pas aisément de ces bruits parasites, ineffaçables, persistant bruit des dimanches...

Elle songe, grâce à cet événement, cet aspect si solide de ce mariage survenant à point dans sa vie, pouvoir largement vivre toute une paisible existence loin de toute ambiance suant par trop par tous les pores toutes ses menaces de misère.

Elle se trouverait écartée des menaces.

Le plan est arrêté. Enfin, n’a-t-elle pas suivi sans rien omettre tous les conseils si sages de ses parents...

 

 

Il lui faut, pour ne plus tremper d’angoisse ses draps convulsés, s’inculquer toute la sécurité d’un rite éprouvé par les âges.

Afin d’y parvenir, elle s’adresse souvent à sa grand-mère, espérant bien entendre de sa part des formules toutes prêtes à la rassurer entièrement.

Car enfin le mariage, la cérémonie... ce jour si merveilleux... la perspective de toute cette vie commune à construire tout prochainement, tout cela est bien réel... Non ? Mais l’inquiétude déjà la gagne... elle ne voit plus comment s’en passer... Interroger son bonheur, n’est-ce pas lui cracher quelque injure à la face ?

En y songeant elle se trouve toute confuse...impardonnable presque...

À cette pensée elle se trouve bien coupable, comme elle se trouve coupable de ne plus tant aimer Fernand, voir de le trouver insipide ou balourd à certains moments.

L’aspect solide et comme sculptural du mariage, tout le côté cérémoniel de cet événement, pourrait, croit-elle, introduire cet élément stable et ferme manquant tant à son existence privée d’assise véritable jusqu’à ce jour. Elle s’y sent destinée. Raisonnablement, elle n’a pas moins à attendre... Frappée du pressentiment d’un destin qui la dépasse, elle veut se livrer à cet élan de beauté et de joie... l’inconvénient qui la ronge est que, malgré tout le bonheur qu’elle s’est depuis si longtemps figuré, elle ne saisit pas encore d’où ce bonheur pourrait survenir, comme un maraudeur, pour s’emparer d’elle, l’emporter loin de cette province toute tapissée ennui rance.

Son désir, une nouvelle fois, ne connaît pas la porté de son mouvement vers son objet.

Ses mouvements sont ceux d’un somnambule trop exténué pour se lever, mais qui dans on sommeil bougerait les bois pour se saisir des ténèbres solides autour de lui. Pour les tirer à lui... comme on sent sur ses épaules, lorsque l’on dort sur le ventre, s’accroître toute la pesanteur d’un mauvais songe.

Alors... mais sa pensée vacille à cet instant. Elle se trouve bien ingrate, méchante fille, et, si se savoir au fond d’elle destinée depuis toujours à un sort plus vaste la rassure un peu, la médiocrité sympathique des jours monotones l’enserre tout de même aussi sûrement qu’un garrot son supplicié pantelant.

Le visage baigné de l’air si froid de la nuit chargée d’astres. C’est là une extase longue. Plus durable qu’un spasme vulgaire. Elle en est sûre. Un frisson dont elle ne finit plus de se figurer la très prochaine réalisation.

Et puis, comme elle est accompagnée dans son rêve par un beau mâle... elle n’arrête plus de se considérer, bien fière, et très brave décidément... enfin quel courage... d’oser ainsi se promener, toujours si fière et forte. Elle se pâme, éloignée autant que possible des mauvaises influences des ennemis qu’elle put se faire, autrefois, du fait de sa mauvaise conduite.

Tous ceux là furent des atroces, des immondes...

 Mais parfois, lors de cette soirée, elle observe les boucles de cendre de sa mère, et cette vision rallume en elle une impression d’errance et d’exil, comme une glace, une lame, un effort sans fin, une quête aveugle. Elle préfère alors se tourner vers l’écran où un chanteur très bien vêtu s’égosille... Il ne faudrait pas que cette soirée soit gâchée le moins du monde.

 

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